بسم الله الرحمن الرحيم
Le Shaykh est ce qui permet au Murîd, dans le monde matériel, de localiser l’esprit muhammadien dans son cœur, via son prophète de tutelle : en d’autres termes, le Shaykh fait la jonction, le lien, entre le monde matériel et le monde spirituel, dont Sayyidina Muhammad ﷺ est le maître, et dont les prophètes sont les représentants et/ou les intermédiaires muhammadiens obligés (ou, car ALLAH ﷻ – comme on le verra – peut décider de limiter aux prophètes l’accès à la réalité muhammadienne) ; prophètes dont la corporation, la compagnie, le rang (notions qu’on synthétise sous l’appellation de « Nubuwwa ») constitue en soi, donc, un degré à part entière (parmi d’autres) de l’esprit muhammadien (la Wilaya en étant un également).
Et une fois qu’il a identifié et localisé son Muhammad ﷺ intérieur, le Murîd a activé le lien qui le relie à ALLAH ﷻ ; à partir de là, et tant qu’il restera conscient de cette réalité muhammadienne, il sera lié à ALLAH ﷻ (c’est d’ailleurs tout le sens et l’importance de la prière sur le Prophète ﷺ : on demande à ALLAH ﷻ de maintenir vivant ce lien muhammadien , cet esprit en soi de Son Messager ﷺ ; de ne pas le laisser s’éteindre, de le garder vivace).
Ce lien muhammadien entre le Murîd et ALLAH ﷻ est sa ligne de vie : il peut plonger aussi bas que possible dans le Dunya et ses turpitudes, tant qu’il reste lié à ALLAH ﷻ par Muhammad ﷺ (via le Shaykh et le prophète de tutelle), il finit toujours par revenir à ALLAH ﷻ.
Et c’est bien ALLAH ﷻ, en réalité, Qui décide ou non de maintenir vivant ce lien, sur la base de la Niya qu’Il lit dans le cœur du Murîd : si cette Niya est sincère, Il lui inspire la prière sur le Prophète ﷺ et le laisse, par ce moyen, attaché à LUI.
Si cette Niya est absente ou défaillante, Il finit par rompre ce lien muhammadien entre LUI et le serviteur (si tant est qu’Il le lui ait jamais activé – c’est une autre histoire), comme on déclipse le mousqueton d’une corde d’escalade : en d’autres termes, il cesse de lui inspirer la prière sur le Prophète ﷺ.
Et comme cette prière passe par l’intermédiaire du Shaykh et du prophète de tutelle, Il éloigne, dans le monde matériel, le Shaykh du Murîd, ce qui a pour effet de couper ce dernier de sa référence prophétique, et donc de Muhammad ﷺ ; car on ne peut être lié à Sayyidina Muhammad ﷺ sans avoir un lien particulier avec un prophète de tutelle, qui se manifeste par une conscience accrue de ce prophète en particulier : c’est ainsi qu’on se rend compte, un jour, que Sayyidina Mûsa (ou Sayyidina ʿÎsa, ou Sayyidina Yûssuf, ou Sayyidina Ibrahim… – عليهم السلام) prend une place particulière dans son cœur, et que l’on se réfère à lui de manière récurrente, et bien plus en tout cas qu’aux autres prophètes.
Dans certains cas, et pour des raisons qui n’appartiennent qu’à LUI, ALLAH ﷻ bloque le cheminement spirituel au niveau de ce prophète de tutelle – et c’est le cas, en particulier, des Gens du Livre et des autres traditions : c’est ainsi que les juifs ne se réfèrent qu’à Moïse, que les chrétiens ne se réfèrent qu’à Jésus, ou que les bouddhistes ne se réfèrent qu’à Bouddha, sans avoir la conscience du pur esprit muhammadien, sans être éveillés à la Haqiqa Muhammadiyya (pour eux, la réalité muhammadienne pure se manifeste uniquement par, et se limite à Moïse, à Jésus, ou à Bouddha) ; il ne s’agit jamais là que d’un voile qu’Il dresse entre les gens et Muhammad ﷺ – entre les gens et LUI – et Il sait mieux pourquoi, et Il a Ses Raisons ; ce qui ne signifie en rien que les gens qui se réfèrent à Moïse, à Jésus ou à Bouddha sont plus mauvais que les muhammadiens – loin de là : d’autant que nombre des gens de la Umma de Sayyidina Muhammad ﷺ sont loin d’être pleinement éveillés sur et à la Haqiqa Muhammadiyya, et n’ont de Muhammad ﷺ qu’une connaissance très superficielle, qui ne leur apparaît alors que comme un voile ; au même titre que les juifs avec Moïse , que les chrétiens avec Jésus, ou que les bouddhistes avec Bouddha : car dans ce cas, Muhammad ﷺ ne joue pour eux que le rôle du prophète de référence (au même titre que Moïse, ou Jésus, ou Bouddha) sans qu’ALLAH ﷻ n’ait pour autant activé, dans leurs cœurs, le pur esprit muhammadien censé les mener jusqu’à LUI.
Muhammad ﷺ a donc plusieurs degrés de connaissance, qui va de sa pseudo connaissance (ou connaissance déviée) via un certain Mahomet, à sa connaissance ultime qui est la pleine conscience de la Haqiqa Muhammadiyya, en passant par sa connaissance superficielle qui consiste à le connaître comme prophète de tutelle, au même titre que Jésus ou Moïse – et on ne parle pas des sous degrés intermédiaires comme la Wilaya.