بسم الله الرحمن الرحيم
On a coutume de confondre l’esprit personnel avec l’ego (Nafs), tant la force d’attraction du second est puissante – et elle l’est par l’emprise du monde matériel qui justifie sa présence : n’était ce monde matériel si prenant, si envahissant, cette Nafs ne se serait pas formée, et l’esprit personnel inclinerait naturellement et spontanément vers l’autre pôle du cœur qui est L’Esprit Divin (Ruh).
Mais dès les premiers pas dans le monde matériel et la formation de Nafs, l’esprit personnel s’est immédiatement attaché à cette dernière, au point d’en devenir indissociable.
Et surtout au point de devenir inamovible, fixé qu’il est à Nafs, littéralement figé ; car l’inertie de Nafs l’a définitivement capté et immobilisé.
Or, si Nafs est avec Ruh une des deux composantes fixes du cœur, inamovibles, l’esprit personnel (on le rappelle) est LA composante mobile du cœur, la variable qui a vocation à osciller d’un pôle à l’autre – de Nafs à Ruh.
Mais si on n’a pas été initié à la spiritualité, on ignore totalement cette donnée, et on est persuadé qu’il n’y a que l’ego – car on ne sait même pas qu’il y a un Ruh qui lui fait pendant : donc, dans l’esprit collectif, la dimension spirituelle de l’homme, c’est le seul ego – qu’on appelle communément « l’âme », sans même être conscient que cette appellation recouvre la dimension égotique de l’homme qui le relie au monde matériel.
Donc, pour le commun des mortels, il y a le corps d’un côté, et l’âme de l’autre ; et comme l’âme est monolithique, elle confond pêle-mêle l’esprit qui sert à penser, l’intellect, la conscience, les éléments de la personnalité, l’ego, avec cette notion de force invisible, impalpable, éthérée, invisible, immatérielle, qui sert à mouvoir le corps, à l’animer.
C’est ainsi qu’on confond l’esprit personnel avec Nafs.
Or, Nafs (on le rappelle), c’est la partie de L’Esprit Divin Ruh qui s’En est détachée pour se préoccuper des seuls besoins liés au corps, à la matière, et à la conscience de soi : elle ne vise que le bien être, la jouissance, la satisfaction personnelle ; L’Esprit Ruh Se situe originellement à la partie supérieure du cœur, en-haut, et Nafs s’est agglomérée à la partie inférieure, en-bas ; et l’esprit personnel, c’est cette variable neutre entre les deux, qui porte l’identité de l’homme, essentiellement composée d’un nom générique et d’une image de synthèse, et qui a vocation à osciller de l’une à l’autre à titre de témoin, d’indicateur ; il porte aussi la conscience et le libre arbitre ; l’esprit personnel, c’est le « toi ».
Donc, cet esprit personnel peut très bien tendre clairement vers Ruh – et c’est le cas des prophètes, des saints, des pieux : c’est ainsi qu’on a des individus, à la fois identifiés par une image et un nom (qui sont les attributs manifestes d’un esprit personnel), et à la fois caractérisés par les attributs de la foi ; autrement dit, on sait que telles personnes, comme porteuses d’un esprit personnel, inclinent vers telle orientation spirituelle : la dimension personnelle et l’inclination spirituelle sont deux choses différentes – pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pas qu’une seule dimension spirituelle, qui serait définitivement liée à la personnalité, les deux étant nécessairement confondues.
Et c’est pourtant ce qu’on a tendance à croire en associant l’esprit personnel à l’âme, comprise comme un bloc monolithique.
Ainsi confond-on l’esprit personnel avec la dimension égotique, et donc avec Nafs, car on a tendance à assimiler la personne, dans la neutralité de son identité, avec les turpitudes et mesquineries de son ego – et surtout à en faire une loi : car s’il est vrai que cette croyance se fonde sur la tendance de l’homme à faire fusionner son esprit personnel avec son ego, il ne faut jamais perdre de vue que l’esprit personnel, originellement, est lié à Ruh (Dont il est issu) par l’esprit muhammadien, qui est le fil de vie qui le relie au Divin : le lien avec Ruh est donc plus fort, dans l’absolu, que le lien avec Nafs.