بسم الله الرحمن الرحيم
Tout ce que tu crois voir, entendre, toucher, respirer… ne vient pas de l’extérieur vers toi, mais est une projection émanant de ton cœur vers tes sens, qui te donnent l’illusion d’un monde extérieur parfaitement artificiel : tout ce qui t’est envoyé (tout ce qui est envoyé à ton esprit personnel), en termes de création sensible (en termes de sensations), par Ruh via le flux descendant de l’esprit muhammadien (l’esprit muhammadien étant le Sirr : le lien secret qui relie ton esprit personnel à L’Esprit Divin), converge vers le cerveau, qui le répartit vers les organes corporels concernés (les sons vers les oreilles, les visions vers les yeux, les odeurs vers le nez…) – ou plutôt vers les zones sensibles du cerveau correspondant à ces organes – leur donnant l’illusion d’exister alors que tout cela est virtuel.
De mêmes, ces sensations sont transformées par ces organes virtuels en perceptions virtuelles (en analogie avec la terminologie linguistique, on parlera, pour ces sensations, de signifiants ; pour leurs perceptions, de signifiés ; et pour ce à quoi ils sont censés renvoyer dans l’absolu, de référents) : c’est ainsi que ce son que tu entends correspond à celui, prédéterminé par La Loi d’ALLAH ﷻ, d’un oiseau qui chante – à moins que ton système interprétatif soit faussé par un quelconque trouble psy et te renvoie à un autre signifié, quand bien même le référent absolu, dans la nomenclature des sons, serait le chant de l’oiseau.
Et comme les sensations fonctionnent par combinaisons, on peut constater, dans l’absolu, que la sensation auditive qu’on a de l’oiseau qui chante correspond à la sensation visuelle qu’on a d’un oiseau quand il apparaît sous nous yeux, et à la sensation tactile qu’on a d’un oiseau quand on le prend en main ; car toutes les sensations reçues dans tel contexte convergent normalement vers la perception d’un même référent global, de synthèse – ici l’oiseau (l’oiseau, comme référent global, est la synthèse du chant de l’oiseau comme référent auditif, de la silhouette de l’oiseau comme référent visuel, de la texture du plumage comme référent tactile…) ; et l’unification, la convergence de tous ces référents sensoriels vers ce référent de synthèse, se produit, dans le monde commun, et se vérifie, par le fait que tous les autres esprits soumis au même afflux sensoriel perçoivent la même chose – un oiseau.
Mais alors qu’on peut se dire qu’il suffit simplement d’ouvrir les yeux physiques (Al-Basar) pour avoir la confirmation que ce qu’on entend les yeux fermés est bien un oiseau, on ne fait en réalité, en se disant ça, que formuler l’intention implicite d’une perception visuelle (autrement dit, d’une perception induite par une sensation visuelle) pour se rassurer sur sa lucidité : c’est-à-dire que, pour conforter cette perception d’un oiseau suite à la sensation auditive d’un chant d’oiseau, on aspire désormais à avoir la vision d’un oiseau (c’est-à-dire la sensation visuelle d’un oiseau), qui confirmerait en effet cette perception initiale ; alors, si ALLAH ﷻ le veut (et seulement s’Il le veut), on ouvre les yeux, et la sensation visuelle reçue de l’intérieur (de Ruh) est bien celle d’un oiseau (en vol, ou posé sur une branche…), et la perception initiale se voit pleinement confirmée ; mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’un leurre comme un appeau (ALLAH ﷻ pourrait nous envoyer la sensation visuelle d’un homme sifflant dans un appeau, qui viendrait infirmer la perception initiale) – voire même d’autre chose de complètement délirant, en parfaite contradiction avec le son ressenti et la perception induite (en ouvrant les yeux, on pourrait avoir une vision surréaliste d’un chameau, ou de toute autre créature imaginaire, émettant un son d’oiseau) ; et il se pourrait même que la sensation visuelle n’arrive pas du tout, car les sens ne sont pas un dû mais Une Grâce d’ALLAH ﷻ – et ça n’est d’ailleurs que lorsqu’Il nous En prive qu’on En mesure toute la valeur : alors on en resterait à la perception initiale, sur la base de la seule sensation auditive, sans qu’aucune autre ne puisse venir confirmer cette perception.
Quoiqu’il en soit, toutes les sensations viennent de Ruh – de l’intérieur le plus profond – via le flux descendant de l’esprit muhammadien ; si on les perçoit par le filtre du Basar en particulier, et par le voile illusoire du corps d’une manière générale, on ne perçoit qu’objets du monde sensible – qu’il s’agisse du référent de synthèse (du référent absolu), ou d’une perception délirante ; mais si on a l’ouverture et qu’on les perçoit directement par la Basira (l’œil du cœur), c’est-à-dire sans filtre, on ne voit plus que Manifestations d’ALLAH ﷻ Qui ne fait que vivre en soi – en Soi – par Sa Création Prolifique ; Infinie ; Illimitée par Sa Démesure, Sa Beauté, Son Mystère…
En d’autres termes, alors que tu crois voir bouger le monde autour de toi (que tu crois voir évoluer des hommes, des animaux, briller le soleil, se dérouler des événements…) ça n’est rien d’autre Qu’ALLAH ﷻ Qui vit en toi ; Qui Se manifeste en te donnant le spectacle permanent de Sa Création, comme un film dont tu es le héros, qu’Il projette du fond de ton cœur, et que tu vis par l’illusion des sens qui ne sont alors que le réceptacle multiple des sensations variées qui le composent.
Et par Cette Manifestation Permanente, Faite d’une profusion de signes tous autant chargés de sens les uns que les autres, tous rayonnants de lumière muhammadienne, et dont la trame unitive constitue la Haqiqa Muhammadiyya, Il ne fait que te parler, communiquer, communier avec toi.
Mais tu ne le vois pas (ce miracle de Sa Présence Manifeste en toi) tellement c’est flagrant – plus près de toi que ta jugulaire.
Alors au lieu de LUI parler, de LUI répondre par des comportements appropriés et conformes à Sa Loi, à ce qu’Il attend, tu réponds naïvement à Ses Créations, avec lesquelles tu interagis bêtement comme si c’était à elles que tu avais affaire ; comme si, au cinéma ou devant ta télé, tu te mettais à discuter avec les personnages du film, au lieu de communier avec l’esprit du réalisateur qui les manipule pour te faire passer son message.