بسم الله الرحمن الرحيم
« Réussit, certes, celui qui se purifie, / Qad Aflaha Man Tazakka
« Et se rappelle Le Nom de son Seigneur, prie. / Wa Dhakara Isma Rabbihi Fa Salla »
Selon ces deux versets, les étapes de la réussite sont :
1) La purification (Tazkiya) : c’est l’étape de la préparation à La Présence (« Qad Aflaha Man Tazakka ») ;
2) Le rappel (Dhikr) : c’est l’étape de l’orientation vers ALLAH ﷻ, de la mise en Présence (« Wa Dhakara Isma Rabbihi… ») ;
3) La prière (Salât) : c’est l’étape de l’interaction directe avec ALLAH ﷻ (par l’échange, la conversation…), pendant laquelle on éprouve La Présence, on s’En nourrit, et surtout on En profite (« …Fa Salla »)…
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- La purification (Tazkiya) – qui est donc préparation à La Présence d’ALLAH ﷻ – est double : purification du cœur, et purification du corps :
- La purification du cœur : on émet l’intention de se débarrasser de tout ce qui n’est pas ALLAH ﷻ (péchés, mauvais comportements, passions…) par la double formule d’Istighfar+Tawba : « Je demande pardon à ALLAH ﷻ Le Très Grand, Celui sauf Qui il n’y a point de divinité, Le Vivant, Le Subsistant, et je me repens à LUI. / AstaghfiruLLAH Al-ʿAzim Al-Ladhi La Ilaha Illa Huwa Al-Hayyu Al-Qayyum Wa Atubu Ilayhi » ; cette formule est à la fois une évocation – un Dhikr – parce qu’on y mentionne Le Nom d’ALLAH ﷻ ; et une invocation – une Duʿa – parce qu’on y demande d’une part l’effacement des péchés par la demande du Pardon d’ALLAH ﷻ, d’autre part Sa Guidance en attestant de son repentir, de son intention de se réformer (la Guidance succède nécessairement au repentir, et elle se manifeste par l’adjonction d’un Murshid, qui est le signe qu’ALLAH ﷻ accepte le repentir) ; il ne s’agit là en fait que de l’initiation du processus de purification, qui se poursuit et même se déroule réellement à l’étape suivante, celle de l’orientation par la constance dans le Dhikr ; à ce titre, l’Istighfar+Tawba est une introduction au Dhikr – ou un Dhikr d’introduction – et il explique le verset (2:222) : « Certes ALLAH ﷻ aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient / Inna ALLAHa Yuhibbu At-Tawwabin Wa Yuhibbu Al-Mutatahhirin » : le repentir (donc la pré-purification, l’intention) précède la purification du corps – Al-Wudu – d’une part (l’esprit précède toujours la matière) ; et, d’autre part, l’étape de la purification à long terme qu’est le Dhikr, qui est aussi celle de l’orientation et de la mise en Présence.
- La purification du corps : on fait Al-Wudu pour confirmer l’intention de se purifier que recouvre Istighfar+Tawba (comme pour la sceller, d’une certaine manière), et pour se préparer au Dhikr, se mettre en condition : l’ablution du corps s’intercale donc entre l’intention de se purifier (manifestée par Istighfar+Tawba), et sa concrétisation, sa confirmation qu’est le Dhikr.
- Le rappel(Dhikr) – qui est donc orientation vers ALLAH ﷻ et mise en Sa Présence – est double également : Dhikr du cœur, et Dhikr du corps :
- Le Dhikr du cœur : après avoir formulé l’intention de se purifier, de se débarrasser, par l’Istighfar+Tawba, de tout ce qui n’est pas ALLAH ﷻ, on se met maintenant en Sa Présence en orientant exclusivement son cœur vers LUI – c’est-à-dire en se plongeant, par un effort d’attention, dans l’état de vigilance (Muraqaba) par lequel on Le craint : autrement dit, on fait comme si on Le voyait, avec tout ce que ça implique en termes de crainte révérencielle (on applique le célèbre Hadith de Al-Ihsan) ; il s’agit également de la poursuite et du parachèvement du processus de purification – initié à l’étape précédente (l’étape de préparation) par l’Istighfar+Tawba –, qui a vocation à se prolonger sur du plus ou moins long terme selon l’état d’impureté du cœur ; le Dhikr du cœur se fait intérieurement, par l’esprit, et s’accompagne de l’évocation par la pensée du Nom ALLAH ﷻ – cependant qu’on s’imagine tout ce qui rappelle ALLAH ﷻ, à commencer par L’Homme d’ALLAH ﷻ (le Walî) si on en connaît un.
- Le Dhikr du corps : consistant à tourner sa face vers la Kaʿba (le corps s’oriente vers LUI et se met ainsi, à son tour, en Sa Présence), et à glorifier Son Nom avec la langue (Tasbih, Tahmid, Tahlil, Takbir…), il succède au Dhikr du cœur (l’esprit précède toujours la matière) et précède l’étape suivante du processus qu’est la Salât, qu’il introduit et dont il est même le préalable requis ; il s’intercale donc entre le Dhikr du cœur (comme pour le confirmer, le doubler) et cette phase ultime de la démarche – celle de l’interaction directe avec ALLAH ﷻ – qu’est la prière (Salât) ; contrairement à la phase précédente (le Dhikr du cœur), qui se fait par la pensée, le Dhikr du corps engage donc cette fois le corps.
Le Dhikr du cœur précède nécessairement celui du corps, sinon le corps sera occupé à faire le Dhikr, mais l’esprit restera orienté vers les choses de la vie matérielle : le Dhikr du corps est censé prolonger et conforter le Dhikr du cœur, mais en aucun cas il ne peut l’éveiller si ça n’a été fait préalablement (on peut passer des heures à évoquer ALLAH ﷻ avec la langue sans pour autant que le cœur soit avec LUI) : c’est la raison pour laquelle on recommande vivement d’établir le lien spirituel avec L’Homme d’ALLAH ﷻ (par la Rabita), qui éveille à La Présence d’ALLAH ﷻ, avant de commencer une séance de Dhikr. Sans quoi on évoque dans le vide.
- La prière(Salât) – qui est donc l’étape de l’interaction directe avec ALLAH ﷻ – représente dans le verset, en sa qualité d’adoration reine, toutes les adorations de manière générale ; elle est double également dans son exécution : prière du cœur, et prière du corps :
- Prière du cœur : après s’être orienté (cœur et corps) vers ALLAH ﷻ, après s’être mis en Sa Présence, on éprouve pleinement Cette Présence, à présent, par une participation du cœur à la lecture coranique – participation qui se traduit par une méditation active ; alors La Lumière Se manifeste par une compréhension éclairée des verset du Qur’an, et c’est là La Réponse d’ALLAH ﷻ à la demande fondamentale de guidance inhérente à la Fatiha (« Guide-nous dans le droit chemin / Ihdina Al-Sirata Al-Mustaqîm ») : au delà du sens superficiel des versets qu’on récite (sous L’Impulsion d’ALLAH ﷻ), ALLAH ﷻ donne le sens et la compréhension profonde, éclairée de ces versets ; en outre, le cœur évolue et se meut, imprimant le rythme des trois temps – des trois grandes stations de la prière : d’abord dressé face à ALLAH ﷻ, dans une posture de vis-à-vis inconsciente qui confine à la défiance (presque « d’égal à égal »), il glisse progressivement vers une posture d’humilité totale, couché devant son Créateur, au fur et à mesure qu’il se trouve conquis par La Lumière de Ses Versets, vaincu, intégralement soumis, subjugué, dans le plus complet abandon (qu’on se figure un amoureux transi aux pieds de sa sa bien aimée, à plat ventre, et on aura une petite idée de ce que peut être un cœur prosterné).
- Prière du corps : on fait les gestes de la prière, qui accompagnent et traduisent, dans le monde matériel – notamment par les trois grandes stations physiques (debout, en inclinaison, en prosternation) – les mouvements du cœur ; là encore, l’esprit précède le corps qui transpose, dans le monde des apparences, à titre de témoignage, la mécanique du cheminement du cœur vers ALLAH ﷻ ; sans quoi l’immense majorité des gens qui n’ont pas accès au monde spirituel ne pourraient prendre acte de ce parcours de réussite. Et c’est là (la prière du corps) la symbolique générale du cheminement spirituel dans ce qu’il a de graduel, depuis la verticalité de l’affirmation de soi induite par la station debout (par quoi on a l’illusion, la fierté, voire l’orgueil d’exister), jusqu’à la quasi-horizontalité de la négation de soi, de l’humiliation, de l’extinction, induite par la prosternation (As-Sujud), en passant par l’état intermédiaire de l’inclinaison (Ar-Rukûʿ) – car il ne saurait y avoir de passage direct de l’ego roi à l’extinction en ALLAH ﷻ sans cette nécessaire transition : ce serait bien trop violent et insoutenable.
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Pour résumer, la purification précède le Dhikr, qui précède la prière : il ne peut pas y avoir de prière sans Dhikr, et il ne peut pas y avoir de Dhikr sans purification ; en d’autres termes, il faut commencer par les actes fondateurs du Dhikr – savoir une pré-purification consistant en demande de pardon, en repentir, et en demande de guidance (le tout induit par la double formule d’Istighfar+Tawba) ; ensuite, on fait le Dhikr du Nom d’ALLAH ﷻ – qui est la purification à proprement parler par une orientation exclusive vers ALLAH ﷻ (et c’est cette orientation exclusive qui finit par purifier le cœur de tout ce qui n’est pas LUI) ; enfin, on vit Sa Présence lors de la prière en La laissant Se manifester – et là, C’est ALLAH ﷻ Qui fait Son Dhikr. Le Dhikr est le dénominateur commun de tout ce processus, le fil rouge, car tout commence par un Dhikr qui est l’Istighfar, se poursuit par le Dhikr à proprement parler (d’abord par l’effort spirituel de mise en Présence et de vigilance impliquant la Rabita, puis par le Dhikr de la langue avec le corps tourné vers la Qibla), et se conclut par ALLAH ﷻ Qui fait directement Son Propre Dhikr, en Se manifestant par des ouvertures et des clés de compréhension. Autrement dit, le Dhikr est l’esprit de tout ça, de tout ce parcours, ce cheminement de réussite – et ces deux versets résument toute la voie en général, depuis l’intention de se purifier (« se purifie », dans le verset, signifie, par métonymie, « émet l’intention sincère de se purifier » en faisant les actes initiaux, introductifs, que sont Istighfar+Tawba et Wudu), jusqu’à La Connaissance Gnostique d’ALLAH ﷻ (la Maʿrifa), en passant par le Dhikr en soi ; et si le Dhikr est l’esprit, la sincérité (Al-Ikhlâs) – sans laquelle il ne serait pas possible, sans laquelle ALLAH ﷻ ne l’aurait pas permis – est l’esprit de l’esprit ; quant-au secret de l’esprit, c’est le caractère muhammadien enfoui en soi, par lequel on a la faculté de ramener les cœurs égarés à ALLAH ﷻ.
Assalamou’alaykoum mon frère vraiment très bonne analyse et très édifiante car cela m’apporte un éclairage dans le processus de la réussite sur la voie. Qu’Allah Azawajal vous assiste et vous garde. Amine !