بسم الله الرحمن الرحيم
Si certains courants soufis considèrent que le croyant n’a pas à s’occuper de politique, c’est une hérésie absolue : d’abord, parce que le Prophète ﷺ était un homme d’État, un chef d’État — donc un politique au sens noble et étymologique du terme (la gestion de la cité) ; ensuite, parce que le propre de la foi — son challenge, son défi —, c’est de se vivre dans le monde matériel malgré l’apparente contradiction que ça implique — et le croyant ne peut pas s’exonérer de la vie sociale, de la vie de la cité, et ne peut pas ne pas s’y impliquer.
Si l’on réfléchit un peu à une organisation politique de l’Islam dans le monde (qui souffre actuellement d’une fragmentation qui est sa faiblesse, loin de l’unité de ses premiers temps), elle ne peut (et doit) s’articuler qu’autour de deux choses : un Calife, dans la succession et la continuité des Califes bien guidés ; et un territoire, qui ne peut être que le Hijaz où sont les lieux saints ; autour de cette gouvernance centrale, incarnée par un Calife basé au Hijaz, on peut concevoir, dans le monde, soit des provinces inféodées (tous les pays historiquement islamiques), gérées par des gouverneurs nommés par le Calife, soit des communautés islamiques dans les pays non musulmans, dont les ambassadeurs (nommés par les Califes) seraient les représentants, et les intermédiaires avec les pouvoirs locaux, chargés de négocier en permanence avec ces derniers l’intégration et les conditions de vie de la Umma sur place.
Dans l’hypothèse où la Umma sur place serait persécutée, on pourrait envisager soit une Hijra pure et simple, soit un Jihad armé (Qital) qui pourrait éventuellement aboutir à la conquête de ces territoires — et dans ce cas il appartiendrait au Calife de nommer des gouverneurs dont le premier souci serait d’assurer la paix et le bien être des populations non islamiques, dans une Dhimma bien comprise.
Ce projet implique bien entendu une reconquête du Hijaz, donc de chasser la secte wahhabite et son idéologie morbide, et de faire nommer par un conseil (une Shura) de Shuyukh (unanimement reconnus par/dans la Umma comme des pieux — et là, le consensus est obligatoire) un Calife dans la continuité des quatre Califes bien guidés (et ça serait la restauration du Califat sous sa forme initiale) ; car la dictature wahhabite, qui a pris l’Islam sunnite en otage, est bien le verrou à faire sauter, qui bloque l’essor de l’Islam dans le monde, car il est un levier de contrôle à la main de l’empire atlanto-sioniste qui a tout intérêt à étouffer le véritable Islam, en plus d’être un repoussoir grotesque, une caricature totalement contraire à l’esprit d’ouverture universelle de l’Islam.
Cela passe par la constitution dès maintenant d’un conseil de Shuyukh, de savants éclairés, qui doivent réfléchir sans tarder à une stratégie de reconquête des lieux saints et du Hijaz — quitte à mener cette réflexion en secret dans un premier temps ; car la stratégie, la politique, et la guerre, entrent pleinement dans la Sunna du Prophète ﷺ : il ne s’agit pas là de gros mots, et ces choses ne sont pas taboues en Islam.
Mais ce sont des choses qui doivent être conduites avec sagesse, par des gens jouissant d’un haut niveau de foi et dont l’héritage muhammadien (sur le plan spirituel) ne fait aucun doute.
Et il faut se débarrasser, pour accepter ce concept, de cette idée que la foi à son plus haut degré — la sainteté — serait incompatible avec la chose politique, et que le saint serait au-dessus de ça : bien au contraire, c’est aux seuls saints qu’incombe cette chose — car si on ne la confie pas aux sages, à qui d’autre peut-on la confier ? À des gens eux-mêmes gouvernés par leurs ego ? On ne voit que trop bien à quoi cela aboutit dans le monde…
On se contentera de rappeler que tous les Califes bien guidés, ainsi que les gens auxquels ils déléguaient une responsabilité politique ou militaire, étaient eux-mêmes des saints — à l’instar de Sayyidina Salman Al-Farisi رضي الله عنه, gouverneur de Perse.





