بسم الله الرحمن الرحيم
ALLAH ﷻ est Tellement Visible qu’Il en est Invisible.
Tellement Évident qu’Il Se fait oublier.
Tellement Existant qu’Il en paraît Absent.
Notre face – comme élément de notre identité élémentaire en ce qu’elle centralise notre image de synthèse – est ce que nous avons de plus caractéristique, et pourtant il nous est impossible de la voir directement, car elle supporte nos yeux qui ne peuvent donc pas se tourner vers elle ; mais sans elle, il va de soi que nous n’aurions pas d’yeux, vu qu’elle est le siège exclusif du regard physique qui lui est indissociable : ainsi, paradoxalement, elle est ce qui nous permet de voir tout en nous privant de la voir directement – comme si son invisibilité était la condition de notre vision : « Tu pourras voir le monde grâce à moi, mais comme je te permettrai de voir le monde, tu ne pourras pas me voir ! » : l’un exclut l’autre, nécessairement – ou plutôt l’autre qu’est le monde exclut l’un qu’est le visage (c’est d’ailleurs pourquoi on ne revient pas à L’Un sans éliminer l’autre).
De même, nos cœurs sont La Face d’ALLAH ﷻ, Qui crée le monde et nous permet de l’appréhender, de le contempler en le projetant face à nous ; mais comme nos cœurs sont entièrement tournés vers ce monde qu’ils projettent, vers ce qu’ils créent, ils ne peuvent pas se voir eux-mêmes, se tourner vers Leur Essence Créatrice Divine – et ils finissent par s’oublier.
Alors, tout comme on ne peut pas voir nos visages autrement qu’en reflet (dans un miroir, une vitre, en photo qui n’est jamais qu’un reflet fixé), on ne peut pas voir ALLAH ﷻ autrement que par Son Reflet Muhammadien – autrement que dans le miroir de la réalité muhammadienne.
Tant qu’on est pris par les apparences trompeuses du monde, on n’a pas la conscience d’ALLAH ﷻ, on est dans l’oubli – le Ghafla ; mais quand on perçoit la Haqiqa Muhammadiya (la réalité muhammadienne du monde) – parce qu’on a le dévoilement pour la percevoir au-delà des apparences immédiates, parce qu’on a l’ouverture – on réalise qu’il s’agit là du Reflet Parfait d’ALLAH ﷻ et de Sa Manifestation – donc du reflet de nos cœurs ; parce que le voiles des apparences s’est levé entre nos cœurs et ce miroir muhammadien, qui les renvoie à Leur Réalité Cachée et Invisible ; qui leur révèle Leur Face Unique – La Face d’ALLAH ﷻ.
De même, quand nos yeux sont absorbés par la vision de leur environnement, ils ne pensent pas un instant à la face qui les porte et leur permet d’avoir ce regard sur l’extérieur, cette perception ; mais quand ils tombent sur le reflet de ce visage, ils ne peuvent s’empêcher d’être subjugués par lui – au point parfois d’en oublier le reste ; et c’est seulement quand notre regard se brouille ou s’éteint, parce qu’on devient myope ou aveugle, qu’on prend conscience, par leur défaillance, qu’il émane de nos yeux, et donc (par extension) de la face dont ils sont un élément indissociable.
De même, quand il arrive qu’on ne goûte plus aux apparences trompeuses du monde (parce qu’ALLAH ﷻ a jeté quelque ombre, sous la forme d’une épreuve, dans ce tableau idyllique mais illusoire), on reprend soudain conscience, par sa souffrance dont il est le siège, de cette réalité centrale qu’est le cœur.
Et de là à reprendre conscience de Ce Qu’Il est réellement (cette conscience perdue avec l’attachement au monde des apparences, et aux apparences du monde, et avec le développement de l’ego qui n’est jamais que son excroissance orientée vers la matière), il n’y a qu’un pas.
Un pas qu’on appelle le retour, qui se fait par un cheminement initiatique (Suluk), et qui se décompose tout de même en un certain nombre de mouvements bien déterminés et incontournables – car on ne revient pas à ALLAH ﷻ sans certaines étapes sacrificielles, douloureuses mais nécessaires, qui sont autant de phases initiatiques.
Et l’épreuve (qu’on vient d’évoquer) peut être l’une de ces étapes – qu’elle arrive comme déclencheur initial, comme passage intermédiaire, ou comme révélateur ultime.
Mais ça passe dans tous les cas par une double intention initiale de rencontrer ALLAH ﷻ et de se repentir, qui aboutit inévitablement (si elle est sincère) à la compagnie d’un Murshid ; Murshid dont l’observation attentive et scrupuleuse (qu’il s’agisse de son observation au sens propre, ou de l’observation de ses consignes – notamment en matière de Dhikr) finit par rendre L’Invisible quasiment Visible.