بسم الله الرحمن الرحيم
Il y a deux façons de voir la création de l’homme (c’est-à-dire Adam عليه السلام, car Adam est l’homme originel, l’homme de synthèse, le prototype – tous les autres n’en étant que des dérivés, des répliques, des prolongements) :
1) Du point de vue du monde matériel, comme ça nous est exposé dans le Qur’an : de ce point de vue, le corps semble précéder L’Esprit, ce dernier n’arrivant qu’après comme une greffe ; c’est que le monde matériel, régi par le temps (Al-ʿAsr), répond à un ordre propre, avec une chronologie déterminée impliquant un début et une fin. Comme il est plus facile pour l’homme, asservi à la matière, d’aborder les choses de ce point de vue, ALLAH ﷻ les lui expose ainsi dans le Qur’an. Cette focalisation, immanente, est interne au monde matériel qui la contient, la restreint : c’est une vision de l’intérieur, donc fermée – mais c’est bien parce que l’homme, avant de se purifier, y est enclos, parce qu’il n’a pas la perception transcendante de l’extérieur, qu’ALLAH ﷻ la lui soumet dans le Qur’an – qui n’est jamais que le mode d’emploi, le guide (en d’autres termes : le plan) pour en sortir et retourner à L’Essence Absolue : c’est donc comme point de départ du grand voyage intérieur qu’apparaît cette vision en particulier, et le Qur’an en général.
2) Du point de vue spirituel : de ce point de vue, L’Esprit Éternel précède bien évidemment le corps et la matière, qui ne sont qu’un micro événement de Son Éternité, et qui lui sont greffés – comme une épopée avec un début et une fin – à un moment bien précis de la chronologie matérielle (mais pas de Son Existence : L’Esprit n’étant pas Assujetti au temps mais Éternel, il n’est pas concerné par cette temporalité ; l’épisode du corps – l’épopée corporelle – Lui parvient, durant Son Éternité, comme un incident, une anecdote aléatoire et furtive, un courant d’air ; car le temps est dans l’éternité, l’éternité n’est pas dans le temps).
Quand dans le Qur’an on évoque la création de l’homme, on parle donc de ce moment déterminé du monde matériel où le corps d’argile d’Adam عليه السلام reçoit Le Souffle Divin (Ruh) ; et dans le monde spirituel, ça correspond à la parenthèse insignifiante du film de la vie corporelle, qui est une fenêtre sur cette création parfaite qu’est le monde matériel, avec tous ses événements, lieux, personnages et dimensions déterminés.
Et cette création de l’homme se répète et se perpétue un nombre de fois déterminé, dans le monde matériel, par le processus complet de reproduction humaine (coït, fécondation, embryogenèse, gestation… jusqu’à l’expulsion et la naissance).
Mais La Vie de l’Esprit et le monde matériel sont deux choses bien distinctes, les deux ne faisant que coïncider parfaitement – par La Volonté d’ALLAH ﷻ.
Dans le monde matériel, cette coïncidence se produit au moment déterminé où le corps apparaît : comme ce corps correspond précisément à une subdivision de L’Esprit destinée par ALLAH ﷻ à le recevoir épisodiquement (on le répète, du point de vue spirituel c’est L’Esprit Qui reçoit le corps), c’est donc à ce moment du monde matériel que L’Esprit, dans le monde spirituel, accueille le corps – ou plutôt ce film de la vie matérielle, avec toutes les sensations programmées renvoyant à l’illusion du corps – mais épisodiquement, incidemment, de façon parfaitement éphémère.
Ce moment du monde matériel, c’est précisément celui des quarante jours où l’embryon est connecté à L’Esprit – mais aussi où il se voit attribuer son proprium.
Car outre L’Esprit Divin et le corps à l’état brut, il y a le proprium ; ce qui en réalité fait trois composantes – qu’on se situe du point de vue matériel ou du point de vue spirituel : si on se situe du point de vue matériel, le corps reçoit Ruh avec ce proprium en parallèle ; et si on se situe du point de vue spirituel, c’est L’Esprit qui intègre ce proprium, en plus du corps à l’état brut ; et ce proprium, c’est tout ce qui est propre à l’homme en tant que créature et relève de son identité unique, exclusive (son nom générique, son image de synthèse, son destin, sa personnalité…) ; c’est notamment son esprit personnel doté du libre arbitre, qui s’intercale entre L’Esprit Divin (auquel il est lié par l’esprit muhammadien) et le corps, et qui a vocation, en plus de l’identifier (on précise que cette dimension élémentaire du proprium qu’est l’esprit personnel est le prolongement de Ruh qui En fait une déclinaison d’ordre créaturel, et qu’elle Y reste attachée, comme on l’a déjà dit plus haut, par l’esprit muhammadien), à osciller entre les deux afin de déterminer, comme marqueur, la station de l’individu entre corps et esprit (c’est à dire son inclination entre le matériel et le spirituel) ; quoiqu’il en soit, les éléments du proprium n’ont vocation à se révéler, globalement, qu’au cours de l’évolution de l’homme (mais graduellement), et initialement au moment de la formation de Nafs.
(On parle dans cet article de L’Esprit de façon générique, au sens de Ruh1, mais ce que reçoit le corps, si l’on se place du point de vue matériel, ça n’est pas L’Esprit Divin dans Sa Forme Essentielle La Plus Pure, c’est en réalité l’esprit personnel qui En est à la fois un dérivé et un prolongement à base de lumière muhammadienne, et qu’on peut qualifier de « sous-esprit » si l’on raisonne en termes de hiérarchie, d’arborescence ; et cet esprit personnel constitue le fondement du proprium – de l’identité, de l’ipséité – sur la base du nom générique et de l’image de synthèse qui le composent ; et c’est par ce prolongement via l’esprit muhammadien (qui agit comme lien) que L’Esprit Divin Ruh peut entrer en contact avec le corps d’argile sale : en d’autres termes, le point de contact entre le corps et Ruh, c’est l’esprit personnel via l’esprit muhammadien – et sans cette adaptation, le corps n’aurait jamais pu recevoir La Lumière La Plus Pure, Qui l’aurait juste désintégré, brûlé ; mais comme il fallait que le corps reçût L’Esprit, ALLAH ﷻ avait préalablement créé, de la lumière muhammadienne issue de Sa Propre Lumière, l’esprit personnel – d’autant plus compatible avec le corps que lui-même avait été créé d’une déclinaison de la lumière muhammadienne – mais bien plus altérée, dans son état, que celle qui avait servi à créer les esprits (car toute la création est faite de lumière muhammadienne, mais selon une hiérarchie qui correspond à des subdivisions de la lumière muhammadienne originelle, celle qui a été maintenue pendant 12 000 ans par ALLAH ﷻ dans l’état de proximité (Maqam Al-Qurb) comme nous le rappelle le Hadith de Jâbir : c’est ainsi que la lumière muhammadienne la plus pure, divisée en quatre parties, a servi à créer de sa première partie le trône, de sa seconde le repose-pied, de sa troisième les porteurs du trône + les gardiens – sa quatrième partie ayant elle-même été subdivisée en quatre autres parties, et ainsi de suite… ; c’est aussi ce point de contact qu’est l’esprit personnel qui permet d’introduire le proprium, à mi-chemin entre corps et Esprit Divin : tout comme le corps devait recevoir L’Esprit, il devait aussi être personnalisé, identifié – et c’est là la vocation précise de ce code-barres complexe qu’est le proprium ; mais comme cette identité créaturelle ne pouvait se situer au niveau de Ruh (Ruh est Le Lieu de L’Unicité et de L’Identité Exclusive d’ALLAH ﷻ), c’est tout naturellement autour de l’esprit personnel qu’elle vient s’agglomérer, comme autant d’attributs accessoires – dont les caractéristiques biologiques et physiologiques du corps (ADN, empreintes…), qui va s’en parer au fur et à mesure de son évolution (et c’est ainsi que l’esprit personnel, comme vecteur de l’identité propre, porte même en germes certains attributs corporels) ; c’est à ce titre que l’esprit personnel joue un rôle central, et qu’on a pu l’appeler, dans certains articles précédents, « le cœur du cœur », vu sa position oscillante dans le cœur entre Ruh et Nafs ; et si l’on se situe du point de vue spirituel, au moment de la création de l’homme, le proprium, dans sa dimension accessoire, correspond également à un apport annexe (au même titre que le corps), sachant qu’à la base l’esprit personnel, dérivé de Ruh via l’esprit muhammadien – qui se décompose en l’esprit d’un Prophète et en l’esprit d’un Saint, eux-mêmes issus de l’esprit de Sayyidina Muhammad ﷺ à proprement parler –, se limite, en termes de proprium, au nom générique et à l’image de synthèse, et qu’il est encore pur, à l’état de Fitra qu’il a hérité de son Walî de la lumière duquel il est issu en ligne directe : tous les autres éléments du proprium vont donc lui être ajoutés, pour la plupart à titre provisionnel car ils ne s’activeront qu’à un moment déterminé de la vie matérielle ; il n’en demeure pas moins que ces subdivisions muhammadiennes de L’Esprit Divin Ruh que sont les esprits personnels sont vouées à se réunifier dans La Lumière Source – dans L’Esprit Absolu – en الله – selon le processus inverse de celui ayant présidé à leur création ; quand on parle de L’Esprit, il s’agit donc bien d’une métonymie : on dit « L’Esprit » pour « la subdivision de L’Esprit », comme on dit souvent « un verre » pour « le contenu du verre » : « boire un verre » pour « boire l’eau du verre » ; ou comme on dit « manger de l’arbre » pour « manger du fruit de l’arbre ».)
1Le terme de Ruh, appliqué à l’homme, ne désigne pas exclusivement L’Esprit Divin, mais d’une façon générique, par métonymie, l’ensemble « esprit personnel + esprit muhammadien + Esprit Divin » – savoir le cheminement complet, depuis la dimension créaturelle de L’Esprit (c’est-à-dire L’Esprit Divin altéré et chargé d’attributs humains propres à un individu), jusqu’à L’Esprit Divin dans Sa Dimension Essentielle La Plus Pure (une fois purgé, purifié de tous ses attributs humains qui l’altéraient), en passant par sa dimension muhammadienne qui constitue le fil d’Ariane entre les deux.