بسم الله الرحمن الرحيم
Les Turuq sont devenues des systèmes d’adoration des Shuyukh avec l’assentiment de ces derniers — qu’ils adhèrent ou pas à cette dérive.
Quant-à ceux qui n’y adhérent pas, bien qu’ils aient préalablement averti, ils laissent faire pour que les gens soient rétribués en fonction de leur intention : ça n’est plus de leur ressort, c’est entre ALLAH ﷻ et les gens.
Mais les Turuq qui érigent l’amour en système, en condition, qui font peser sur lui un enjeu capital, incitent à cet amour forcé qu’est l’adoration — car quand on n’a pas l’amour, on adore inconsciemment pour compenser, et c’est là qu’on tombe dans le Shirk : ainsi déploie-t-on partout des photos du Shaykh, comme autant de statues, et fait-on de lui une idole.
L’amour ne se commande pas : c’est une alchimie qui doit s’opérer dans les cœurs au gré de la relation de maître à disciple, sans qu’on y pense, ou même par la seule personnalité du Shaykh, par ses actions générales, sa bienveillance, sa miséricorde.
Mais dès qu’on dit : « Il faut aimer ! », on fausse la donne, car cette obligation fait passer l’amour de quelque chose de léger et spontané, à une contrainte vitale à laquelle est suspendu le succès : on met la pression — l’amour devient source de pression.
Alors on se met à en faire des tonnes, à faire mécaniquement des actes qu’on croit d’amour, mais sans que le cœur suive : tout au plus finit-il par ménager en son sein, au Shaykh, une place centrale d’idole, qui détourne insidieusement de l’adoration d’ALLAH ﷻ — car toute adoration est due à ALLAH ﷻ.
Et pour qu’il y ait amour, il faut qu’il y ait réciprocité : on doit sentir de la part du Shaykh cette bienveillance, cette ouverture du cœur, qui fait qu’il est inconditionnellement enclin et disposé à l’amour et à la miséricorde — même envers les gens qu’il ne connaît pas.
Or, la plupart des Shuyukh se comportent en monarques froids, qui se contentent de recevoir l’adoration des disciples comme un dû, avec une certaine hauteur qui se veut sagesse et élévation spirituelle mais qui souvent ne cache que suffisance et mépris.
Mais qu’importe le Shaykh, finalement, si l’intention, en se mettant à son service, et en lui vouant une fidélité exclusive, est La Satisfaction d’ALLAH ﷻ, et la recherche de La Face d’ALLAH ﷻ ; et qu’importe, même, qu’il soit véridique, et qu’il nous aime, et qu’on l’aime, car la seule chose que regarde ALLAH ﷻ est qu’on voie en lui le Murshid destiné à nous mener jusqu’à LUI ; alors ALLAH ﷻ, Qui ne laisse jamais se perdre une intention sincère, finit par nous guider vers LUI, plus sûrement que si on s’était mis à adorer un authentique Walî, et à faire de ce Walî une fin en soi au point de L’oublier.