بسم الله الرحمن الرحيم
L’écrit est par excellence la production de l’esprit sous toutes ses déclinaisons (de L’Esprit Divin à l’âme instigatrice qui En est l’altération — l’esprit personnel n’étant que le curseur oscillant entre les deux), car il fige la pensée en même temps qu’il la structure, la met en forme, la travaille, la sculpte ; alors que l’oral, hors exercice spécifique (discours, plaidoirie…) est plus spontané et s’exonère de ce travail particulier.
À ce titre, l’écrit est création de l’esprit, comme manifestation via la langue qui est elle-même créée — et la multiplicité des langues atteste de leur création (L’Incréé est Unité — Ahadun Ahad —, quand le créé est multiplicité, éclatement, dispersion, séparation…)
Cela renvoie bien sûr au caractère créé du Qur’an — et le seul choix de langue, nécessairement discriminant, suffit à en attester : le seul fait qu’ALLAH ﷻ ait opéré un choix parmi toutes les langues qu’Il a créées constitue une altération de Sa Pensée, Qui transcende toutes les langues (mais pour qu’Elle Se manifeste auprès des hommes, Elle est descendue, S’est mise à leur portée — à la portée de leurs sens —, et à revêtu l’habit créaturel d’une langue).
Ce qui revient à dire que l’écrit, dès lors qu’il s’appuie sur une langue créée, est forcément lui-même une création — et le Qur’an ne fait pas exception à la règle (car le Qur’an, bien qu’apparemment transmis à l’oral, a toujours été structuré comme un livre — et quel livre ! —, et c’est pourquoi Jibril عليه السلام dit à Muhammad ﷺ : « Lis ! » : il s’agit en fait de la dictée d’un texte qui suppose une relecture).
Mais il demeure la création la plus immédiate [de l’esprit] — et on fait abstraction ici de l’oral qui n’en est que prémisses (la création supposant un travail que n’implique pas nécessairement la spontanéité de l’oral — même pour ALLAH ﷻ Dont Le Travail est inclus dans le kun fayakun : quand Il dit à la chose « Sois ! », tout le travail de structuration de cette chose est préalablement — et quasi instantanément — effectué en pensée, et il n’y a plus qu’à la faire advenir).
La diversité des langues marque d’ailleurs une fragmentation (délibérée) de L’Esprit Source, chacune En recelant des spécificités — et c’est ainsi qu’un texte dans une langue donnée exprime des choses qui ne peuvent l’être dans aucune autre langue ; à ce titre, les langues ne sont pas toutes égales, et certaines ont un potentiel de suggestion, d’évocation, un potentiel poétique plus important que d’autres.
Et comme les langues sont les attributs des nations et tribus, cela signifie que certains peuples ont plus que d’autres une vocation rhétorique — une vocation à l’appel et à l’évocation d’ALLAH ﷻ.
Et vu que la langue arabe a été choisie pour exprimer le Qur’an, on peut en déduire que le peuple Arabe est par excellence le peuple de l’appel à ALLAH ﷻ — d’autant que le Prophète ﷺ était Arabe (et nous affirmons ici que le Prophète était Arabe parce qu’ALLAH ﷻ a préalablement choisi l’arabe pour le Qur’an : c’est bien la langue du Qur’an qui a déterminé l’ethnie du Prophète ﷺ, et pas l’ethnie du Prophète ﷺ qui a déterminé la langue du Qur’an ; autrement dit, si ALLAH ﷻ avait choisi de descendre le Qur’an en italien, le Prophète aurait été Italien) : car ce qui caractérise principalement une nation, avant toute autre chose comme la couleur de peau, c’est sa langue par laquelle elle pense, et avec laquelle elle invoque et évoque ALLAH ﷻ.
Ce qui ne signifie pas pour autant que les Arabes ont le privilège exclusif et le monopole de l’appel à ALLAH ﷻ, mais plutôt qu’ils doivent en être les initiateurs, les transmetteurs aux autres peuples — charge toutefois à ces derniers de s’en saisir et de le faire leur dans leur cadre domestique (les Arabes ont la responsabilité de porter l’islam aux autres nations, mais chaque nation a la responsabilité de le cultiver pour elle-même : autrement dit, ils allument la flamme dans chaque nation, mais chaque nation a la charge de l’entretenir pour elle-même).
C’est ainsi qu’après avoir reçu l’islam des Arabo-maghrébins, les Français doivent désormais s’en saisir et le cultiver pour eux-mêmes, sans laisser les Arabo-maghrébins s’installer dans cette prérogative régalienne.





