بسم الله الرحمن الرحيم
La proximité physique n’existe pas.
Ce qui fait qu’on a l’illusion d’être physiquement proche d’un tiers, et que ce tiers partage cette illusion, ce sont les sensations de chacun au même moment, qui convergent vers la même perception globale : il y a synchronicité.
Car le monde matériel n’est qu’une illusion faite de sensations.
La vraie proximité est spirituelle, puisque les esprits personnels évoluent dans une dimension supérieure ; et, pour relever du Souffle Divin Ruh duquel ils sont issus via l’esprit muhammadien, ils ont forcément plus de réalité.
Ainsi, on peut être dans une proximité physique constante avec un tiers – son conjoint par exemple (c’est-à-dire partager avec lui des sensations qui renvoient au même contexte spatio-temporel) – sans pour autant que les deux esprits soient connectés.
Inversement, on peut être éloigné physiquement d’un tiers (ressentir et percevoir des éléments d’espace et de temps parfaitement opposés à ceux qu’il ressent et perçoit de son côté), mais avoir avec lui une proximité spirituelle d’une étroitesse qui confine à la confusion.
Sachant que dans l’absolu la cartographie de tous les esprits est en nous, au plus profond de nos cœurs (tous les esprits personnels y sont enregistrés sous leur identité élémentaire, faite principalement du nom générique et de l’image de synthèse), c’est bien entendu à ce niveau (au plus profond des cœurs) que se joue la proximité spirituelle (quand la proximité physique se joue au niveau des sens, c’est-à-dire au niveau des cerveaux) ; et au fur et à mesure qu’on se lie aux esprits, et en particulier aux esprits élevés, on remonte à l’esprit en nous de Sayyidina Muhammad ﷺ, et au delà à L’Esprit Source Ruh.
Mais il aura fallu pour ça, préalablement, passer par l’esprit de son Murshid – après l’avoir identifié et localisé (et c’est la rencontre des corps qui provoque nécessairement cette révélation – d’où l’importance des rencontres successives qui permet de revivifier régulièrement, à intervalles réguliers – si tant est que le besoin s’en fasse ressentir –, le lien spirituel) ; ensuite, de l’esprit du Shaykh, on remonte la chaîne (Silsila) des esprits liés de toute éternité jusqu’à l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ ; et cette chaîne qui remonte, pour chaque esprit personnel, de l’esprit du Murshid à l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ en passant par l’esprit du Prophète de tutelle, c’est l’esprit muhammadien dans sa globalité – ou la chaîne de l’esprit muhammadien.
Et c’est ainsi, par ce cheminement, qu’on peut avoir avec Sayyidina Muhammad ﷺ une plus grande proximité qu’avec son épouse, au point de s’éteindre en lui, sans l’avoir jamais rencontré physiquement, alors qu’on passe tout son temps à côté de son épouse, corps contre corps.
Et la proximité spirituelle avec le Prophète ﷺ a plus de réalité que la proximité physique avec l’épouse (et les enfants, et les parents, et les collègues…) ; réalité physique qui n’est qu’illusion, mais qui sert à éprouver le serviteur à travers les perceptions subjectives qu’il a de ces sensations de proximité, et à travers ses réactions consécutives à ces perceptions (ainsi transformées en actes).
Quant-à celui dont l’esprit a atteint l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ au point de s’y confondre, il a naturellement accès à tous les esprits, qui sont subordonnés à l’esprit muhammadien – depuis l’esprit le plus insignifiant, aux esprits des Prophètes, en passant par les esprits des Awliya : le monde des esprits lui est intégralement ouvert.
[La plupart du temps, on doit passer par le monde matériel pour éveiller la présence d’un esprit dans le cœur : soit on a un contact direct avec lui par les sens – qu’il s’agisse d’un contact visuel ou vocal ; soit ça passe par l’intermédiaire d’un tiers qui l’évoque – que ce soit par son nom, son apparence, son destin… Mais cet éveil d’un esprit en nous peut tout aussi bien se faire par le monde invisible, via le rêve ou la vision : alors ça passe normalement par le nom générique (qu’on entend, ou qu’on voit écrit – comme Adam عليه السلام qui avait vu le nom de Muhammad ﷺ inscrit sur le Trône à côté du Nom d’ALLAH ﷻ), ou par l’image de synthèse (qui le plus souvent nous apparaît en rêve dans un contexte onirique bien particulier et riche de sens). Mais s’il faut, la plupart du temps, passer par le monde matériel et le contact sensible pour éveiller l’esprit dans le cœur et y accéder, le contact sensible ne scelle pas nécessairement – loin s’en faut – le lien spirituel – ou alors très superficiellement ; et ce qu’on appelle « lien spirituel », ici, c’est l’amour, qui est le marqueur, le témoin de l’attachement spirituel, quand l’oubli est l’indicateur du non-attachement des esprits ; c’est ainsi que la vie matérielle est semée d’une multitude de rencontres vouées au néant de l’oubli.]