بسم الله الرحمن الرحيم
Cette tendance qu’ont les adultes, aujourd’hui, à évoquer les pères et mères (les leurs ou ceux des autres) en les appelant « mon/ton papa » et « ma/ta maman », non sans une certaine puérilité, témoigne que leurs esprits sont restés au stade infantile, avec tout ce que ça implique de stagnance au degré de l’ego et d’immaturité spirituelle, et donc de soumission à Nafs :
Ils sont restés des petits enfants mentalement dépendants de leurs parents, parce qu’ils refusent, par paresse et facilité, de dépasser ce stade de l’ego qui se complaît dans le confort douillet du nid parental et du sein maternel ; alors ils ne se sont pas élevés spirituellement et ne se sont pas éveillés à La Lumière Qui sommeille en eux, par Quoi ils pourraient prendre conscience de la juste position à adopter auprès des parents, qui n’est pas celle de chatons ou de poussins couvés mais d’êtres responsables et redevables.
Et c’est justement parce qu’ils sont restés des petits enfants, qu’ils adorent de manière aussi excessive leurs propres enfants : ils ne font que projeter sur ces derniers l’amour qu’ils éprouvent pour eux-mêmes, pour les enfants qu’ils se voient être – car dans leurs propres enfants, ce sont les enfants qu’ils sont (qu’ils se sentent être) qu’ils voient ; et ils traitent leurs enfants comme s’ils se traitaient eux-mêmes, avec dévotion et adoration ; car ils sont tellement soumis à leurs ego qu’ils sont tombés dans leur propre adoration, à travers leurs enfants – par leurs enfants interposés.
En d’autres termes, quand ils parlent à/de leurs enfants, ils parlent à l’enfant en eux ; et quand ils parlent à/de leur « papa » et à/de leur « maman », c’est le même enfant qui s’exprime.
Car la société de consommation n’élève pas les gens (à tous les sens du terme), mais fait en sorte qu’ils restent avec complaisance dans cet état de l’enfant roi, qu’on sert et sur qui se porte toute l’attention, et qui se met dans la position psychologique d’un enfant se reposant indolemment sur ses parents – et, au-delà des parents, sur la société, car tout est dû à l’homme occidental immature et on doit être aux petits soins pour lui : ainsi passe-t-il son temps à revendiquer ses droits – que ce soit en matière de travail, d’aide sociale, de justice, de consommation…
Et si d’aventure il trouve un maître éducateur, il se met spontanément dans cette position d’assisté, déléguant toutes ses responsabilités au Shaykh : je dois donner une réponse pour un travail ? Shaykh va me dire si je dois le prendre ou pas ! Je suis fiancé ? J’attends tranquillement le feu vert de Shaykh pour me marier ! Je dois aller aux toilettes ? Je demande l’autorisation de Shaykh… Mais oui, puisqu’on doit s’éteindre dans Shaykh ! C’est Shaykh qui l’a dit ! Moi, tout ce que j’ai à faire, c’est poser mes fesses sur le tapis et l’écouter parler.
Et le jour où Shaykh s’éloigne et le confronte à ses responsabilités, il s’indigne et se révolte, car Shaykh a coupé le cordon et a cessé de le cocooner.
Ainsi, l’immaturité se retrouve même dans la voie spirituelle, et révèle le manque de sincérité des prétendus disciples : car ils ne demandent pas ALLAH ﷻ et ne veulent pas produire le nécessaire effort personnel pour cheminer vers LUI ; et ils ne voient pas en Shaykh le précieux soutien qu’il est pour mener ce Jihad, mais un papa de substitution et une assistante sociale pour pallier à leur paresse : une solution de confort et de facilité.