بسم الله الرحمن الرحيم
Ruh, au sens premier, C’est L’Esprit Divin ; par extension, au sens métonymique (ou synecdotique — c’est discutable), c’est l’ensemble [Esprit Divin + esprit muhammadien + esprit personnel] : c’est le lien, par l’esprit muhammadien (la lumière muhammadienne), entre l’esprit personnel et Cette Part d’ALLAH ﷻ Qui nous est Dévolue — car le premier degré d’accès à ALLAH ﷻ se fait par Cette Part : on doit d’abord découvrir Ce Secret (Ce Sirr) pour pouvoir ensuite accéder à L’État de Conscience Divine Totale — et ce ne sera, dans tous les cas, qu’un accès ponctuel, furtif, fugace, par Permission d’ALLAH ﷻ, le degré de permanence (Baqa) se jouant seulement au niveau du Sirr qui est un seuil, et pas au-delà (on ne peut rester en permanence en État de Pleine Conscience Divine, La Pleine Conscience Divine Permanente étant Un Monopole d’ALLAH ﷻ, consubstantiel à Son Essence : C’est juste, pour l’homme, Une Porte Qui S’entrouvre un instant lors d’un état d’extinction totale : il retourne nécessairement, après, au degré de Conscience Divine Partielle, au niveau du Sirr — et c’est là le Maqam des Awliya, des Connaissants par ALLAH ﷻ : le Maqam de la Rabbaniyya).
Ce qu’on a coutume d’appeler abusivement Nafs, par synecdoque (on utilise le terme générique Nafs, qui normalement désigne tous les degrés d’évolution de l’âme humaine, pour n’en désigner qu’un aspect particulier), qui en réalité s’appelle An-Nafsu Al-Ammara bi As-Su’i (l’âme instigatrice du mal — mais qu’on pourrait aussi appeler l’âme charnelle : l’âme liée au corps et à ses besoins, ses désirs), et qui est donc le degré le plus vil de l’âme humaine (mais aussi le premier par ordre d’apparition), se forme par le recours à ce Ruh — et les trois composantes de ce dernier y participent pleinement : d’abord, l’esprit personnel se fixe sur quelques aspects bien précis du monde matériel — et à la base il s’agit des besoins élémentaires, comme le besoin alimentaire : comme le corps doit se nourrir (c’est La Loi d’ALLAH ﷻ), l’esprit personnel se fixe d’abord sur la nourriture ; pour satisfaire ce besoin alimentaire, il va mobiliser ses ressources, qui sont l’esprit muhammadien et sa part d’Esprit Divin : l’esprit muhammadien est l’énergie vitale au moyen de laquelle l’esprit personnel appelle L’Esprit Divin à se porter sur la nourriture (c’est donc l’esprit muhammadien « mandaté » par l’esprit personnel qui fournit l’effort de médiation, de connexion entre Le Divin et le besoin) ; puis L’Esprit Divin, Qui porte La Maîtrise, est Ce Qui va satisfaire ce besoin immédiat — puis l’entretenir, le cultiver, l’organiser (à court, moyen, et long terme) : Il détache pour ce-faire Une Part Infime de Sa Lumière Infinie, et Cette Part devient alors la part de l’âme charnelle (de Nafs Al-Ammara bi As-Su’i) consacrée à la nourriture — à l’attrait de la nourriture, au goût de la nourriture ; une fois Cette Part de L’Esprit Divin détachée, puis dégradée et transformée en âme charnelle après avoir servi le besoin matériel (du moins en part de l’âme charnelle — la part consacrée à la nourriture), elle se dépose ainsi au bas du cœur où vont s’agglomérer toutes les autres parts de l’âme charnelle dédiées aux autres besoins et attraits matériels (on trouvera ainsi la part de l’âme charnelle dédiée au sommeil, celle dédiée au sexe, celle dédiée au jeu, celle dédiée à l’argent, celle dédiée aux voitures, celle dédiée à soi-même, etc…), comme autant de feuilles de papier hygiénique, initialement immaculées, sont jetées au fond de la cuvette, souillées après utilisation ; et une fois Cette Part de L’Esprit Divin détachée et « nafisée » (transformée en Nafs Al-Ammara bi As-Su’i, en âme charnelle instigatrice du mal), elle devient comme un prolongement, par le corps, du Ruh à partir de l’esprit personnel, qui devient une sorte de point de symétrie entre la partie [Esprit Divin + esprit muhammadien + esprit personnel] — donc le Ruh au sens métonymique — et la partie [esprit personnel + corps + âme humaine] — que pour le coup on peut vraiment appeler Nafs au sens générique : car autant Ruh, au sens métonymique, c’est l’ensemble qui englobe L’Esprit Divin, l’esprit muhammadien, et l’esprit personnel ; autant Nafs, au sens générique (son vrai sens, qui recouvre sept déclinaisons, sept états successifs dont An-Nafsu Al-Ammara bi As-Su’i n’est jamais que le plus bas, mais aussi le premier, l’état initial — d’où l’utilisation usuelle persistante du terme global de Nafs pour désigner abusivement ce seul état initial*, ses évolutions successives étant alors précisément désignées par leur nom spécifique) désigne en réalité l’ensemble formé par l’esprit personnel, l’âme humaine, et le corps sensible qui les relie — sans distinction quant-au degré d’évolution de cette âme humaine : qu’elle soit au degré initial le plus bas de Nafs Al-Ammara bi As-Su’i, ou au degré intermédiaire de Nafs Al-Mutma’inna, ou au degré le plus élevé de Nafs Al-Kamîla, elle reste l’âme humaine liée à l’esprit personnel par le corps et les sensations ; et au fur et à mesure qu’elle se purifie (par un véritable travail de « dressage », notamment), l’importance du corps (son diktat, ses besoins, ses exigences) qui la lie à l’esprit personnel se réduit ; et ce dernier se délivre peu à peu, allégé de son emprise et soulagé de la tension par laquelle elle le tire vers le bas — et c’est ainsi qu’il peut s’élever vers Les Domaines Divins vers Lesquels, tout en muant, elle le suit, accompagnant son ascension vers Ces Sommets ; mais il faut bien comprendre que Nafs, entendue à ce sens générique, est le prolongement logique et naturel de Ruh, par l’esprit personnel — Ruh dont elle forme comme une symétrie avec pour axe, donc, l’esprit personnel ; et elle prolonge d’autant plus Ruh, que c’est par lui qu’elle s’est formée, et par lui qu’elle est censée se résorber — car son évolution d’un état à l’autre (de Nafs Al-Ammara à Nafs Al-Kamîla) constitue bien une réduction progressive.
Ce mode de formation de l’âme charnelle (ou âme instigatrice du mal — An-Nafsu Al-Ammara bi As-Su’i), et donc de l’âme humaine (Nafs au sens générique) dont elle est la genèse, est le même pour chacun de ses secteurs (vu qu’elle est divisée en plusieurs centres d’intérêt distincts et cloisonnés, comme on l’a vu : nourriture, automobile, jeu… et toutes autres passions possibles et imaginables) : on part quasiment toujours d’un besoin élémentaire, qui finit invariablement par se transformer en passion (à moins d’être un ascète confirmé — et même l’ascèse peut se révéler être une passion, avec un secteur dédié de l’âme charnelle) ; ainsi, le besoin primaire de déplacer son corps dans l’espace, qui donne lieu à l’effort de conception et de développement des moyens de transport (et plus spécialement des moyens automobiles), via l’esprit muhammadien qui va orienter La Créativité de L’Esprit Divin à cette fin, finit par se transformer en passion (la passion de l’automobile notamment), car La Part d’Esprit Divin utilisée, une fois fixée sur cet objet, le cultive et en fait un objet de passion — devenant la part de l’âme charnelle consacrée à la passion des moyens de transport (et plus spécialement, à notre époque, des moyens de transport automobiles) ; mais cela vaut également pour les besoins vitaux les plus élémentaires, comme le besoin de dormir : l’esprit personnel mobilise L’Esprit Divin via l’esprit muhammadien à cette fin, Une Part S’en détache et se transforme en la part de l’âme charnelle consacrée au sommeil, laquelle va développer toute une ingénierie dédiée au bien-dormir, et transformer un besoin vital en culture, en business (le marché de la literie), voire en vice (et on pense à tous les aficionados de la grasse matinée outrancière, et à toutes les dérives, toutes les choses détestables que peut impliquer cette pratique en termes de foi) ; et on s’épargnera ici l’évocation du besoin élémentaire de déféquer, qui donne lieu également à de la passion (et donc à la création d’un secteur à part entière de l’âme charnelle) — à toute une culture douteuse, toute une rhétorique faite d’humour gras, mais aussi à des pratiques morbides comme la scatophilie, ou même au plaisir « simple » de s’enfermer de longues minutes dans un cabinet de toilette, avec son smartphone ou une revue, au milieu de ses effluves nauséabonds : cela peut prêter à sourire, mais quand on sait que les anges ne rentrent pas dans ces endroits et que les Jinn les investissent, on mesure tout le mal que recouvre en réalité cette pratique apparemment anodine.
L’âme charnelle est donc un agglomérat d’une multitude de parts dégradées de L’Esprit Divin (chacune consacrée à un secteur bien particulier), qui sont toutes le produit de Ruh dans ses trois composantes (ainsi que l’âme humaine en général, dans le prolongement de l’âme charnelle — dans toutes ses déclinaisons successives, à chacune des étapes de son évolution programmée) ; et elle peut donc se traiter, en termes de purification, secteur par secteur, passion par passion : préalablement, l’esprit personnel, éveillé à la conscience positive du Divin, s’en remet à l’esprit muhammadien pour se rapprocher d’ALLAH ﷻ — et cela se traduit par un effort de Dhikr : ce-faisant, l’esprit personnel, focalisé sur ALLAH ﷻ, est de moins en moins soumis à la tyrannie du corps, et se détourne de plus en plus de son âme charnelle sectorisée en passions, laquelle finit par se scléroser, se réduire ; au fur et à mesure qu’elle se réduit, elle commence son évolution, amorce sa mue purificatrice, se transforme peu à peu — passant de l’un à l’autre des sept degrés de Nafs en suivant l’esprit personnel dans son ascension ; mais si, dans l’absolu, le Dhikr seul peut suffire (en étant pratiqué sous la supervision d’un maître, par l’établissement de la Rabita avec ce dernier), il demande tout de même à être doublé par un effort direct de lutte contre l’âme charnelle, la Mujahada, qui consiste à refuser à l’âme charnelle tout ce qu’elle demande — et c’est là qu’il convient de bien la connaître, secteur par secteur, afin d’anticiper la moindre de ses demandes, de la contrer pied à pied (« celui qui connaît son âme, connaît son Seigneur » a dit le Prophète ﷺ) ; et plutôt que de lutter un peu contre chaque secteur à chaque fois, on s’attachera à traiter l’âme charnelle secteur par secteur, les réduisant tous un par un, méthodiquement, en établissant des priorités : c’est ainsi que le Mujahid sujet à l’alcoolisation luttera en priorité contre cette addiction, quitte à lâcher momentanément (le temps qu’il vienne à bout de celle-ci) la bride aux autres qui sont moins graves — mais il ne pourra le faire qu’en pratiquant, en parallèle, un Dhikr soutenu, faute de quoi son Jihad contre l’alcool et toutes ses autres passions sera vain : si on peut envisager le Dhikr sans Mujahada, on ne peut envisager la Mujahada sans Dhikr ; quant-à l’âme charnelle qui se réduit, cela s’opère par la remontée de Toutes Les Parts de L’Esprit Divin Qui ont servi à la former, lesquelles sont remobilisées par l’esprit personnel, via l’esprit muhammadien, dans l’effort de réalisation des Attributs Divins : au lieu de satisfaire les besoins matériels, L’Esprit Divin, Réorienté à bon escient par l’esprit personnel (en vertu du libre arbitre), via l’esprit muhammadien, va servir au rappel dans la manifestation des Attributs — et ça n’est jamais là que Sa Vocation Première ; car L’Esprit Divin, Autosuffisant, est Ce Qui S’évoque Soi-même, en créant et en Se projetant dans Sa Création, en S’Y manifestant via Ses Attributs Autoproclamés — et c’est à Ça Qu’on Le reconnaît : à Cette Lumière Qui, à travers Ses Attributs Manifestes (Manifestes par le comportement et les actes de celui qu’Elle investit), Le rappelle.
Quoi qu’il en soit, tout du Ruh au sens métonymique participe aussi bien de la formation de l’âme charnelle que de sa réduction, de sa résorption, de sa mue ; car Ruh (dont elle est le nécessaire et logique prolongement, le pendant) est un tout indissociable qui n’existe, en tant que tel, que par rapport au monde matériel : il n’a de raison d’être que dans le rapport du Divin au monde sensible via l’esprit muhammadien et l’esprit personnel ; Seul L’Esprit Divin, en Soi, Absolu, ne rentre pas dans cette relativité : Seul en Son Domaine, Il n’a pas à Se rappeler, à S’évoquer — et Il n’a levé La Création qu’à cette fin : être Connu et Reconnu, Appelé et Rappelé — et non pas pour LUI (Il n’a que faire d’être Connu et Reconnu vu qu’Il Se connaît), mais pour exercer Sa Miséricorde.
*Une synecdoque, donc, en termes de rhétorique : le tout sert à désigner une partie.





