بسم الله الرحمن الرحيم
Atteindre La Proximité d’ALLAH ﷻ — Al-Haqq —, être dans Sa Présence, et recevoir toute la lumière qui En découle, c’est une chose ; mais savoir restituer tout cela, le transmettre, le communiquer, c’en est une autre.
Car il ne suffit pas d’avoir atteint les degrés de la foi (Al-Iman) et de l’excellence (Al-Ihsan) : ça, c’est juste la moitié du chemin ; l’objectif ultime, c’est de transmettre — ou du moins d’être autorisé à transmettre, parce que ça ne se fait que par Autorisation d’ALLAH ﷻ.
Il n’a fallu que peu de temps à Sayyidina Muhammad ﷺ pour être pleinement réalisé ; mais on se rend compte que ce qui lui a pris le plus de temps, ce qui a exigé de lui le plus gros effort, ce qui lui a demandé le plus de patience et de persévérance, c’est la transmission, l’appel — le Daʿwa ; et en vérité, il n’a reçu ce qu’il a reçu QUE pour le propager, le diffuser, le répandre, le transmettre — avec en plus un travail pédagogique de fond, d’explication, d’enseignement, car il portait à la fois le message à l’état brut, et la science du message, sa lumière cachée.
Ainsi le vrai croyant (celui dont le cœur frémit quand on mentionne ALLAH ﷻ, et dont la foi augmente quand Ses Versets lui sont récités) ne met pas beaucoup de temps à atteindre La Proximité ; mais le malheureux est celui qui atteint La Proximité d’ALLAH ﷻ, sans recevoir l’autorisation et la capacité — parce qu’il n’en pas eu la Niya — de transmettre et d’appeler à ALLAH ﷻ ; celui-là est comme celui qui reçoit des milliards de dollars sur une île déserte, sans avoir la possibilité de les dépenser : cette fortune ne lui sert à rien, parce qu’il est bloqué sur un bout de terre de quelques kilomètres carrés, avec rien que de la végétation et l’océan tout autour : pas de boutique de luxe où dépenser son argent, pas de bijouterie, pas de parfumerie, pas de concession de voitures de sport, pas d’agence immobilière spécialisée dans la vente de biens de prestige… Rien — wallou !
Telle est la frustration de celui qui reçoit la connaissance sans avoir la possibilité de la transmettre : à quoi bon toute cette science sacrée, si c’est uniquement pour la garder par devers soi ? À quoi bon posséder un avion de chasse sans licence de pilote ?
Sayyidina Muhammad ﷺ n’aurait pas été Le Messager d’ALLAH ﷻ s’il n’avait eu pour fonction (et donc la faculté intrinsèque) de transmettre, de propager, d’appeler ; il aurait pu recevoir tous les Qur’an et toutes les révélations du monde, que tout cela aurait été parfaitement vain si ça n’avait été que pour le garder pour lui.
Ainsi, si ALLAH ﷻ fait à un serviteur Le Don de Sa Proximité et de tout ce qu’Elle implique en termes de science et de connaissance, c’est nécessairement pour que ce dernier appelle à LUI : alors il est informé de son degré et de sa responsabilité, et il fait ce qu’il a à faire.
Et si ALLAH ﷻ fait à quelque autre serviteur Le Don de Sa Proximité, mais sans l’En informer, en le laissant voilé sur son Maqam, c’est qu’Il veut le garder pour LUI Seul, sans le destiner au Daʿwa : car ALLAH ﷻ destine certains élus à Son Adoration Exclusive et Permanente, sans autre fonction que de L’adorer — et ceux-là ne sont même pas conscients de leur Wilaya, parce qu’ils risqueraient de regarder plus leur Wilaya qu’ALLAH ﷻ.
Et le grand malheureux, donc, c’est celui qui atteint la Proximité, qui est informé et conscient de son Maqam, mais qu’ALLAH ﷻ n’a pas autorisé à appeler à LUI ; qui se voit réduit au silence, incapacité — car il ne lui a pas été attribué cette faculté de parole éclairée, cet attribut du charisme, cette science du Discours et de la Rhétorique Divins, par quoi tout ce qu’on dit (et fait) rappelle ALLAH ﷻ et oriente vers ALLAH ﷻ.
C’est qu’il manque à ce serviteur, pour devenir un transmetteur dans la lignée de Sayyidina Muhammad ﷺ, un de ses héritiers, une pointe de sincérité dans l’intention ; mais si cette sincérité finit par arriver, alors le serviteur sera doté de l’attribut du charisme, de l’éloquence muhammadienne, de la lumière dans le verbe, et il pourra enfin dépenser généreusement cette science dont il ne savait que faire et qui lui brûlait le cœur faute de pouvoir en sortir : il aura enfin été autorisé à appeler à ALLAH ﷻ.