بسم الله الرحمن الرحيم
L’Esprit — comme Station, comme Point de Vue — est d’autant plus détaché des choses, de la création (y est d’autant moins assujetti) que C’est LUI Qui les conçoit et les contrôle à Sa Guise.
Et Il Se plaît à les observer, pour certaines, dans la relative autonomie qu’Il veut bien leur prêter — et on pense bien évidemment aux hommes investis du libre arbitre.
L’Esprit n’est donc pas du monde matériel (c’est en réalité le monde matériel qui, pour En être le fruit, est de L’Esprit), et Il le considère dans sa globalité, de loin, avec distance et hauteur — et on parle là, bien évidemment, de L’Esprit Divin Le Plus Pur.
C’est là l’état de Fitra originel de l’homme, qui à la base est Pur Esprit dans la mesure où sa dimension matérielle n’a pas encore pris le dessus.
Mais très rapidement, les besoins du corps se font ressentir, et Les Parties de L’Esprit qui Se chargent de les satisfaire, dégradées par cet exercice trivial, se détachent, chutent, et forme Nafs entièrement dédiée à la matière.
Depuis cette partie dégradée de L’Esprit comme Maqam, au contraire de L’Esprit Divin Le Plus Pur, on ne voit QUE la matière dans sa dimension la plus élémentaire, de l’intérieur, car elle baigne dedans ; alors que Le Point de Vue de L’Esprit est d’autant plus Global et Omniscient, S’étendant à l’infini bien au-delà de la matière, qu’Il détermine ce qu’Il voit — qui n’est jamais que La Projection de Sa Volonté : en d’autres termes, Le Regard précède la vision : Il n’en est pas Le Spectateur Passif, mais Le Créateur ; ainsi, L’Esprit n’est pas « dans » la matière, mais la crée, puis la coiffe, la domine, la surplombe, ainsi que toutes les autres dimensions de Sa Création.
Au moment de la formation de Nafs, simultanément, s’est révélé l’esprit personnel, doté de toutes les caractéristiques propres de l’homme qui constituent son identité — et c’est là ce qu’on appelle le proprium…
L’Esprit Divin et Nafs, en tant que pôles (Nord et Sud), sont invariables : ils ne bougent pas ; la variable, c’est l’esprit personnel, qui oscille de L’Un à l’autre — et c’est là sa vocation.
Mais l’esprit personnel, quelle que soit sa position sur l’échelle de Nafs à L’Esprit, reste nécessairement lié à Ce Dernier par ce câble de lumière muhammadienne qu’est l’esprit muhammadien (aussi appelé « esprit de l’esprit ») — car c’est sa nature d’être et de rester lié à L’Esprit Divin : ainsi l’esprit muhammadien est-il le connecteur entre L’Esprit Divin Incréé et l’esprit personnel créé.
Et il agit un peu à la manière d’un élastique, car il a vocation à toujours tirer l’esprit personnel vers L’Esprit Divin ; quand Nafs, par sa seule influence délétère, le tire inlassablement vers le bas, renforcée en cela par le Shaytan qui exploite opportunément cette force afin de la transformer en péché.
On peut considérer que Nafs, en tant que telle, pour être tombée au stade de la matière et s’y être liée, n’est plus vraiment de L’Esprit dans Sa Dimension Éthérée — même si elle a vocation à Y revenir progressivement, au fur et à mesure du processus de purification.
Restent de L’Esprit, en revanche, l’esprit personnel et l’esprit muhammadien qui l’Y relie — et on peut considérer que les trois, solidairement, forment le Ruh dans sa notion d’attachement à l’homme.
Et on a là, en Ruh, les trois dimensions de L’Esprit par ordre ascendant : l’esprit (l’esprit personnel), l’esprit de l’esprit (l’esprit muhammadien), et Le Secret de L’Esprit (L’Esprit Divin).
Et ce qui fait que l’esprit personnel, bien que créé, est de L’Esprit, ce qui fait qu’il est constitutif de Ruh, c’est ce lien de l’esprit muhammadien qui le rattache directement à L’Esprit, quand Nafs, quant-à elle, s’En est totalement détachée (même si elle est de L’Esprit, par essence, elle n’Y revient que par un processus de purification indépendant, et c’est ce phénomène de retour progressif, puis d’annihilation de fait — car au fur et à mesure que des parties purifiées de Nafs réintègrent L’Esprit, elle se désagrège —, qui fait que l’esprit personnel est de moins en moins attiré par elle et remonte nécessairement à L’Esprit).
Cependant, il y a un risque que cet élastique qu’est le lien muhammadien finisse par se distendre au point de lâcher, si l’esprit personnel est trop attiré par Nafs — si même il est carrément tiré vers elle, par les pieds, par Shaytan ; d’abord il s’amenuise au point de devenir imperceptible, inopérant, impropre à remplir sa fonction de lien conducteur ; puis il cède carrément, et c’est la rupture : alors l’esprit personnel n’est plus du tout relié à L’Esprit Dont il se voit coupé net, il a rompu son fil de Vie, il a perdu son attache muhammadienne au Divin, et cette dissociation des trois composantes de Ruh scelle de fait son annulation (ainsi un homme peut-il se désinvestir du Ruh dont l’avait investi ALLAH ﷻ, en cassant son attache muhammadienne à Son Créateur) ; et, par Cette Loi Divine qu’est la loi de la gravité, il tombe lourdement et définitivement au stade le plus bas de Nafs, duquel il ne peut plus bouger faute de corde ou d’échelle muhammadienne pour remonter à L’Esprit (sauf Miséricorde Spécifique d’ALLAH ﷻ Qui peut restaurer l’esprit muhammadien, car il n’est rien qu’a défait l’homme qu’ALLAH ﷻ ne puisse refaire) : c’est la chute au fond du puits, l’égarement, la perdition ; et la mise à la merci de tous les Shayatin, qui s’emparent de leur proie, ne la laissent plus repartir, l’aliènent, la corrompent, achèvent de la perdre.
Alors l’esprit personnel, plus alimenté en lumière muhammadienne suite à la rupture du lien muhammadien, à la perte de l’esprit muhammadien, non seulement voit peu à peu s’éteindre ce qu’il pouvait lui en rester, mais encore s’enténèbre définitivement, par sa soumission de fait à Nafs et aux diables.
Et c’est là la vraie mort, la grande mort — la mort de Ruh et la perte du Secret.