بسم الله الرحمن الرحيم
ALLAH ﷻ a consacré à chaque homme Une Partie Déterminée de L’Esprit Divin Ruh – de LUI.
Toutes Les Parties de Ruh – de Sa Lumière Incréée – ainsi dédiées aux hommes ont été projetées dans la lumière muhammadienne créée, où elles ont subi le cycle intégral de transformation de La Lumière Divine visant à produire du créé (car tout ce qui est créé passe nécessairement par le filtre de la lumière muhammadienne), depuis la lumière muhammadienne à son état initial le plus pur, jusqu’à leur propre état de lumière final ; ainsi sont-elles passés :
- Par les cinq premières déclinaisons successives de la lumière muhammadienne, telles que rapportées par Jâbir dans le hadith dit « de la lumière », que sont les états de proximité, d’amour, de crainte, d’espérance, et de pudeur, et qui correspondent à la lumière muhammadienne initiale – c’est-à-dire à la lumière muhammadienne à proprement parler ;
- Puis par la lumière des prophètes (elles ont été réparties entre les 124 000 gouttes issues de l’état de pudeur et correspondant chacune à l’esprit d’un prophète) ;
- Puis par celle des Awliya (issue du souffle des prophètes sous la forme des esprits des Awliya) de laquelle elles ont été extraites séparément sous la forme des esprits personnels des hommes (chaque esprit de Walî générant plusieurs esprits personnels).
C’est ainsi que, pour chaque partie de Ruh dédiée à un homme, correspond, dans le Mulk, un fragment isolé de lumière créée issu de la lumière d’un Walî, elle-même issue de la lumière d’un prophète, elle-même issue de la lumière muhammadienne, elle-même issue de La Lumière d’ALLAH ﷻ.
Ce fragment, donc, c’est l’esprit personnel, doté à ce stade de son identité élémentaire, savoir – essentiellement – un nom et une image de synthèse ; et jusqu’à ce qu’ALLAH ﷻ lui intègre le programme de la vie matérielle qui lui est destiné, ce fragment reste en sommeil auprès d’ALLAH ﷻ.
Et toutes ces étapes intermédiaires dans le processus de création de l’esprit personnel (le processus descendant), sont autant de voiles à lever dans le processus de retour à ALLAH ﷻ (le processus ascendant) ; mais autant ces voiles sont des obstacles si on ne parvient pas à les franchir, autant ils sont des portes, des paliers de franchissement si on parvient à en trouver les clés : ils bloquent autant qu’ils élèvent ; et toute cette chaîne, cette Silsila entre l’esprit personnel et ALLAH ﷻ, c’est l’esprit muhammadien – et elle éloigne d’ALLAH ﷻ autant qu’elle relie à LUI, et C’est ALLAH ﷻ Qui, pour chaque esprit personnel, détermine le nombre de maillons de cette chaîne de l’esprit muhammadien, et donc l’éloignement entre LUI et chaque esprit personnel.
(On précise ici que le point de « contact » entre la lumière muhammadienne – créée – et La Lumière d’ALLAH ﷻ – Incréée – est une zone tampon sans limite réelle, floue, ne laissant apparaître aucune frontière précise, déterminée : c’est une zone intermédiaire où les deux lumières se superposent mais sans vraiment se toucher – du moins pas directement ; il s’agit tout à la fois d’une zone de transition et d’une zone séparative, où La Lumière d’ALLAH ﷻ devient celle de Son Messager ﷺ destinée au créé, et où La Première continue d’alimenter la seconde : dans le verset dit « de la lumière », ça correspond au « nûrun ʿala nûr / lumière sur lumière » que précède le « walaw lam tamsashu narun / et c’est à peine si le feu la touche » ; c’est la zone au-delà de Sidrat Al-Muntaha où Sayyidina Muhammad ﷺ a déposé Sayyidina Jibril عليه السلام lors du Miʿrâj, et où seul il peut aller – et quiconque réalise son Muhammad ﷺ intérieur peut également accéder à cette zone tampon.)
Et c’est la naissance matérielle qui tire l’esprit personnel de sa veille : le moment où le programme de la vie matérielle lui est intégré et démarre (qui, du point de vue de la vie matérielle, correspond au moment où l’esprit est adjoint, insufflé à l’embryon) ; à cet instant – même s’il est dérivé de plusieurs déclinaisons de La Lumière Originelle qui sont autant d’altérations, même s’il relève du créé pour être doté d’attributs personnels, qui lui sont propres –, l’esprit personnel est à l’état de Fitra et conserve sa pureté originelle, car il a au moins la pureté du Walî duquel il est directement issu ; il n’en est pas moins éloigné du Ruh Originel – mais il Lui reste toutefois attaché par ce cordon ombilical de l’esprit muhammadien, fait des déclinaisons descendantes de La Lumière que sont la lumière de Sayyidina Muhammad ﷺ, la lumière du prophète de tutelle, et la lumière du Walî ; ainsi, quand on dit qu’ALLAH ﷻ a insufflé de Son Esprit (Ruh) à l’homme de chair (ou, si l’on se place du point de vue du monde spirituel, quand on dit que le programme de la vie matérielle a été intégré à l’esprit), il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas là de L’Esprit Source à Son État Originel, mais déjà d’une déclinaison muhammadienne de Cet Esprit (sur un, deux, ou trois degrés), qui est toutefois reliée à LUI et permet d’Y remonter en franchissant les paliers qui L’en séparent ; Ruh, pour l’homme, c’est donc, par métonymie, tout cet ensemble qui va de son esprit personnel à L’Esprit Divin, en passant par la chaîne de l’esprit muhammadien, dont l’amplitude varie selon son degré de naissance (pour le Walî ou le prophète, elle est nécessairement moins grande que pour l’homme lambda : entre le Walî et ALLAH ﷻ, il n’y a que le prophète de tutelle et Sayyidina Muhammad ﷺ ; entre le prophète et ALLAH ﷻ, il n’y a que Sayyidina Muhammad ﷺ ; mais entre le quidam et ALLAH ﷻ, il y a le Walî, le prophète de tutelle, et Sayyidina Muhammad ﷺ, qui sont autant de voies de passage que d’obstacles – et certains disciples n’atteindront même pas l’esprit du Walî, bloqués qu’ils sont à cette porte qu’est son corps, parce qu’ils n’en ont pas trouvé la clé qu’est Le Vrai Amour ; clé qui permet donc d’accéder à l’esprit du Walî, et donc au monde spirituel, et donc – in fine – à ALLAH ﷻ).
(Tout ce qui constitue l’identité à proprement parler – le proprium, l’ipséité dans sa complétude – ne commence à se manifester qu’au moment où se forme Nafs, et n’arrive à pleine maturité qu’aux environs de la quarantaine, car sa formation relève d’un processus long et complexe, impliquant plusieurs composantes dont la maturité du corps ; à la base, l’esprit personnel arrive avec l’identité élémentaire (constituée du nom et de l’image de synthèse), tout le reste (identité biologique, psychique, ethnique…) étant relatif à la vie matérielle et n’étant intégré qu’au cours de celle-ci à des moments distincts – pour certains très tôt, pour d’autres beaucoup plus tard (on a déjà vu que le mal en l’homme, sa dimension diabolique, ne se révèle que selon un processus bien particulier – même si elle préexiste en germe dans le sang).