بسم الله الرحمن الرحيم
« Nous avons fait de vous des peuples et des tribus… » (Qur’an 49:13)
ALLAH ﷻ nous a créés différents pour que nous allions les uns vers les autres, pour qu’on ait la curiosité de se connaître : si on était tous pareils on n’aurait pas cette curiosité.
Il l’a fait aussi pour nous distinguer les uns des autres : ça participe de l’identité de l’individu dont ALLAH ﷻ l’a doté, avec toutes ses caractéristiques propres (apparence, voix, odeur, ADN, empreintes…)
Vu que l’appartenance à une nation, à une tribu, fait partie de la dotation identitaire, on peut en être fier si on est conscient que ça vient d’ALLAH ﷻ.
L’ennui, c’est que certains ne voient ça que par l’ego et tombent dans l’exagération, faisant de cette fierté un orgueil et une passion ; et ils font de l’identité nationale, culturelle, ethnique, raciale… une fin en soi, au point de tomber dans l’adoration : c’est le culte de la nation qui fait tomber dans le Shirk :
« Et la plupart d’entre eux ne croient en ALLAH ﷻ qu’en LUI donnant des associés… » (Qur’an 12:106)
On associe à ALLAH ﷻ, dans le cœur, la nation, la race, l’ethnie – voire on en fait un culte exclusif qui fait oublier ALLAH ﷻ.
C’est un égarement total car on oublie ALLAH ﷻ en perdant de vue qu’Il ne regarde pas la race ou la nationalité, mais la foi :
« Le plus noble d’entre vous auprès d’ALLAH ﷻ est le plus pieux. » (Qur’an 49:13)
C’est la raison pour laquelle le nationalisme est si dangereux, car son ressort est la passion, et ALLAH ﷻ nous a bien ordonné de nous détourner de la passion en n’obéissant pas à ceux qu’elle éloigne de Son Rappel tout en les faisant tomber dans l’exagération :
« Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. » (Qur’an 18:28)
Et l’amour démesuré, délirant, pour la nation, lui fait rejeter avec haine tout ce qui n’est pas elle – ou d’elle.
Et il n’est pas compatible avec la foi qui implique l’union, l’amour, le rapprochement.
Et s’il arrive qu’on associe la religion au sentiment nationaliste (certains intégristes font de la religion un élément de l’identité à préserver contre les autres religions), c’est pour la détourner de Sa Finalité Première Qui est ALLAH ﷻ et en faire un objet de passion au service de l’ego.
Car le ressort premier du nationalisme est l’ego, dans la mesure où ce sentiment est lié au regard sur soi : on se regarde dans son appartenance nationale et ethnique, et Nafs se complaît et se satisfait de cette appartenance au point d’en faire un culte exclusif qui s’exerce en opposition, contre ce qui n’est pas soi, qui ne relève pas de cette identité nationale ou ethnique.
Quant-à Shaytan, il embellit cette vision identitaire de soi, et pousse à tous les comportements déviants et illicites liés au nationalisme : rejet, exclusion, orgueil de son identité et mépris de l’autre, égoïsme (refus de partager son pays), colère contre la présence étrangère, violence…
Le Prophète ﷺ a dit du nationalisme :
« Délaissez-le [l’esprit tribal, nationaliste], c’est une pourriture. » (Rapporté par Muslim et Al-Bukhari.)
Il faut comprendre par là que c’est une pourriture pour le cœur.
Donc une source d’occultation du cœur et de La Lumière Qui y sommeille.
Donc, pour conclure, on peut être fier de son identité nationale, ethnique, culturelle, raciale, si c’est pour louer La Dotation d’ALLAH ﷻ : en d’autres termes, on est fier de Ce qu’ALLAH ﷻ nous a attribué en termes d’identité, parce que Ça vient de LUI – comme on peut être fier d’un cadeau donné par un être cher.
Mais sous aucun prétexte on ne peut ni ne doit être fier de la dotation identitaire en soi ; car si on fait de ces attributs identitaires une fin en soi, exclusive, au point d’en oublier Celui Qui les a créés et nous les a donnés, on tombe dans la passion égotique, en faisant de sa différence un orgueil parce que Shaytan nous l’embellit en nous la montrant supérieure.
Donc, efforçons-nous de regarder les cœurs plutôt que les différences identitaires, ethniques, culturelles ; ce qui classe un homme dans l’élite de l’humanité, ce qui fait de lui un être supérieur selon Les Critères d’ALLAH ﷻ, ça n’est pas sa couleur de peau ou sa nationalité, c’est son degré de foi, de piété – son Ihsan qui transparaît dans son comportement : il se peut que ton congénère blanc soit un modèle de dépravation et de perversité, la dernière des raclures, alors que cet étranger à la peau noire est un modèle de vertu : parce si sa peau est noire, son cœur est blanc – voire transparent ; quand le cœur du blanc est noir comme la suie, recouvert du goudron de tous ses péchés accumulés (inversement, le cœur du noir peut être corrompu alors que celui du blanc est pur : ça marche dans les deux sens).
De ce point de vue, l’identité ethnique, nationale, culturelle est un leurre, un faux semblant – comme toute chose du bas monde d’ailleurs : si on voit les choses avec Nafs, on s’y arrête en jugeant à l’appui de tous les préjugés et lieux communs, et on se fourvoie ; mais si on voit les choses avec Ruh, on passe outre et on regarde au delà, avec les yeux du cœur qui font voir le degré d’élévation spirituelle de son prochain.
C’est avec ce regard que Sayyidina Muhammad ﷺ a toujours vu Sayyidina Bilal رضي الله عنه, quand ses maîtres esclavagistes Qurayshites, enfermés dans leur tribalisme, si fiers de leur arabité, si imbus de leur caste, gonflés de l’orgueil de se sentir appartenir à une élite sociale et ethnique, ne voyaient en lui qu’un outil, une bête de somme.
Qu’ALLAH ﷻ nous donne ce regard et cette clairvoyance.
