بسم الله الرحمن الرحيم
Le monde matériel fait de sensations, dans son paradoxe, a été conçu pour connaître ALLAH ﷻ, comme Projection de Son Génie Créateur : c’est uniquement par la manifestation qu’il constitue qu’on peut remonter à L’Être Informel, Immatériel Qui le pense, le conçoit, le déploie via les sens dans les esprits personnels.
Mais ce qui est paradoxal, c’est que ce film, cette projection, conserve toujours la faculté intrinsèque de faire oublier ALLAH ﷻ : il est à la fois ce qui éveille à Sa Présence (pourvu qu’on prenne de la hauteur et qu’on se détache des apparences pour considérer La Source) et ce qui En détourne (si on s’attache excessivement à ses artifices).
Aussi, une fois en Présence d’ALLAH ﷻ — une fois l’esprit personnel orienté vers LUI, éveillé à Sa Présence et positivement conscient de Son Existence — il convient dans la mesure du possible de toujours rester vigilant quant-à la menace permanente du monde sensible — quand bien même tout nous y rappellerait son Créateur ; car on n’est jamais à l’abri d’un relâchement de la vigilance, d’un moment d’oubli, tant ce monde de sensations, à l’instar d’un poison subtil, est sur l’esprit personnel d’une puissance redoutable.
Et c’est pour ça que les connaissants par ALLAH ﷻ détestent tant ce Dunya, car ils sont bien conscients du piège constant qu’il constitue, et de l’effort permanent de vigilance (Muraqaba) qu’il implique pour ne pas se laisser distraire par ses leurres et pour ne voir en lui qu’ALLAH ﷻ ; et c’est ce qui faisait dire à Sayyidina Muhammad ﷺ qu’il ne vaut pas plus que l’aile d’un moustique : car en effet, en soi, intrinsèquement, il n’a strictement aucune valeur, même dans ses ors les plus reluisants : sa valeur ne réside que dans Son Créateur, Qui Seul mérite toute considération et toute attention.
Et il convient donc, face à lui (face au monde sensible), de toujours faire cet effort de se replier, de remonter au plus profond de son cœur où demeure La Lumière ; mais on ne peut y parvenir pleinement que si on a au moins une fois séjourné dans Les Domaines Divins, en état de Fana puis de Conscience Divine, et que si, une fois redescendu, on conserve de cette expérience un souvenir, qui sera à la fois le lien avec Le Divin et le fondement du témoignage formel de Son Existence ; car on ne peut se replier que vers ce qu’on connaît, et trouver refuge que dans un abri connu — même si, pour les sincères, le Yaqîn et l’intention suffisent, à défaut de Fana et d’état de Conscience Divine, à prémunir, dans une certaine mesure, des artifices du monde sensible.