بسم الله الرحمن الرحيم
On peut dire qu’il y a le « cœur du haut » (en fait le haut du cœur), le cœur spirituel de l’amour d’ALLAH ﷻ et de RasuluLLAH ﷺ, où trône ALLAH ﷻ : c’est Ruh ; l’esprit personnel est directement relié à Ruh par l’esprit muhammadien — et il s’agit d’un lien natif permanent, comme un câble ; originellement, l’esprit personnel est intégré à Ruh : à l’état de Fitra, il est éteint en LUI, réduit à sa forme la plus élémentaire (nom générique et image de synthèse), et ne connaît donc que Ruh.
Et il y a le « cœur du bas » (en fait le bas du cœur), le cœur terrestre de la consécration au (et du) moi dans l’illusion des sensations reçues de l’interaction du corps avec le monde créé (le corps et le monde étant les deux aspects antagonistes et interdépendants de l’illusion matérielle), où siège l’ego dans ses deux dimensions, primaire et secondaire (l’ego primaire étant, on le rappelle, celui — purement animal — de la satisfaction instinctive des besoins matériels élémentaires, et l’ego secondaire étant celui — purement humain — de la conscience et de l’amour de soi) : c’est Nafs — An-Nafsu Al-Ammara Bi As-Su’i, l’âme instigatrice du mal ; l’esprit personnel, s’En extrayant et se développant (des choses comme le caractère et la personnalité, notamment, se façonnent progressivement), se détourne de Ruh pour s’orienter vers Nafs (tout en restant lié à Ruh par l’esprit muhammadien) selon un processus bien déterminé : en recevant les premières sensations, qui consistent donc en interactions du corps avec le monde sensible (le monde sensible est le témoin, l’étalon par quoi se révèle et s’exerce le corps), l’esprit puise de Ruh comme ressource disponible pour satisfaire les besoins élémentaires du corps qui exigent un effort (manger, respirer, faire ses besoins…), et ce qui a été utilisé de Ruh se dépose au fond du cœur et devient Nafs (Nafs est donc toute la partie de Ruh qui s’est dégradée en satisfaisant les besoins matériels) : l’ego primaire est ainsi formé ; à force de sensations et d’émotions liées au corps et à la matière, la conscience de soi s’opère (« Je mange, et même j’y prends du plaisir, donc je suis ! »), et la satisfaction de soi dans l’interaction avec le monde créé (et même, au-delà, le culte gratuit de soi) finit par devenir une finalité, une chose qu’on cultive quitte à aller toujours plus loin dans l’oubli et la transgression (car, repoussant constamment les limites, on finit nécessairement par aller chercher cette satisfaction bien au-delà des Règles de La Loi d’ALLAH ﷻ) : les parties dégradées de Ruh qui ont formé l’ego primaire, et donc Nafs, se dégradent un peu plus en cultivant la satisfaction personnelle au-delà des simples besoins primaires, tombent un peu plus bas au fond du cœur, et l’ego secondaire se forme ; c’est ainsi que les deux degrés de l’ego qui constituent An-Nafsu Al-Ammara Bi As-Su’i adviennent — et c’est bien l’ego secondaire (qui est à l’origine de tout ce qui est orgueil, perversion, jalousie, ostentation, luxure…), rajouté à l’ego primaire, qui fait de l’âme (Nafs) qu’elle est instigatrice du mal (Al-Ammara Bi As-Su’i) ; l’ego primaire, en soi, ne relevant que de l’instinct animal.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les sensations du monde matériel (ici compris comme l’interaction du corps avec le monde qui l’environne, les deux se répondant dans un échange permanent) précèdent les deux niveaux de l’ego, et que ce qui génère, alimente et développe l’ego, ce sont donc les sensations, en ce qu’elles fabriquent un lien artificiel entre l’esprit personnel et un monde matériel (corps + monde sensible) illusoire : qu’on neutralise les sensations et l’esprit, coupé du leurre du monde matériel, revient spontanément à ALLAH ﷻ, en vertu de son attache à LUI qu’est l’esprit muhammadien (qui s’intercale, on le rappelle, entre L’Esprit Divin Ruh et l’esprit personnel, et fait la jonction entre les deux) ; on peut aussi dire que le monde matériel précède l’ego — mais vu qu’il ne saurait y avoir de monde matériel (toujours compris comme la synthèse du corps et de son environnement intriqués dans une correspondance permanente) sans les sensations qui en donnent l’illusion, on en revient au même point : il ne saurait y avoir d’ego sans sensations ; mais si l’on est capable de voir dans ces sensations et dans ce qu’elles génèrent en termes de création, au lieu de soi aux prises avec le monde, Les Manifestations de La Volonté Créatrice d’ALLAH ﷻ, c’est que l’esprit personnel s’est réorienté vers Ruh et s’est rapproché de LUI : c’est qu’on a fait le chemin inverse, après la chute vers le cœur du bas, du retour vers le cœur du haut ; autrement dit, on a cheminé vers ALLAH ﷻ — et c’est là la finalité et le sens de cette épreuve qu’est le monde matériel via les sensations : autant elle éloigne de LUI dans un premier temps, autant elle permet de Le (re)connaître et de se rapprocher de LUI dans un second temps, moyennant une intention et quelques efforts déterminés, prescrits et légiférés dans le Qur’an et par Sayyidina Muhammad ﷺ.