بسم الله الرحمن الرحيم
Nous ne sommes pas liés aux gens par les expériences physiques que nous vivons avec eux dans le bas monde, mais par les effets que produisent ces mêmes expériences sur les cœurs : car ces expériences, en soi, sont artificielles, illusoires, et ne doivent servir qu’à initier et renforcer le vrai lien qui est le lien spirituel ; ainsi ne suffit-il pas d’avoir un rapport physique avec quelqu’un pour se lier à cette personne : si ce rapport se produit sans affect, sans émotion, il est voué à l’oubli, et aucun lien ne s’établit entre les individus.
Mais comme certains médicaments, cet accélérateur de lien spirituel – si on n’en comprend pas la finalité, qu’on y prend démesurément goût, et qu’on finit par en faire une fin en soi – finit par créer une dépendance, un besoin exclusif, au point qu’on se détourne de la vie spirituelle – La Vraie Vie : ainsi l’esprit ne s’attache pas à l’esprit de la personne, mais l’âme instigatrice s’attache-t-elle à l’expérience physique vécue avec cette personne, et au plaisir qu’elle y a pris ; et il ne s’agit pas d’un attachement spirituel, mais d’une emprise de l’ego qui prend la relation à son compte : il n’y a donc pas de lien spirituel, juste une projection de l’ego sur un phénomène matériel – et la personne liée à ce phénomène est elle-même parfaitement accessoire, l’intérêt n’étant pas orienté vers son esprit ; on ne la perçoit alors, dans sa dimension strictement matérielle, que comme un objet.
Or, on le rappelle, le monde matériel n’existe que par les sensations créées par ALLAH ﷻ du fond de nos cœurs, et ces sensations ne font que nous donner l’illusion du corps et de son prolongement qui est le monde physique : le monde matériel n’est donc qu’illusion, faux semblant. Et cette illusion du corps et du monde, par les effets qu’elle est censée produire sur le cœur, ne doit avoir d’autre finalité que de nous aider à approcher le monde spirituel – et, à terme, ALLAH ﷻ. Faute de quoi elle ne mène strictement à rien, n’aboutit nulle part.
Ainsi, c’est en voyant le corps d’untel, en interagissant avec ce dernier par les sens – si le cœur dans ce qu’il a de noble s’éveille un tant soit peu à cette interaction –, qu’on finit par se lier à son esprit personnel ; puis, à terme, à son Esprit Divin : car c’est bien l’interaction des corps, à la base, qui nous permet de découvrir, au bout du compte et en passant par son esprit personnel, que l’autre a Une Réalité qui transcende de loin le monde de la matière – pourvu que se soit opéré un dévoilement préalable.
Et Cette Réalité, donc, c’est son Esprit Divin Ruh ; et c’est en atteignant Cette Divinité cachée dans l’autre (l’autre au sens d’entité dotée d’une apparence matérielle, d’une image, d’une identité créaturelle) qu’on finit par rejoindre ALLAH ﷻ : via son corps, donc, on remonte à son esprit personnel auquel on attache le sien et, de là, via l’esprit muhammadien qui lie son esprit personnel à Ruh, on aboutit à ALLAH ﷻ.
C’est ainsi que les esprits personnels (pourvu qu’un, au moins, ait reconnu et balisé pour les autres ce chemin de l’esprit muhammadien – il est alors une Qibla vers laquelle convergent les autres) cheminent ensemble vers La Matrice – La Source de Lumière Mère, L’Esprit Central, Le Noyau – et, s’Y confondant, s’Y réunifient : c’est L’Unité Qui Se réalise.
C’est Le Retour à ALLAH ﷻ.
Inéluctable.