بسم الله الرحمن الرحيم
Il faut bien comprendre qu’un humain est le siège de plusieurs forces en présence et que, sous l’enveloppe sensible, sous l’apparence matérielle, se cachent et agissent tour à tour plusieurs forces opposées : autrement dit, l’homme est le lieu d’un conflit permanent entre toutes ces forces.
L’entité médiane, de référence, centrale, est l’esprit personnel, qui concentre le libre arbitre et le proprium de l’individu ; il est variable, mais sa juste place est le milieu du cœur, depuis lequel il a vocation à osciller, à balancer entre les pôles invariables que sont Ruh et Nafs — et c’est ce qui fait qu’on l’appelle le cœur du cœur.
Quand l’esprit personnel est stabilisé à sa position centrale, l’individu est « normal », égal à lui-même, banal, sans excès d’un côté ou de l’autre : sans propension marquée au mal et au péché, mais sans piété notable non plus ; il se contente de faire son chemin dans le Dunya, sans bruit, sans se faire remarquer — quasi invisible.
Quand l’esprit personnel est attiré par Nafs, il peut vite s’y éteindre, et on a alors affaire à un individu jouisseur, cynique, égoïste, agissant prioritairement pour son intérêt personnel — mais dans les limites toutefois de la morale universelle, sans recherche de la transgression (l’égoïste de base).
Si en plus il est influencé par le Shaytan qui circule dans son sang (et en particulier par son Qarîn), on se trouve confronté à un individu pervers et transgresseur ; au premier degré de l’influence diabolique, l’individu transgresse pour son compte personnel, pour sa propre satisfaction : à ce stade, il n’est qu’influencé, pas influenceur, il se laisse juste porter par la voix du Shaytan qui lui souffle à l’oreille (on trouve dans cette catégorie les gens souffrant d’addictions diverses : joueurs, alcooliques, toxicomanes, obsédés sexuels…) ; au second degré, il devient influenceur actif — et donc un Shaytan lui-même : il incite les autres à le suivre dans la transgression — mais toujours dans une finalité de jouir et de faire jouir du péché (il s’agit des mêmes que les premiers, mais qui en plus veulent entraîner les autres dans leur débauche, soit par intérêt pécuniaire comme les junkies, soit pour se sentir moins seuls dans la transgression) ; et au dernier degré — le degré ultime —, son intention est clairement de suivre Iblis dans son entreprise de détourner — au nom de ce dernier dont il se fait l’auxiliaire — les gens du Chemin d’ALLAH ﷻ : celui-là est un religieux inversé, un pur diable — et les sorciers entrent dans cette catégorie, qui recourent notamment aux Jinn pour égarer les gens.
L’esprit personnel peut aussi être contrôlé par un Jinni, qui a pu rentrer dans le cœur et arriver jusqu’à lui ; soit le Jinni agit pour son compte personnel, soit pour le compte d’autres humains via la sorcellerie ; dans tous les cas, il agit directement sur l’esprit personnel en prenant le contrôle du libre arbitre dont il est le siège (on trouve dans cette catégorie certains fous, des meurtriers en série ou de masse…) ; dans ces situations, les Jinn prennent le contrôle des gens par perversion (pour le plaisir de contrôler un humain), ou par haine/jalousie des hommes à l’instar du Jinni Iblis lui-même (ils les poussent alors à détruire d’autres humains), ou parce qu’ils sont en service commandé pour le compte de sorciers et de Shayatin parmi les hommes.
Mais l’esprit personnel peut aussi être influencé par l’esprit muhammadien (irrigué de lumière muhammadienne), quand il est attiré par Ruh et qu’il oscille entre LUI et son point de base médian : ça se traduit alors par un individu miséricordieux, bienveillant, généreux, altruiste — doté des attributs muhammadiens.
Puis il y a le degré ultime de l’esprit personnel qui s’est éteint dans la zone tampon (tout le proprium y a été neutralisé), est arrivé sous sa forme réduite (nom générique et image de synthèse) aux Domaines Divins, où L’Esprit Divin Ruh S’est substitué au proprium avant de redescendre dans les mondes créés où Il témoigne d’ALLAH ﷻ (et C’est bien ALLAH ﷻ Qui témoigne d’ALLAH ﷻ), fait le rappel, et propage La Lumière : dans ce cas, l’esprit personnel n’est plus qu’une enveloppe derrière laquelle Se voile ALLAH ﷻ après S’être substitué au proprium.
Bref, quand la plupart des gens ne voient dans leur prochain qu’un individu homogène derrière son apparence sensible, auquel ils ont collé une étiquette à laquelle ils se tiennent (soit il est étiqueté « bon », soit il est étiqueté « mauvais »), les gens qui voient avec la Basira sont capables de voir un être multiple, et surtout laquelle des nombreuses forces qui l’habitent, en coulisses, « agit » cette apparence, la contrôle : il peut voir s’il s’agit de l’esprit personnel basique doté de son proprium, ou descendu au niveau de Nafs, ou influencé par son Qarîn, ou devenu un Shaytan actif, ou contrôlé par un Jinni, ou s’il s’agit de l’esprit muhammadien qui a pris le dessus, ou s’il s’agit de L’Esprit Divin Qui Se manifeste — et il sait alors qu’il a affaire à Un Rabbani (tous ces avatars correspondent en fait aux différents degrés de l’âme, et certains dévoilés voient chacun de ces degrés avec une couleur distincte — mais pas tous, car la Basira ne fonctionne pas de la même façon d’un dévoilé à l’autre).
D’autant que le même individu peut être un jour un diable pervers, et le lendemain un être de lumière muhammadienne — mais ce qui est certain, c’est que, quand c’est l’esprit personnel qui s’exprime et agit, ça n’est certainement pas L’Esprit Divin.
Dans tous les cas, ce qu’il convient de retenir ici, c’est bien qu’une multitude de forces opposées se cache derrière chaque homme, et qu’à moins d’être initié, on ne peut pas vraiment savoir, de prime abord, à laquelle on a affaire ; aussi, dans le doute, on s’efforce à la bienveillance et à la miséricorde.