بسم الله الرحمن الرحيم
Il y a deux façons de lutter contre l’âme instigatrice, deux grandes voies :
La première, et la plus connue, c’est celle de la Mujahada et de la Mukabada, qui consiste à attaquer l’âme de front en lui refusant tous ses désirs, et en endurant la souffrance liée à la frustration.
C’est une voie âpre et violente, qui mène à ALLAH ﷻ par l’effort le plus brut.
La seconde est la voie de l’amour : partant du principe qu’il est quasiment vain de prendre l’âme de front, de lui résister, on se dit que chercher à lutter directement contre elle est un effort d’autant plus inutile qu’épuisant.
Or, la quête vers ALLAH ﷻ ne doit pas s’apparenter à quelque chose de pénible, de rebutant, car c’est le désir qui s’en voit altéré, voire compromis.
En fait, il n’y a pas de meilleur moyen de lutter contre l’âme que de lui opposer quelque chose de plus fort – et ce quelque chose c’est l’amour.
L’amour passe par l’homme de chair – L’Homme d’ALLAH ﷻ : car c’est en aimant celui qui aime ALLAH ﷻ qu’on finit par aimer ALLAH ﷻ : car quand on est amoureux, on s’attache à tout ce qu’aime l’autre, et on se détache de tout ce qu’il déteste.
Donc l’amour de L’Homme d’ALLAH ﷻ finit par faire aimer ALLAH ﷻ.
Au point qu’on en oublie L’Homme d’ALLAH ﷻ : le vecteur, le moyen s’est effacé devant L’Objectif – et avec lui tous les attachements de l’âme : sans s’en rendre compte, par cet amour envahissant, on a relégué tous ce qui pouvait faire vivre l’âme instigatrice – et donc l’âme instigatrice elle-même : comme ses centres d’intérêts sont devenus inexistants, elle-même a cessé d’exister.
Tandis que si on s’efforce de lutter contre elle, non seulement on a peu de résultats, mais encore on ne fait que l’exacerber : par cette obsession qu’on a de la terrasser, on focalise dessus et on ne voit plus qu’elle – au point d’en oublier ALLAH ﷻ.
Alors qu’il suffit, à l’inverse, de ne plus voir qu’ALLAH ﷻ, de focaliser sur ALLAH ﷻ, pour que tout le reste disparaisse.
Quant-au Shaykh, on sait qu’on a atteint ALLAH ﷻ quand on n’a plus de demande à son sujet/le concernant, et qu’on ne l’aime plus que par ALLAH ﷻ et pour ALLAH ﷻ : au début, on cherchait à s’attacher à ALLAH ﷻ pour Shaykh, et cet amour de Shaykh, qui n’était pas dénué de passion, faisait qu’on l’aimait pour soi, et que l’âme avait des demandes à son endroit : elle exigeait l’attention de Shaykh, des signes de l’affection de Shaykh, des regards de Shaykh, des mots doux de Shaykh, etc… Mais à partir du moment où on s’est définitivement attaché à ALLAH ﷻ, on aime Shaykh non plus pour soi, mais pour Shaykh – ou plutôt pour ALLAH ﷻ : comme la relation est dépolluée des demandes égoïstes de l’âme, l’amour pour Shaykh devient désintéressé, et on ne cherche plus, par pure miséricorde, que son bien être – quand bien même il ne nous accorderait pas un regard : on l’aime pour lui, plus pour nous – ou plutôt on l’aime pour ALLAH ﷻ et par ALLAH ﷻ, car en l’aimant sans demande personnelle, sans attente, de façon désintéressée, on ne cherche que La Satisfaction d’ALLAH ﷻ – et encore : on est parfois tellement pris par et dans L’Amour d’ALLAH ﷻ, tellement ravi, qu’on se trouve dans un état de béatitude qui fait qu’on aime Shaykh mécaniquement, spontanément, sans le moindre calcul, avec détachement et compassion.