بسم الله الرحمن الرحيم
L’homme a potentiellement une amplitude spirituelle très étendue, en termes de dimensions à couvrir, qui peut osciller du monde matériel le plus bas (Nasut) aux Domaines Divins (Ha-Hut, Ya-Hut, La-Hut), en passant par le Malakut et le Jabarut : en d’autres termes, il peut couvrir, en termes d’amplitude, tout le Mulk (Nasut, Malakut, Jabarut) et Les Domaines Divins ; et ce qui fait qu’il a accès aux Domaines Divins, c’est ce lien muhammadien exclusif qu’il a avec ALLAH ﷻ : son esprit personnel (proprium) est relié à L’Esprit Divin Ruh par l’esprit muhammadien qui constitue son Sirr – et on va voir en quoi l’esprit muhammadien, chez l’homme, est exclusif et diffère du lien muhammadien qui relie normalement toute créature au Créateur :
C’est que l’esprit ou canal muhammadien, chez l’homme, est constitué d’un double flux, descendant et montant, alors que, chez les animaux, il n’est constitué que d’un flux descendant par lequel ALLAH ﷻ les contrôle.
L’amplitude spirituelle des animaux ne couvre que le Mulk – c’est-à-dire la dimension créaturelle – mais leur esprit personnel, très étendu, embrasse à la fois le Nasut, le Malakut, et le Jabarut : c’est ce qui fait notamment qu’ils voient l’invisible (les Jinn, les anges…) ; alors que l’esprit personnel des hommes, qui a vocation à cheminer (ce qui n’est pas le cas des animaux), ne peut embrasser d’un coup plusieurs dimensions : son parcours est évolutif, et il ne peut atteindre les degrés supérieurs qu’après avoir franchi les degrés inférieurs : d’abord fixé au stade du Nasut, il atteint durablement le Malakut (durablement, car il peut auparavant y faire des incursions ponctuelles sans pour autant s’y fixer) par un cheminement spirituel déterminé et, une fois fixé en permanence au Malakut, il peut viser le Jabarut – et ainsi de suite jusqu’aux Domaines Divins.
Ainsi, schématiquement, les animaux ont un esprit personnel très étendu, qui couvre d’un coup l’espace allant du Nasut au Jabarut – mais sans pouvoir aller au-delà de ce dernier ; alors que l’esprit des hommes, plus restreint en termes d’étendue et d’amplitude couverte, n’apparaît que comme un trait qui se pose d’un monde à l’autre – mais au fur et à mesure que ce trait avance, il va de soi que l’amplitude qu’il couvre augmente en proportion.
L’esprit des animaux n’est donc pas évolutif et n’a pas vocation à retourner auprès d’ALLAH ﷻ dans Les Domaines Divins – sauf exceptions qu’Il décrète ; il reste toutefois lié à LUI par un flux muhammadien descendant (ce qui fait que les animaux et, au-delà, toutes les créatures connaissent Sayyidina Muhammad ﷺ), par lequel Il leur transmet Ses Ordres et les contrôle, leur indiquant notamment comment Le Glorifier – même inconsciemment ; mais comme l’esprit des animaux n’a pas le flux montant, il ne peut communiquer avec ALLAH ﷻ en s’adressant à LUI (il n’y est pas autorisé), ni tendre vers LUI, ni même avoir forcément conscience de Sa Présence ; le rapport des animaux avec ALLAH ﷻ doit donc nécessairement passer par Son Khalif qu’est l’homme, qui a la charge de ces créatures et de leurs esprits.
Il convient de noter, à l’éclairage de ces considérations que, tant que l’homme n’a pas suffisamment cheminé, et en tout cas n’a pas atteint le Jabarut, le Jujubier de l’Extrême, son Maqam est nécessairement inférieur à celui des animaux, qui perçoivent le monde invisible comme une banalité, alors que la perception de l’homme ne dépasse pas le stade des apparences ; ne peuvent donc jouer le rôle de Khalif auprès des animaux, au sens spirituel du terme, que les hommes réalisés, les autres ne pouvant et ne devant se contenter que de se mettre à leur service en les nourrissant, les abritant, les protégeant… Ce qui est d’ailleurs une étape initiatique incontournable de la voie, sans laquelle on ne peut se réaliser : il suffit de voir le comportement de Sayyidina Muhammad ﷺ à l’égard des animaux – mais aussi celui de notre Maître Shah Baha’uddin Naqshband, qui s’était mis au service exclusif des chiens pendant une année entière (ou en tout cas pendant une période prolongée).
(Ce qui fait que les animaux sont autorisés à couvrir d’un coup tout le Mulk c’est que, dotés du seul ego primaire – celui des besoins élémentaires du corps –, ils n’ont pas cette propension à se souiller de péchés infâmes ; et, étant par nature plus purs que les hommes – quasiment à l’état de Fitra –, ils peuvent côtoyer les anges, les voir ; les hommes, eux, par leur libre arbitre, sont sujets au mal : dotés de l’ego secondaire – celui de la conscience de soi, qui génère notamment l’orgueil et le besoin de s’imposer dans l’illusion d’exister, mais aussi le désir, l’intention de jouir en conscience et comme fin en soi, délibérément –, ils ont nécessairement besoin de se purifier avant de s’extraire de la dimension élémentaire qu’est le Nasut et d’accéder au Ghayb (à l’invisible), auquel ils ne sont pas autorisés en raison de/du fait du péché : l’accès au Malakut et au Jabarut ne peut se faire qu’au terme d’un minimum de purification, car on ne va pas rencontrer des dignitaires sans toilette préalable.)