بسم الله الرحمن الرحيم
Le Qur’an, il faut plus que le lire : avoir accès au livre et à sa lecture est le degré de base des gens qui se sont « simplement soumis » (à l’instar des arabes du verset qui n’ont pas encore la foi), mais il faut avoir l’intention de dépasser ce stade élémentaire, et de faire en sorte de recevoir la révélation à son tour : faire en sorte que la compréhension profonde des versets illumine son cœur de l’intérieur (indépendamment des mots, de manière à percer, à franchir ce voile qu’ils constituent, et à toucher La Vérité Transcendante Qu’ils recèlent) ; et faire en sorte de ressentir cette compréhension comme une intuition inspirée, pas comme résultant d’un effort intellectuel, d’un effort de raisonnement.
Car cette compréhension profonde (cette lumière) ne vient pas de l’intellect, de l’analyse, de la logique : même si l’effort intellectuel peut constituer, dans une certaine mesure, une cause seconde aboutissant à certains degrés de compréhension (et encore, c’est toujours par La Grâce d’ALLAH ﷻ – et on pense en particulier au triptyque LE SOLEIL SE LÈVE À L’OCCIDENT de Farid Gabteni), il ne saurait en aucun cas être la cause principale et déterminante d’une compréhension supérieure dite « éclairée » (la compréhension ultime, en vérité – celle des prophètes et des saints) ; un tel niveau de compréhension ne s’atteint pas directement par le livre, qui est verrouillé, mais implique de passer, hors du livre, par l’esprit muhammadien qui est en chacun de nous comme le dit le verset : « Et sachez que Le Messager ﷺ d’ALLAH ﷻ est en vous. » (Le livre est un coffre fort qui renferme Un Trésor ; et, pour atteindre Ce Trésor au-delà du blindage qu’est le texte, il faut nécessairement recourir à la clé qui n’est pas intégrée au coffre mais s’en trouve séparée, détachée – même si elle est de la même essence : cette clé, c’est l’esprit muhammadien ; on ne nie pas cependant que le texte – qui par ailleurs porte une lumière qui lui est propre – laisse transparaître de la beauté du Trésor pour Le rappeler, comme l’écrin évoque le bijou qu’il renferme ; même si à lui seul il ne permet pas de L’atteindre – et pour cause : sa vocation est de Le voiler.)
Ainsi, dans l’ordre des choses ça n’est pas la lecture des mots qui éclaire le cœur non purifié (certains pourront lire et relire le texte des centaines de fois sans être touchés, illuminés, parce que leurs cœurs sont fermés), mais c’est le cœur purifié, duquel jaillit la lumière de la compréhension, qui vient révéler La Vérité Que recèlent les mots (alors seulement, la lecture devient profitable : car comme le dit le verset, les vrais croyants sont ceux dont la foi augmente quand Ses Versets leur sont récités – pour la bonne et simple raison que leur lumière muhammadienne leur permet d’accéder aux secrets profonds du texte – à Sa Vérité ; et donc d’y voir Ce Que les autres n’y voient pas).
Sans cette lumière de la compréhension, cette lumière muhammadienne, ces mots assemblés ne demeurent qu’un message crypté inaccessible (avec un sens apparent qui participe pleinement du brouillage, du voilement), dont on ne perçoit au mieux que la beauté et la puissance (pourvu qu’on ait un minimum d’ouverture du cœur – car on peut être touché, dans une certaine mesure, par la lecture du texte, mais cela implique nécessairement d’avoir un cœur qui laisse passer un minimum de lumière muhammadienne), mais sans en pénétrer les secrets et les profondeurs – sans en toucher La Vérité. (Même avec un niveau de lecture limité au seul sens apparent, on pressent nécessairement la dimension ésotérique du livre, que se cache quelque chose au-delà de ce voile superficiel – ne serait-ce que par ces fameuses lettres mystérieuses qui introduisent certaines Suwar.)
C’est pourquoi le Qur’an a été révélé en deux temps à Sayyidina Muhammad ﷺ :
- d’abord, les mots à l’état brut lui ont été envoyés sous la dictée (« Iqra ! ») ;
- puis, quasi simultanément, il a été investi de la lumière du ʿIlm (de la science, de la connaissance, du savoir, de la compréhension…) – mais très ostensiblement, de manière à ce que l’accès à cette lumière ne passe, pour les autres, que par lui : de manière à ce qu’il soit la référence exclusive en la matière ;
Sayyidina Muhammad ﷺ était donc, d’une part, le porteur du message à l’état brut et, d’autre part, le porteur témoin de la lumière permettant de le décrypter : il était à la fois celui qui délivrait formellement le message, et celui par qui passait sa compréhension. (En fait, Sayyidina Muhammad ﷺ – et aujourd’hui ses héritiers – agissait comme un miroir qui révélait aux gens leur propre lumière intérieure, dans lequel ils pouvaient la contempler, et à partir duquel – surtout – ils pouvaient faire l’effort de se purifier pour la délivrer ; car il ne suffit pas de voir pour obtenir : la vision permet juste de cibler, de focaliser sur son objectif et d’orienter son effort vers sa réalisation.)
Donc, la révélation s’est produite en deux temps – d’où le verset : « C’est LUI Qui a envoyé à des gens sans livre un messager des leurs qui leur récite Ses Verset, et les purifie, et leur enseigne le livre et la sagesse…» ; ainsi, Le Messager ﷺ d’ALLAH ﷻ, à l’égard de ces gens sans livre :
- Leur récite Ses Versets : après avoir reçu la dictée de Sayyidina Jibril عليه السلام, Sayyidina Muhammad ﷺ la donne à son tour à ses compagnons : c’est la phase de livraison des mots, du message à l’état brut.
- Et les purifie, et leur enseigne le livre et la sagesse : c’est la phase de purification des cœurs, par quoi ils seront aptes, à terme, à délivrer la lumière enfouie qui leur révélera le sens profond, le sens caché du texte – La Vérité.
Mais avec le livre seul, et sans ce révélateur de lumière intérieure qu’est Sayyidina Muhammad ﷺ (et après lui ses héritiers), sans ce purificateur des cœurs, jamais La Vérité du Qur’an n’aurait pu se répandre dans le monde, n’aurait pu gagner autant de cœurs à travers les âges et les continents ; autrement dit, jamais la révélation n’aurait pu se reproduire autant de fois dans l’espace et le temps, ni le message arriver jusqu’à nous. (Toutes proportions gardées, bien sûr : il y a bien évidemment plusieurs degrés dans la révélation, et il va de soi que le plus haut appartient à Sayyidina Muhammad ﷺ, vu qu’il avait reçu la révélation dans sa complétude ; les autres degrés reviennent, après lui, aux saints, aux véridiques, aux bienfaisants, aux pieux…, qui ont reçu la révélation mais de manière moins complète – et c’est là leur Sirr : autrement dit, leur degré de révélation, de compréhension du Qur’an, de lumière muhammadienne constitue leur secret.)
Car cette révélation – Cette Vérité Dévoilée – n’émane pas du livre seul, du livre en soi, mais de la projection sur lui des cœurs investis de la lumière muhammadienne : si le livre renferme La Vérité, ce sont les cœurs muhammadiens qui sont seuls en mesure de L’y révéler et contempler, en projetant dessus leur lumière de la compréhension – sans quoi La Vérité est mystère. (Un cœur illuminé peut contempler La Vérité, mais il ne peut pas la donner à voir à des cœurs fermés : il peut juste leur révéler leur lumière intérieure – leur en faire prendre conscience – et leur montrer la voie pour la délivrer, qui n’est jamais que la voie de la purification de l’âme, Tazkiyat An-Nafs ; et ça n’est qu’une fois leur lumière révélée au terme de ce cheminement qu’ils pourront, à leur tour, contempler La Vérité Que renferme le livre.)
Ainsi, le livre en soi n’est bel et bien qu’un coffre fort hermétique dont Le Trésor n’est accessible qu’avec la clé ; un message codé qui ne se peut décrypter qu’avec la connaissance du code ; le support d’une multitude de secrets qui ne se peuvent révéler que par la lumière des cœurs purifiés – tout comme la lumière muhammadienne des cœurs purifiés ne peut être consacrée qu’au livre et à son Trésor Caché, orientée vers lui qui la capte : le livre n’a de sens que par la lumière intérieure, et la lumière intérieure n’a de sens que par le livre.
Les deux sont complémentaires comme la serrure et la clé, interdépendants, car la lumière des cœurs est le révélateur du sens profond des mots du livre, et le livre est la raison d’être de cette lumière : ce vers quoi elle est destinée à se diriger, ce qui doit la canaliser – et ce pourquoi elle est, tout simplement.
Et, au-delà du livre, c’est Le Créateur Même du livre (Qu’il recèle), Qui est L’Objet et La Raison d’être de cette lumière : ainsi, la lumière muhammadienne des cœurs des hommes, qui est aussi la lumière de la compréhension du Qur’an, n’a d’autre vocation que de revenir à La Lumière Source en La révélant de cette parole qui La recèle : la lumière muhammadienne sur les mots du Qur’an, c’est La Lumière Divine Dévoilée – c’est lumière sur Lumière.
(La lumière muhammadienne agit sur le texte comme un révélateur – par Permission d’ALLAH ﷻ –, par quoi La Lumière d’ALLAH ﷻ, Qui Se cache normalement au-delà des mots, en jaillit : car les deux lumières, par nature, sont juxtaposées ; la lumière muhammadienne, dans son état le plus pur (elle a connu et peut se présenter dans plusieurs états et déclinaisons), étant indissociable de sa Lumière Source : où que se manifeste la lumière muhammadienne, La Lumière d’ALLAH ﷻ est nécessairement « à côté » et Se fait ressentir, vu que la lumière muhammadienne est dans Sa Proximité Immédiate – vu qu’elle est Son Prolongement.)