بسم الله الرحمن الرحيم
Le premier degré de vigilance (Muraqaba) consiste en l’attention portée aux sensations comme projections directes de La Volonté d’ALLAH ﷻ : tout ce qu’on voit, sent, touche, entend… est l’effet de Sa Volonté Créatrice ; à ce stade, toutefois, on a encore le sentiment (l’illusion) d’interagir avec ces sensations selon son libre arbitre : Il nous soumet les sensations, et libre à nous de les percevoir et (faire) transformer, selon nos choix, en nouvelles sensations, en nouvelles situations, en nouvelles portes.
Le degré ultime de vigilance — qui ne correspond jamais qu’au Maqam d’extinction par excellence — est celui qui non seulement consiste à ressentir les sensations comme émanations directes de Sa Volonté, mais encore qui consiste à ressentir ses propres réactions à ces sensations comme autant de manifestations de Sa Volonté — sans la moindre intervention du libre arbitre : ainsi, non seulement est-Il Le Créateur des sensations, mais encore est-Il L’Auteur des réactions à ces sensations — et on comprend alors que ce qu’il nous reste de conscience personnelle ne sert qu’à constater Sa Toute Puissance afin d’En témoigner : c’est que, purifié de toute volonté propre, de tout ego susceptible de manifester le moindre désir, on est devenu (du moins notre apparence) le siège de Sa Volonté ; et là où Il réécrit habituellement notre destin en fonction de nos choix dont Il prend acte, Il ne fait là que le réécrire en fonction de Sa Volonté Première (si dans le premier cas nos choix ne sont jamais, dans l’absolu, que des choix qu’Il nous prête, dans le second ils sont clairement Ses Propres Choix Qu’Il S’attribue sous couvert de notre apparence) ; et c’est là le signe de l’envahissement total — nonobstant ce reliquat de conscience personnelle (aux fins de constatation et d’attestation), qui n’a pas plus d’effet sur le cours des choses que le regard du spectateur d’un film sur le déroulement de la fiction.