بسم الله الرحمن الرحيم
L’homme a besoin d’adorer — il a cette tension en lui.
L’ennui, c’est qu’il dirige ce besoin selon l’orientation de son esprit personnel : si ce dernier incline vers Nafs et le monde matériel et qu’il y fixe son attention sur des créatures en particulier (c’est-à-dire : si ces créatures se fixent durablement dans son cœur, y pénètrent en profondeur, et génèrent de l’amour), il se mettra spontanément à les adorer : comme un kleptomane a besoin de voler — et qu’importe ce qu’il vole, l’important est de voler —, l’homme finira toujours par vouer un culte à quelque chose, cherchant plus ou moins inconsciemment l’objet de son culte : il pourra s’agir de ses enfants, de son conjoint, d’une star de cinéma ou de la chanson, d’un objet comme une voiture… — tout est bon à satisfaire ce besoin intrinsèque d’adorer, initialement destiné à ALLAH ﷻ.
Et ça n’est pas l’objet du culte qui détermine l’adoration, c’est bel et bien l’adoration qui détermine l’objet : le besoin d’adorer précède l’objet de l’adoration — et en la matière, ce besoin est opportuniste : tout ce qui se fixe durablement dans le cœur par un sentiment d’amour finit par devenir sa proie, car il s’en saisit, l’accapare, et entraîne l’inéluctable dérive de l’amour en adoration ; en d’autres termes, il transforme mécaniquement l’amour en adoration, par sa seule présence qui suffit à entraîner comme une réaction chimique dont l’adoration est le produit (besoin d’adorer + amour = adoration) ; c’est la raison pour laquelle il convient d’être très vigilant quant-à ce qu’on laisse rentrer dans son cœur, car si on n’aime pas cet objet pour ALLAH ﷻ, mais par ego, par passion, on glisse nécessairement dans le Shirk.
Si en revanche l’esprit personnel est orienté vers Ruh, ce besoin d’adorer se portera naturellement sur son Objet Déterminé — sur ALLAH ﷻ ; et l’homme sera en Paix, dans une synchronicité parfaite avec L’Ordre Naturel des choses ; alors que si le besoin d’adorer se porte sur une créature éphémère et imparfaite, il y aura comme un hiatus, car il se heurtera à d’inévitables bugs, d’inévitables dysfonctionnements liés au caractère « inadorable » de la créature.
Car ne peut être adoré qu’ALLAH ﷻ, Qui Seul est en mesure d’apaiser un cœur, de le rassasier, d’assouvir pleinement son besoin intrinsèque d’adorer — autrement dit : de le satisfaire ; pour la bonne et simple raison que le cœur (compris ici comme le cœur du cœur : l’esprit personnel) n’aspire qu’à revenir à Sa Source, de Laquelle il s’était détaché pour se consacrer au monde matériel — pour le contempler, l’admirer, en jouir, et même l’adorer, mais avec la mauvaise fortune que l’on sait.
Car adorer autre qu’ALLAH ﷻ finit toujours mal : c’est Une Loi.