بسم الله الرحمن الرحيم
Le Dunya, c’est un peu comme la dernière cigarette du condamné : on sait que c’est éphémère, que ça se consume, et surtout qu’il n’y en aura pas d’autre – mais on ne peut pas s’empêcher d’en profiter, d’en jouir ; juste pour prendre ce plaisir des sens tellement vain, dérisoire – mesquin ; juste pour donner la soupe, encore et toujours, jusqu’au bout du bout, à l’ego.
Alors qu’il nous suffirait de fixer Ce Point Lumineux, à travers Ses Manifestations Multiples, de telle sorte qu’on ne voie que LUI et que la transition entre le monde matériel et l’au-delà soit imperceptible.
Car quand on fixe ALLAH ﷻ, peu importe la dimension dans laquelle on se trouve, car il n’y a plus que LUI et tous les plans s’effacent.
C’est ainsi que le cheminant, l’aspirant, le Murîd, doit traverser toutes les étapes du cheminement ; alors, bien que toujours « vivant » au sens matériel du terme, il se retrouvera dans Le Paradis d’ALLAH ﷻ, confondu à Sa Lumière, après s’être affranchi du monde sensible et de ses limites corporelles – sans avoir même ressenti la mort, ni le monde intermédiaire, ni le Jugement, ni le franchissement du Sirat…
Car il aura focalisé sur Ce Point Essentiel, obnubilé, au point d’en oublier tout, de ne plus apercevoir que Ça.
Et cette fixation – cette obsession, cette fascination, ce saisissement – lui aura rendu les épreuves imperceptibles, comme une anesthésie neutralise le corps et les sensations physiques.
Car il n’y aura plus eu que L’Esprit – Ruh – et communion, osmose avec La Source, La Matrice – et ce jusqu’au retour ultime, jusqu’à la fusion, jusqu’à la confusion inéluctable qui succède à la mort physique, et au monde intermédiaire, et au Jour du Jugement…
Mais si on a le malheur, à l’instar du condamné, de ne pas fixer La Source et de se satisfaire de la dernière cigarette et du dernier verre de rhum, au point de s’en délecter et de vouloir les prolonger outrageusement, cette transition du retour, entre le monde matériel et ALLAH ﷻ, peut s’avérer longue et douloureuse – à commencer par l’inéluctable étape de la mort physique, qui risque d’être aussi tranchante que le couperet.
Et aussi infamante.
Mais pas aussi expéditive – et donc un peu plus pénible.