بسم الله الرحمن الرحيم
Un des grands signes de la mécréance des gens, à l’époque moderne, est cette tendance systématique à la quérulence et à l’esprit procédurier ; cela témoigne :
- de la non acceptation du Décret d’ALLAH ﷻ, pour Lequel on se sent victime et on demande réparation (autrement dit, pour Lequel on pleurniche facilement comme un gamin frustré) ;
- de la place prédominante de l’ego, marquée par une expression décomplexée de la blessure narcissique qu’on revendique clairement ;
- et d’une absence totale de miséricorde car, comme on ne voit pas dans l’autre (l’auteur du préjudice) L’Instrument et donc La Présence d’ALLAH ﷻ (l’autre est alors un voile), on réclame sa tête dans un esprit exacerbé de vengeance et de talion.
C’est ainsi qu’on ne voit pas de procès d’assises sans la constitution systématique de parties civiles très revendicatives, qui réclament à corps et à cris la désignation d’un coupable (et qu’importe qu’il s’agisse ou pas du vrai coupable, pourvu qu’on ait un coupable à se mettre sous la dent !) afin de cristalliser sur lui ce besoin de compenser la blessure narcissique et de réparer le sentiment d’être atteint dans son ego ; car il s’agit bien d’une affaire d’ego, sous couvert de l’intention de réparer le décès du proche assassiné qui n’est plus que prétexte et faire-valoir. (On demande en réalité réparation de sa propre souffrance plutôt que du décès de la victime, et on se voit soi-même victime : c’est ainsi que l’expression « proches de la victime » est en réalité une forme de périphrase, de circonlocution qui cache le sentiment d’être soi-même la victime – mais comme il subsiste toujours une pudeur qui incline à voiler son ego honteux, on avance sous le masque de « famille de victime ».)
Le vrai croyant, lui, voit nécessairement dans ce qu’il lui arrive La Main d’ALLAH ﷻ Qui l’éprouve, et dans les auteurs de l’infraction qui le touche Son Instrument : en d’autres termes, il ne voit pas les créatures mais Le Créateur, car il voit la situation non pas avec son ego mais avec sa Basira ; et il pardonne spontanément à ces créatures qu’il sait n’être que des outils ; et, par voie de conséquence, il accepte ce qu’il lui arrive, patiente, et ne s’engage pas dans une démarche procédurière vengeresse pour réclamer réparation et soulager son ego meurtri.