بسم الله الرحمن الرحيم
Tous les esprits qui descendent de l’esprit d’un Walî lui sont subordonnés, et il les coiffe comme autant de prolongements de son propre esprit, de ramifications – un peu comme des branches secondaires issues des branches principales d’un arbre.
Dans l’esprit du Walî, ces esprits subordonnés lui apparaissent comme autant de compartiments dans lesquels il peut accéder à sa guise, et une fois dans l’un de ces compartiments, il embrasse tout ce qu’il s’y passe : il entend les pensées même les plus secrètes de la personne, il saisit les intentions profondes, et voit toutes les actions inscrites, présentes ou à venir – qu’il s’agisse des actions définitivement écrites, ou de celles, prédestinées, à venir, qui feront l’objet d’un choix au moment de la mise en situation ; et bien sûr, le Walî peut modifier ou réécrire, par Permission d’ALLAH ﷻ, le livre du destin de la personne, rajoutant ou supprimant des lignes, ajoutant ou enlevant des sensations qui constitueront autant de situations en plus ou en moins, par quoi s’ouvriront ou se fermeront autant de portes.
Encore faut-il qu’ALLAH ﷻ ait activé la connexion entre l’esprit du Walî et l’esprit subordonné, car si le branchement est préexistant, il ne peut être mis en service que par ALLAH ﷻ – et ça se manifeste dans le monde apparent (dans le monde manifeste) par une rencontre normalement physique, et le pacte (Mubayʿa).
Mais une fois cette connexion opérée, le Walî, de l’intérieur, peut orienter l’esprit personnel vers Ruh, et initier le processus de purification par quoi Nafs va graduellement revenir à son état originel de Ruh, en passant par les sept stations connues : chaque fois que l’esprit personnel atteint durablement un degré déterminé de l’âme, s’y fixe, le degré inférieur disparaît – et ainsi de suite jusqu’à ce que l’esprit atteigne Ruh, s’y efface (s’y dissolvant littéralement), et qu’il n’existe plus aucun degré intermédiaire : c’est le retour à ALLAH ﷻ, caractérisé – donc – par la double annihilation de Nafs et de l’esprit personnel (les sept degrés de l’âme, on le rappelle, sont des stations fixes, la variable étant l’esprit personnel : chaque fois qu’il a atteint un de ces degrés, il l’avale jusqu’au degré suivant, et ainsi de suite).
Le Walî est donc le maître d’œuvre obligé de ce processus, par cette faculté qu’il a de contrôler de l’intérieur les esprits qui lui sont assujettis pour descendre/relever du sien – et par esprits on entend ici, par métonymie, le cœur et toute sa géographie, c’est-à-dire ce récipient de cristal englobant l’esprit (un esprit personnel rattaché à Ruh par le câble de l’esprit muhammadien), l’âme et tous ses degrés, l’ensemble des péchés qui recouvrent le globe de cristal, etc…
(Il est à noter que chaque degré de l’âme se caractérise par une coloration spécifique, et que l’esprit personnel prend la teinte du degré auquel il se fixe, ce qui permet au Walî de déterminer précisément le degré de la personne ; on précise également que, en sa qualité de dépositaire des prérogatives muhammadiennes, le Walî se doit nécessairement de purifier tous les esprits qui dépendent du sien et de les ramener à ALLAH ﷻ – quand bien même il devrait aller les récupérer en enfer, au terme du séjour en ce lieu où les aura fatalement menés leurs actes : c’est son Amana, sa responsabilité – chaque Walî étant inconditionnellement responsable devant ALLAH ﷻ de « ses » esprits secondaires, un peu comme un père est responsable de ses enfants.)