بسم الله الرحمن الرحيم
Conformément à La Loi d’ALLAH ﷻ, chaque sensation reçue par un individu est unique, s’inscrivant parfaitement dans une chronologie déterminée, sur une ligne de temps (une timeline comme on dit aujourd’hui).
Toutefois, par le biais de technologies qu’Il nous a dévoilées et enseignées, Il nous permet de reproduire ces sensations — ou du moins Il nous permet l’illusion de leur reproduction, car ce sont de nouvelles sensations, ressemblantes aux originales mais toujours déformées, amoindries, altérées par le filtre des appareils enregistreurs.
Pour preuve que ces appareils « enregistreurs » ne reproduisent pas, mais sont juste la cause de nouvelles sensations, les caméras de vidéosurveillance servent à capter des scènes en notre absence, hors de toute sensation préalable — mais pour nous il s’agit tout de même d’ « enregistrements » (donc de reproductions), alors qu’il convient plutôt de parler de sensations indirectes vu qu’elles se produisent par l’intermédiaire d’un appareil.
Une photographie n’est donc pas la reproduction d’une sensation visuelle qu’on fige, mais n’est jamais que le support, la cause, non pas d’UNE nouvelle sensation, mais d’autant de nouvelles sensations que de fois qu’on regarde cette photo — car chaque visualisation, ne serait-ce que par le contexte (mais aussi et surtout par le moment — car chaque chose a son temps) est différente ; et si elle est censée renouveler l’émotion de la sensation initiale (celle qu’on prétend reproduire), cette émotion varie en fait avec le temps — soit qu’elle s’efface, soit qu’elle s’amplifie, soit qu’elle se transforme (selon le contexte, la même photo peut susciter l’amour à une période et la haine à une autre, ou la joie à une période et la tristesse à une autre) —, et ces variations sont autant de marques de nouvelles sensations, car à chaque instant sa sensation (autrement dit, chaque sensation, chaque regard porté sur la photo, correspond à un moment donné et unique de la chronologie).
Faire une vidéo, filmer une scène — malgré une intention revendiquée de reproduire une sensation vécue en direct (et c’est le cas notamment des vidéos de témoignage, comme par exemple les films de mariages ou les vidéos d’urbex) —, consiste ainsi, en fait, à fabriquer un support de nouvelles sensations, s’appuyant certes sur une sensation initiale mais qui ne sera jamais revécue puisque son temps est irrévocablement échu (encore qu’un film de fiction vise clairement à produire des sensations inédites, avec une intention de suggestion, une orientation — et c’est là tout le principe de l’art cinématographique).
Ainsi, s’il est vrai que, par Permission d’ALLAH ﷻ, on peut produire le support, la cause de nouvelles sensations ressemblant à une sensation directe initiale, il n’en demeure pas moins que ce ne seront jamais que de nouvelles sensations, correspondant chacune à une autre situation à un autre moment, avec un sens et un enjeu bien précis ; mais nous partons souvent avec l’illusion que nous reproduisons fidèlement une sensation, alors qu’il n’en est rien : déjà parce que ça n’est jamais fidèle puisque altéré — mais surtout parce que le renouvellement de la sensation par ce biais, par ce support, ne se produit pas au même moment en termes de chronologie, et ne peut induire la même perception (la même interprétation, le même effet), et donc la même transformation en termes de choix et d’action : étant sur une ligne de temps en perpétuel mouvement, qui avance inexorablement selon une progression rigoureusement déterminée par ALLAH ﷻ (avec pour Loi que c’est évolutif, que ce qui est ressenti est définitivement ressenti, perçu, et transformé), on ne peut définitivement pas revenir en arrière et « reproduire » quelque situation et sensation y-attachée que ce soit (même si on a l’impression de revivre à l’identique certaines situations, c’est toujours à un moment ultérieur de la chronologie, dans un autre contexte — comme par exemple repasser un examen raté, qui plonge dans un contexte similaire à celui déjà vécu et donne l’illusion de revivre la même chose — ou dans une autre dimension que le monde sensible — comme (re)vivre en rêve une situation déjà vécue (ou à vivre) dans le monde matériel).





