بسم الله الرحمن الرحيم
L’extinction (Fana) qui consiste pour l’esprit personnel à transiter dans la zone tampon (cette zone entre Lumière d’ALLAH ﷻ et lumière muhammadienne, entre L’Incréé et le créé) est quasiment une mort physique dans la mesure où tous les sens sont neutralisés, l’esprit personnel étant quant-à lui rendu à son état élémentaire (nom générique et image de synthèse), et la conscience étant nulle (ni conscience personnelle, ni Conscience Divine) ; et c’est le passage obligé pour s’élever à Ruh et accéder à La Conscience Divine.
La permanence (Baqa), c’est revenir de Ruh dans le monde matériel en conservant Cette Conscience Divine (mais Partielle, vu que L’État de Conscience Divine Totale est Un État Ponctuel Qui ne Se vit qu’à l’occasion de séjours furtifs dans Les Domaines Divins et n’est pas compatible avec les sensations du monde matériel, car on ne peut à la fois être Le Générateur des sensations et celui qui les reçoit — Le Créateur et la créature), tout en restant purifié de l’âme mais aussi de toutes ces choses du proprium (caractère, personnalité, intellect…) qui font de la créature la créature, qui font l’altérité — c’est-à-dire qui font qu’on est autre qu’ALLAH ﷻ (on ne conserve que les attributs élémentaires de l’esprit personnel qui sont le nom générique et l’image de synthèse) ; et cet état de Baqa permet de dire qu’on est « éteint » en ALLAH ﷻ — même si techniquement il ne s’agit pas du Fana total vu qu’on reçoit à nouveau les sensations constitutives du monde matériel : en d’autres termes, le Baqa, c’est cet état par lequel on est capable de rester dans La Proximité d’ALLAH ﷻ tout en éprouvant le monde matériel par les sens (ce qui en soi, par le paradoxe que ça recouvre et implique, est une gageure).
On peut parfaitement connaître le Fana sans atteindre le Baqa, mais on ne peut atteindre le Baqa sans connaître le Fana ; en réalité, tout dépend de La Volonté d’ALLAH ﷻ, et de ce qu’Il permet qu’on garde de Ruh lors de la redescente : ainsi, au passage retour dans la zone tampon, Il peut effacer tout souvenir du séjour à Ruh et restituer les attributs secondaires du proprium ; et même ajouter à la mémoire de l’esprit personnel, lors de la redescente vers le Nasut, des souvenirs du passage dans le Jabarut et le Malakut — et ce seront là les souvenirs des rêves, des rencontres avec des anges ou des Jinn qui auront donné les uns de bonnes choses, et les autres de mauvaises (on n’est plus, lors de la redescente à travers les différents domaines du Mulk, dans un état d’extinction totale, mais dans un état de conscience personnelle altérée).
Toujours est-il que le Fana est une « petite mort » au sens où il suspend la vie matérielle qui ne s’éprouve que par les sens.
[Le Fana, au moment où il est vécu, correspond à un état d’inconscience totale dans la zone tampon — au néant ; tant que demeure une conscience partielle (comme un rêve, par exemple, qui n’est jamais qu’un état de conscience personnelle altérée), c’est qu’on n’est pas parvenu jusqu’à la zone tampon et qu’on transite quelque part entre Nasut et Jabarut — et on peut revenir de cet état sans aller jusqu’à la zone tampon (c’est-à-dire, par exemple, qu’on aura eu un sommeil léger fait de rêves, mais qu’on se sera réveillé avant de s’éteindre complètement dans la zone tampon — et donc avant même d’avoir eu l’opportunité d’aller jusqu’aux Domaines Divins).]