بسم الله الرحمن الرحيم
Quand on parle de « toi », on évoque toute cette partie créaturelle de l’humain, à la fois matérielle et spirituelle, qui regroupe tout ce qu’il a de propre, de particulier, d’unique : c’est le proprium.
« Toi » n’est pas l’ego, pas plus que Ruh, qui sont des degrés fixes sur l’échelle des Maqamat, et même qui en sont les extrêmes ; « toi » est cette partie constante qui va évoluer d’un état à l’autre – d’où la formulation « états multiples de l’être » : il y a l’être immuable construit sur la base de l’esprit personnel, qui va cheminer, parfois balancer d’un état à l’autre.
« Toi » (ou le proprium) est toute cette partie intangible de l’être – dans l’absolu (tout le reste étant états relatifs) – qui permet de l’identifier quel que soit son état : ainsi, le nom relève-t-il du proprium, car il permet d’identifier une créature aussi bien dans l’état de vie que dans l’état de mort, dans l’état d’enfance que dans l’état de vieillesse, dans l’état de sobriété que dans l’état d’ivresse, dans l’état de sourire que dans l’état de grimace… Et quand on parle de Muhammad ﷺ, par exemple (et quel parfait exemple !) ce nom regroupe, englobe tous ses états – passés, présents, à venir, connus ou inconnus…
Et le nom, pour être une donnée abstraite, immatérielle, est par essence spirituel, prédéterminé par ALLAH ﷻ et étroitement associé à l’esprit personnel.
Sur le plan matériel, on trouve par exemple l’ADN, qui est une constante intangible ; et tout le corps de l’homme est concentré autour de ce petit os du coccyx – ʿAjbu Adh-Dhanab – qui est le seul à ne pas être détruit, après la mort, par le processus de décomposition ; mais il existe d’autres éléments intangibles du corps de l’homme – comme son odeur, ses empreintes digitales ou palmaires, qui font que, tout au long de ce processus d’évolution et de transformation du corps qui caractérise la vie matérielle, on peut l’identifier de manière formelle.
« Toi » n’est pas ALLAH ﷻ : ALLAH ﷻ, c’est Ruh ; et quand on parle d’homme divinisé (Rabbani), cela signifie que « toi » est monté au Maqam de Ruh au point de s’y confondre – et ne reste plus de « toi», alors, au regard des autres, que l’apparence et l’illusion de « toi » (alors que l’homme non divinisé reste auto déterminé – et encore, c’est très relatif ! – par son libre arbitre).
« Toi » n’est pas non plus Nafs : un homme ne peut et doit se réduire à son ego qui est relatif, et n’existe que par et dans l’interaction de l’homme avec le monde matériel – et surtout qui n’est qu’altération, dégradation de Ruh (Nafs n’existe donc que parce qu’il y a Ruh et le monde matériel).
Ainsi, si on exclut Nafs dans l’absolu, ne restent (toujours dans l’absolu) que le proprium en ce qu’il a d’intangible, et Ruh ; on sait que le proprium revenu à ALLAH ﷻ (à Ruh ) s’y confond, car en Présence d’ALLAH ﷻ il n’y a qu’ALLAH ﷻ ; cependant, au regard du monde matériel, ALLAH ﷻ accorde la postérité, pour l’honorer, à celui qui est revenu à LUI – et c’est le privilège et l’honneur des êtres muhammadiens, conformément au verset : « Celui qui te [Muhammad ﷺ] hait sera sans postérité. » (108:3), dans lequel il faut comprendre : « celui qui t’aime aura l’honneur de la postérité » ; c’est-à-dire que le proprium des êtres muhammadiens (qui ont atteint le degré de Al-Insan Al-Kamîl) sera préservé et érigé, à travers les âges, comme exemple et modèle – au même titre que Sayyidina Muhammad ﷺ ; c’est là le lot des Awliya dont les noms traversent les époques et parviennent jusqu’à nous – et ça passe par l’amour : l’amour de Sayyidina Muhammad ﷺ.