بسم الله الرحمن الرحيم
L’occurrence physique/matérielle de Muhammad ﷺ n’a été envoyée que pour (sup)porter le Qur’an et sceller la prophétie.
Sinon son esprit, sa lumière, préexistaient à cette descente – mais de manière plus ou moins occulte : les prophètes précédents étaient les porteurs de la lumière muhammadienne mais sans qu’on le sache : on pressentait bien qu’ils étaient tous animés d’un principe commun, mais ils étaient voilés dans cette réalité muhammadienne dont le temps de la révélation n’était pas venu.
C’est ainsi que la prophétie – la Nubuwwa – n’a pu être scellée que par l’avènement de la Haqiqa Muhammadiyya – ou plutôt c’est la Haqiqa Muhammadiyya qui est venue la clore en en révélant la nature, l’essence.
Jusque-la, cette essence muhammadienne de la prophétie se devait d’être voilée, car le temps n’était pas venu : il fallait d’abord que survînt le Messie ʿIssa عليه السلام dont tous les autres prophètes et messagers avaient préparé la venue, avant que ne se révélât l’unité muhammadienne de toute cette suite logique d’annonceurs et d’avertisseurs.
Et ce qui a formalisé cette unité muhammadienne, et permis de synthétiser la prophétie en un enseignement unique, c’est le Qur’an : maintenant que le Messie était arrivé, On pouvait dévoiler la réalité muhammadienne de toute l’épopée prophétique et lui donner tout son sens : tous les prophètes, comme autant de rivières, affluaient, convergeaient vers le fleuve muhammadien qui se jetait dans L’Océan de L’Unification Divine.
Et pour formaliser tout cela, il a fallu l’incarner dans ce personnage de chair et de sang que fut Abu Al-Qasim, qui non seulement matérialisait le Qur’an, mais encore portait en lui, concentrait toute la prophétie rassemblée en un corps unique.
C’est ainsi que Muhammad ﷺ n’est pas le point final de la Silsila des prophètes, le dernier d’une série dans un ordre chronologique (ce rôle incombe à Sayyidina ʿIssa), mais qu’il est, à lui seul, tous les prophètes et messagers réunis en un.
Car tous ont été créés de sa lumière, et tous retournent à lui ; et dans le monde matériel, ça prend la forme de Sayyidina Muhammad ﷺ ; les Awliya post-muhammadiens de tradition islamique (qui perpétuent la Sunna muhammadienne) étant le prolongement, jusqu’à la fin des temps, de cette synthèse prophétique.
C’est ainsi que les Awliya contemporains, par leur héritage muhammadien direct, ont une dimension qui dépasse de loin la seule sainteté en général, telle qu’on l’entend en termes de hiérarchie par rapport aux prophètes : autrement dit, ils concentrent la sainteté dans sa dimension absolue, sa dimension muhammadienne et, sans avoir le statut et la fonction de prophètes, ils en ont nécessairement et à minima le degré de sainteté – et on parle bien ici de ce degré de sainteté spécifique et propre aux prophètes.
Car il y a plusieurs degrés de sainteté ; et un prophète, qui est nécessairement un saint, l’est avec le plus haut degré de sainteté qui soit ; et les Awliya post-muhammadiens de tradition islamique ont directement hérité de ce degré de sainteté, coiffant de fait tous les autres saints de toutes les autres traditions.