بسم الله الرحمن الرحيم
Le créé est formel, quand L’Incréé est Informel et Immatériel.
Le formel est La Projection de L’Informel – ou plutôt La Manifestation de Sa Nature Purement Conceptuelle, Créatrice, Intellectuelle : le formel est Le Résultat, le Prolongement de L’Informel Qui le conçoit1.
La Nature de L’Informel est de formaliser, de matérialiser : Il est Pure Puissance Créatrice, et le formel (tout ce qu’on peut imaginer, imager, concevoir) est nécessairement Le Produit de L’Informel ; autrement dit, derrière chaque forme Se trouve nécessairement L’Informel Qui l’a conçue – et c’est bien pour ça que l’esprit ouvert, éveillé, réalisé, ne peut que voir L’Informel dans le formel.
Inversement, L’Informel, dans Son Essence, ne peut être Imagé, Imaginé, Conceptualisé, Formalisé [par les créatures] : Il est Ce Qui donne forme, pas la forme ; L’Intellect Pur ne peut pas être décrit, Il est L’Abstraction par Excellence.
Et dans l’ordre des choses, la forme, comme conséquence, est nécessairement seconde, toujours précédée de L’Informel sans Lequel elle ne serait.
C’est ainsi que Les Attributs sont Informels, et Leur Première Manifestation, Ce sont Les Noms dans Lesquels Ils S’incarnent, Ils prennent corps ; ensuite viennent les actes, par lesquels seuls Ils Se Manifestent dans le monde des formes et des apparences – mais en dehors de l’acte, Ils n’ont pas de forme, pas d’image : La Miséricorde, si Elle n’est pas Illustrée par des actes concrets, ne peut être Décrite : même Son Nom – Ar-Rahma –, à Lui Seul, ne suffit à s’en faire une image précise – tout au plus permet-Il d’en éveiller l’idée préalable.
Quand ALLAH ﷻ a voulu Se Manifester Personnellement, Il a créé, imaginé l’homme auquel Il a donné forme : c’est ainsi que l’homme est l’alliance d’une forme projetée et de L’Esprit Créateur Pur, de L’Intellect – et chaque homme est unique, comme autant de projections, comme autant d’images qu’Il aime à Se donner mais qui restent illusoires et éphémères comme toute manifestation (pour ALLAH ﷻ, Se manifester sous autant de formes humaines est un jeu, un exercice de style).
Ainsi, paradoxalement, c’est la forme qu’on voit comme concrète, solide, consistante, qui est d’autant plus évanescente et fugace qu’irréelle ; alors que L’Intellect, Informel et Invisible, est Éternel, Inaltérable, Permanent.
C’est le principe du spectre : toute forme est un fantôme qui, aussi solide qu’il semble et paraisse, n’est qu’une image, une forme vouée à se dissiper et à disparaître ; Seul demeure L’Esprit Qui l’a éveillée et projetée.
Mais L’Informel, dans l’absolu, peut tout aussi bien S’abstenir de formaliser, de créer, et demeurer à L’État de Néant Éternel et de Solitude Qui est Sa Nature2 – si par néant on entend absence totale de forme et de manifestation ; la création telle qu’on la connaît, telle qu’on la perçoit, n’étant jamais, en tant que Manifestation de Son Pouvoir Créateur, qu’une sortie ponctuelle du Néant, une parenthèse ; mais vu qu’Il est en Éveil Permanent, Il ne cesse de créer et de formaliser.
Car Il est L’Esprit Qui ne dort jamais.
Il n’a pas besoin de Se reposer.
1 À ce titre, la forme et le formel sont d’essence muhammadienne : la réalité muhammadienne est l’habit que revêt, dont se drape La Pensée Créatrice d’ALLAH ﷻ ; la transition entre L’Informel et le formel s’opère donc nécessairement par la lumière muhammadienne, qui est l’interface entre L’Incréé et le créé, et ce par quoi Se manifeste, dans le monde des apparences, L’Esprit Créateur Agissant, Le Génie Créatif Divin.
2 La Solitude est, par Essence, Divine, de La Nature Divine – au même titre que La Veille, Le Silence, Le Jeûne (car ALLAH ﷻ n’a pas besoin de s’alimenter)… : c’est pourquoi le retour à La Nature Divine (la Fitra) implique d’observer ces règles d’ascèse élémentaires que sont la veille, l’isolement, le silence, le jeûne… – et c’est la raison pour laquelle ces règles constituent les fondements mêmes de la tradition primordiale, et les piliers de toute démarche sérieuse de cheminement spirituel.