بسم الله الرحمن الرحيم
L’état de conscience adamique correspond donc au degré réalisé du prophète de tutelle : on revient à l’état adamique en réalisant le degré du prophète de tutelle, car Adam عليه السلام était lui-même prophète.
Et quand on est prophète, dans l’absolu (on parle ici du prophète dans sa dimension spirituelle, hors de toute considération matérielle), on est l’homme universel, avec pour tout élément identitaire la dotation basique — c’est-à-dire :
- d’une part, L’Esprit Ruh au sens métonymique (savoir : l’esprit personnel à son état élémentaire [nom générique + image de synthèse], lié au Pur Esprit Divin par l’esprit muhammadien ; il faut donc comprendre par Ruh, au sens métonymique, le pack [Esprit Divin > esprit muhammadien > esprit personnel élémentaire]) ;
- d’autre part, le corps à son état le plus pur (comprendre : son état virtuel et conceptuel, tel que l’a voulu ALLAH ﷻ avant de le projeter dans le monde matériel, sous sa forme la plus synthétique).
(On peut toutefois considérer que l’image de synthèse de l’esprit élémentaire englobe le corps dans sa dimension conceptuelle, mais on préfère ici décomposer afin de faciliter la compréhension : ainsi l’image de synthèse représente plus particulièrement la face, et le corps représente la silhouette humaine dans sa globalité.)
C’est ainsi qu’Adam lui-même عليه السلام — à son état originel (celui dans lequel il se trouvait quand les anges se sont prosternés devant lui), avant son renvoi dans le Nasut — était le mariage du corps d’argile crissante (à son état élémentaire de silhouette — car même si ALLAH ﷻ l’a conçu, pensé dans cette matière qu’est la boue, le corps n’était encore à ce stade qu’Un Pur Concept Immatériel) et de L’Esprit Ruh, entendu ici, au sens métonymique, comme l’ensemble [esprit personnel élémentaire < esprit muhammadien < Esprit Divin] ; et il faut bien comprendre qu’Adam ne fut Adam عليه السلام qu’au moment ou ALLAH ﷻ insuffla de Son Esprit (comprendre : Le Ruh au sens métonymique) à la statue d’argile, qu’à partir du moment où cette statue s’anima de Ce Souffle Divin, mais qu’en aucun cas cette statue inanimée pendant une quarantaine d’années ne fut le prophète Adam عليه السلام.
Et ça n’est qu’au moment de sa descente sur terre que ce couple [corps + Ruh] a été complété avec le proprium — à savoir tous les autres éléments de l’identité liés à la vie matérielle, tous les « détails » pourrait-on dire.
On part donc, dans un premier temps, de Ruh au sens métonymique (sachant que Ruh — y compris sa composante [esprit personnel] — préexiste à tout le reste) ; à Ruh s’adjoint donc, dans un second temps, le corps d’argile à son état brut le plus neutre (dénué de toute caractéristique personnelle) — et on se trouve toujours, là, dans les domaines éthérés ; enfin, au moment de la descente sur terre (en réalité : au moment où le film de la vie matérielle commence à être projeté à l’esprit) le pack du proprium va venir compléter l’ensemble, l’ « habiller » dans les moindres détails (anatomiques, biologiques, physiologiques, psychologiques…).
Et le cheminement spirituel, qui correspond au processus inverse, consiste notamment, pour l’esprit personnel qui s’était un peu éloigné du Ruh originel (auquel il restait néanmoins attaché par l’esprit muhammadien — un peu comme on reste attaché à sa famille par les liens d’amour et de sang quand on quitte son foyer pour un long voyage, même si on a tendance à l’oublier un peu au gré de ses aventures et péripéties), à se dépouiller de tout ce proprium qui l’avait fatalement détourné, donc du corps dans sa dimension matérielle (en éliminant notamment les sensations y-attachées), et à revenir à son état prophétique/adamique originel (qui n’est en fait qu’une étape du cheminement) — c’est-à-dire à cet état global fait de Ruh au sens métonymique, et du corps dans sa dimension immatérielle quasi spectrale. (C’est d’ailleurs dans cet état qu’apparaissent certains esprits — de morts ou de vivants — dans le monde matériel, afin de s’y manifester par Permission d’ALLAH ﷻ : ainsi, quand on voit un fantôme, on ne fait que percevoir un être dans son état adamique global, qu’on reconnaît donc à sa face — son image de synthèse — qui permet de poser un nom — générique —, avec un corps spectral, évanescent.)
Ainsi purifié (détaché de tous les liens au monde matériel, de tous les attributs personnels le rattachant à ce dernier, de Nafs qui s’était formée entre temps et a été éradiquée), il ne reste plus à cet esprit personnel (revenu à son état adamique/prophétique originel, fait du Seul Ruh et de cette silhouette corporelle elle-même vouée à se dissiper, à disparaître — et ça se produira dans la zone tampon, cet isthme entre les deux lumières), en termes d’attachements (et c’est inhérent au Ruh Dont il est), que son lien à ALLAH ﷻ (à L’Esprit Divin Le Plus Pur) qui n’est autre que l’esprit muhammadien : autrement dit, ne demeure plus, entre ALLAH ﷻ et lui, que l’esprit muhammadien ; qu’il remonte le courant de cet esprit muhammadien, qu’il remonte sa lumière, et il arrivera à la porte du Maqam de l’effacement, cet isthme entre les deux lumières (La Lumière Fondatrice d’ALLAH ﷻ et la lumière muhammadienne), ce lieu du Fana total qu’est le champ du نور على نور (Nûrun ʿAla Nûr) ; ce lieu du dépouillement total de soi, à La Frontière de Ses Domaines réservés, par lequel ne peut évoluer dans Ces Derniers nulle autre Présence que La Sienne — sauf Invitation Expresse de Sa Part, aux fins exclusives de témoignage de Son Existence, et à la seule condition de Cet Amour Inconditionnel et Spécifique qu’Il ne porte qu’à certains élus comme Sayyidina Muhammad ﷺ.