بسم الله الرحمن الرحيم
Quand ALLAH ﷻ nous fait l’honneur de la guidance, qu’Il nous oriente vers l’Islam, on voit tout en rose au début, on idéalise cette religion, on est plein de l’enthousiasme du débutant.
Mais quand on s’installe peu à peu dans l’Islam, au fil du temps, on se rend compte que tout n’est pas si rose, et qu’on a hérité d’un dépôt loin d’être parfait (car corrompu par les hommes) : on commence à voir les divisions, les innombrables courants, les dissensions, les mesquineries, les haines, le mépris des uns pour les autres, les luttes à mort… — et on mesure à quel point il s’agit d’un corps gangréné de l’intérieur par l’âme humaine, à tel point qu’on commence à douter du mot même de fraternité.
Et on doit faire avec — comme on doit faire avec le conjoint que nous a donné ALLAH ﷻ.
Certes, cela permet de prendre un certain recul, de ne pas faire de la religion une fin en soi, et de la prendre pour ce qu’elle est : une communauté humaine avec tout ce que cela implique de faiblesses — et surtout un moyen.
Et une fois ce tableau clinique posé — une fois qu’on a pris acte de l’état lamentable voire désespérant de l’Islam — commence l’épreuve d’endurance, qui consiste à ne pas se laisser décourager, et à continuer de pratiquer avec constance ; et même à faire preuve de miséricorde envers ces frères ô combien imparfaits voire détestables — sachant qu’on est forcément soi-même le frère imparfait voire détestable d’un ou de plusieurs autres.
Et si ALLAH ﷻ nous fait l’honneur d’être un guide, une boussole, une Qibla, il s’agit tout autant d’une épreuve pour l’ego, pour l’âme charnelle, car la tentation de se prendre pour quelqu’un devient alors prégnante.
Tout ce qui nous incombe, en matière de Daʿwa, c’est de faire des causes — parce qu’ALLAH ﷻ nous l’a demandé — sans rien attendre en retour ; après, pour ce qui est de la transformation de ces causes, c’est Son Affaire : C’est LUI Qui choisit ou pas de les rendre efficientes, visibles, de nous donner de la notoriété ou de nous laisser dans l’ombre — et il vaut cent fois mieux se contenter de faire des causes dans son coin, pour ALLAH ﷻ, que de se retrouver soumis à l’épreuve de la notoriété.
Car on doit être bien conscient que cette notoriété, en réalité, n’est pas spécialement un cadeau, et surtout qu’elle n’est pas le fait de notre effort personnel : l’effort est une chose — il est obligatoire, et doit être produit dans tous les cas —, mais sa transformation en notoriété en est une autre qui ne nous appartient pas, et qu’on reçoit comme un dépôt suivant Sa Volonté, et qu’on se doit de traiter comme tout dépôt — avec crainte, humilité, et surtout la conviction qu’il ne nous appartient pas ; d’autant que l’effort peut être transformé en bien autre chose que la renommée — comme la persécution ou l’infamie —, qu’on doit tout autant accepter que la gloire.
Non, rien n’est rose dans cette religion — à l’image du Dunya, à l’image de toute entreprise humaine : qu’on soit un simple musulman soumis au chaos sans nom de sa religion, ou un appelant soumis, par l’exposition qu’il implique, aux affres de l’appel public — que ce soit l’orgueil de la gloire, ou l’humiliation de la persécution, ou carrément les deux —, on risque tôt ou tard de déchanter si on ne voit pas dans l’Islam autre chose qu’un moyen de s’élever vers ALLAH ﷻ (même le Daʿwa ne sert pas à guider les autres — c’est ALLAH ﷻ Qui guide —, mais à trouver La Face d’ALLAH ﷻ, à chercher Sa Satisfaction), et si on persiste à en faire une fin en soi sans regarder au-delà (un des plus grands pièges de la religion étant de faire des adorations ou du Daʿwa une finalité, au risque de s’en satisfaire, voire de s’en enorgueillir).





