بسم الله الرحمن الرحيم
Au tout début de l’« existence » du serviteur, donc (à sa genèse), est l’esprit personnel ; à cet esprit sont associés un nom et une image (faciale – autrement dit : un visage) – image aux états multiples mais avec un point de référence, une image de synthèse qui correspond à peu près à l’apparence du visage à l’âge de la maturité, et qui sera l’état sous lequel on se rappellera l’individu et par lequel on l’identifiera dans l’absolu ; cet esprit, en parallèle de ces attributs personnels élémentaires que sont le nom et l’image, est connecté à L’Esprit Divin Ruh par l’esprit muhammadien, lequel correspond à une chaîne (Silsila) dont les maillons sont l’esprit d’un saint, l’esprit d’un prophète de référence, et l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ (à ce titre, on peut dire que la formulation « esprit muhammadien » recouvre tous ces maillons, et que, quand on parle de « l’esprit muhammadien », on parle aussi bien, de manière générique, de l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ, que de celui du prophète de référence, que de celui du saint – les deux derniers n’étant que les prolongements successifs du premier) : là est la base, le fondement élémentaire du proprium, qui constitue l’esprit personnel prêt à recevoir le corps – car telle est sa vocation.
Puis quand la vie matérielle est injectée à l’esprit, sous la forme d’un film ou d’un jeu constitué d’un ensemble de sensations, sont ajoutés à l’esprit personnel, pour compléter le proprium, les attributs purement matériels de l’identité (ou, si l’on préfère, les attributs de l’identité matérielle, que sont l’ADN, les empreintes palmaires et digitales, l’odeur corporelle, etc…), mais aussi ceux de la psychologie, du psychisme (caractère, tempérament, etc… – autrement dit : la personnalité), qui, s’ils ne sont pas d’ordre strictement matériel, sont étroitement liés à la vie du corps ; et ces attributs de caractère, prédéterminés, sont totalement indépendants de Nafs – même s’ils peuvent influer sur elle, et inversement (un caractère dominant pourra plus facilement lutter contre elle, quand elle pourra peser plus lourdement sur un caractère dominé).
Donc, pour résumer, le proprium est, à la base, l’esprit personnel, doté par ALLAH ﷻ d’un nom et d’une image de synthèse, auquel viennent s’ajouter :
- Les attributs de l’identité matérielle ;
- Les attributs de l’identité psychique/psychologique (la personnalité).
Et cet ensemble formera le proprium complet, l’ipséité, le « toi » qui passera son temps à osciller de Nafs à Ruh (cette vocation de curseur mouvant étant son nécessaire attribut ultime, sans quoi il ne serait pas), avant de se fixer définitivement sur l’un, ou l’autre, ou sur quelque point intermédiaire – ce Maqam final, prédéterminé, destiné par ALLAH ﷻ, étant scellé par la mort : c’est-à-dire que le serviteur est destiné à mourir à tel Maqam, qui sera sa station pour l’éternité.
Quoiqu’il en soit, le serviteur ne pourra identifier son Ruh qu’en identifiant et isolant les éléments constitutifs de son être : c’est-à-dire que, une fois qu’il saura distinguer son âme instigatrice de son proprium, faisant la part des deux, il saura également distinguer de/par rapport à ces deux éléments, les isolant, Ce Qui en lui est Divin – son Ruh – et cheminer vers LUI.
C’est là le sens de cette parole de Sayyidina Muhammad ﷺ :
من عرف نفسه فقد عرف ربه
Man ʿarafa nafsahu faqad ʿarafa rabbahu
« Celui qui se connaît connaît son Seigneur »
[Il apparaît que l’image – le visage – comme élément du proprium, est relativement éphémère et a tendance à se dissiper, dans les mémoires, au-delà de la vie matérielle : c’est ainsi qu’on ne peut (se) représenter l’image – Haram – de Sayyidina Muhammad ﷺ, et qu’on ne connaît pas nécessairement, à notre époque, l’image de certains personnages de référence comme Sayyidina Ibrahim عليه السلام ; c’est que la question de l’image et de sa transmission à travers les âges relève de La Seule Autorité d’ALLAH ﷻ, et on se rend compte que, dans certains cas, plus la représentation graphique s’efface des mémoires – par Sa Volonté –, plus la présence spirituelle est portée par la seule représentation nominale : car quand ALLAH ﷻ, pour la ramener à LUI, veut épurer une de Ses Créatures, la purifier au point qu’il n’en subsiste plus que l’esprit, il la réduit au seul attribut nominal ; c’est le cas de Sayyidina Muhammad ﷺ et, au-delà même des créatures, d’ALLAH ﷻ LUI-Même ; car comme tous les noms convergent vers LE Nom – ALLAH ﷻ –, il ne doit plus subsister de la créature, à un moment donné, que le nommé – comme à sa genèse qui est la genèse de l’esprit personnel : c’est ainsi qu’on est passé du Nommé ALLAH ﷻ au nommé créaturel, et que du nommé créaturel on retourne au Nommé ALLAH ﷻ – et la boucle est bouclée.]