بسم الله الرحمن الرحيم
Au terme du processus de purification, il ne reste que les quelques défauts les plus profondément ancrés ; mais de l’extérieur, on ne voit plus que ceux-là, par contraste, et dans la plupart des cas on n’arrive jamais à s’en débarrasser – et ils en deviennent proprement indélébiles.
C’est ce qui fait que la voie est si difficile et qu’il y a si peu d’élus, car c’est au niveau de ces défauts ultimes que le Jihad est le plus intense, et que la difficulté s’avère le plus souvent insurmontable – et c’est le principe élémentaire du nettoyage : le plus gros de la crasse, en surface, part facilement ; mais c’est bien le travail de finition, le nettoyage de la saleté incrustée en profondeur et dans les interstices, qui s’avère le plus fastidieux.
On est généralement dans le déni de ces défauts ultimes, on refuse de les voir, car Shaytan embellit le travail de purification déjà accompli et pose dessus le voile de l’orgueil – mais le pire orgueil, le plus insidieux, celui qui se cache sous couvert de fausse modestie ; alors on se prend pour un Saint, et comme on s’estime arrivé, on ne peut s’imaginer ne serait-ce une seconde qu’il nous reste quelque-chose à enlever, à gratter, à récurer.
Et si quelqu’un vient nous alerter de ces défauts, on le considère – avec pitié, commisération, voire condescendance – comme quelqu’un qui nous juge et qui serait voilé sur notre soi-disant sainteté, le voyant même comme un impoli qui encourt Le Courroux Divin pour avoir manqué à l’égard d’Un Walî d’ALLAH ﷻ ; alors que c’est nous qui sommes voilés, car nous refusons de voir Le Signe qu’ALLAH ﷻ nous envoie par la parole de l’autre, et que nous sommes tout sauf un Walî.
Et on reste avec ces défauts persistants qui crèvent les yeux – comme une micro tache tenace, qui refuse de partir au lavage, sur une chemise blanche : et au milieu de la blancheur immaculée, on ne voit que cette tache, aussi minuscule soit-elle – et fort ironiquement, c’est bien la pureté de l’ensemble qui la trahit par contraste ; et non seulement cette blancheur périphérique ambiante révèle atrocement la petite tache noire des défauts, mais encore elle passe totalement inaperçue, éclipsée qu’elle est par ce qu’elle montre au grand jour.
C’est bien la raison pour laquelle il convient, quand on s’engage dans un processus de purification de l’âme, de le pousser jusqu’à son terme ; ce qui implique de ne pas se contenter des premiers résultats obtenus (au risque de s’en prévaloir avec orgueil – preuve en soi que le job n’a pas été fait), mais de se faire violence et d’aller au bout de la démarche, quoiqu’il en coûte ; car c’est bien à partir de ce stade ultime de la finition que les jeûnes et les retraites prolongés (et la Mujahada d’une manière plus générale, et la Mukabada), par leur intensification, commenceront à prendre tout leur sens et à se faire ressentir au plus profond de l’être – et pas forcément sans douleur.
Car comme le dit souvent mon Shaykh, on n’a rien sans rien.