بسم الله الرحمن الرحيم
On ne se débarrasse pas du proprium tant qu’on n’a pas fini son temps terrestre — même s’il tend à se dissiper au fur et à mesure qu’on se rapproche d’ALLAH ﷻ.
Le proprium est le signe de la servitude terrestre, et ce qui nous lie au monde matériel — inexorablement, inéluctablement, fatalement : tant qu’on n’a pas accompli son destin terrestre, fait sur terre ce qu’on a à y faire (dans l’absolu : connaître ALLAH ﷻ et Le faire connaître ; à défaut d’une intention sincère d’accomplir cette mission : toute autre chose à quoi ALLAH ﷻ nous a destiné), le proprium demeure, quel que soit le degré spirituel qu’on a pu atteindre.
Chez certains saints divinisés, toutefois, il se limite (outre le nom générique et l’image de synthèse qui sont intangibles) au corps — qui d’ailleurs perdure après leur mort par le phénomène de l’imputrescibilité : c’est qu’ils sont au degré de Ruh, et n’ont donc pas d’esprit personnel (au sens du caractère, de la personnalité, de l’intellect… — et même du libre arbitre) — car l’esprit personnel s’efface au Maqam Ultime de Ruh (le Rabbani n’a de caractère, de personnalité, d’intelligence, de volonté que d’ALLAH ﷻ, mais rien qui lui soit propre : son caractère est Le Caractère d’ALLAH ﷻ, sa personnalité est La Personnalité d’ALLAH ﷻ, son intelligence est L’Intelligence d’ALLAH ﷻ, et sa volonté est La Volonté d’ALLAH ﷻ).
Ces saints sont donc de quasi-illusions sur le plan humain, car ils n’ont en réalité d’humain que l’apparence des attributs corporels — un peu comme des projections holographiques mais sensibles (s’ils ont bien une réalité matérielle par leurs enveloppes charnelles, ils n’ont pas cette noirceur intérieure qui caractérise l’homme — du moins cette dualité entre ténèbres et lumière : tout en eux n’est que lumière, ce qui explique que leurs corps irradient de lumière).
Cela en dit long toutefois sur l’importance de l’apparence corporelle, de l’image, qui dans ce cas des saints manifeste La Divinité : autrement dit, Le Divin S’incorpore pour Se rappeler au bon souvenir des créatures, c’est Sa Façon de descendre parmi elles — mais il ne s’agit en aucun cas de Son Essence, juste d’une illusion, le but étant simplement de générer le souvenir, d’effectuer le rappel ; et les corps de ces saints apparaissent comme autant de balises qui servent à indiquer la bonne direction que doit prendre le cœur (et c’est la raison pour laquelle ces manifestations corporelles s’accompagnent de sensations agréables — et on pense à la bonne odeur que dégageait Padre Pio, ou au halo de lumière qui l’entourait).
Mais ces apparences d’humains que sont ces saints divinisés n’ont pas, comme le commun des hommes, d’âme instigatrice, ni même d’esprit personnel comme on l’a dit, vu qu’ils sont au Maqam de Ruh ; et ce qui les différencie des anges est que leurs corps sont bien créés d’argile — ce qui les rend tangibles, palpables, perceptibles dès le plan du Nasut : à la hauteur des hommes, à leur portée immédiate (c’est-à-dire que les hommes peuvent les appréhender par les sens, dans leur dimension) ; alors que les anges, qui sont intégralement créés de lumière, ne sont pas appréhendables par les sens mais par la seule Basira, et ne sont donc pas perceptibles en deçà du Malakut (ne peuvent donc commencer à les percevoir que ceux qui ont au moins accès à ce niveau, sachant que les anges majeurs évoluent au Jabarut : si on perçoit Jibril عليه السلام, c’est qu’on est rendu à cette dimension).