بسم الله الرحمن الرحيم
À son décès, le Prophète ﷺ, sous sa forme matérielle, nous a laissé un certain nombre d’interrogations, de zones d’ombres : de nombreux aspects pratiques de la vie matérielle n’ont pas été réglementés par lui, et certains y voient une catastrophe — une calamité.
Au-delà du fait que la mort est certes une calamité, à fortiori celle du Messager ﷺ d’ALLAH ﷻ, celle-ci correspond pourtant à un point déterminé de la chronologie telle que fixée par ALLAH ﷻ : autrement dit, elle est arrivée exactement au moment où elle devait arriver, et comme toute chose déterminée par ALLAH ﷻ, il s’agit d’Un Bienfait ; mais suivant son niveau de foi, on y verra soit Un Bienfait, soit une perte : soit le verre à moitié plein, soit le verre à moitié vide.
En fait, avec Sayyidina Muhammad ﷺ, par sa bouche et ses gestes, ALLAH ﷻ nous a donné la solution à de nombreuses problématiques, faisant de lui un modèle extérieur à suivre — à écouter et à imiter ; mais Il nous a également indiqué que Le Messager ﷺ d’ALLAH ﷻ est en nous : donc, nous avons à la fois en Muhammad ﷺ un modèle extérieur à suivre, et à la fois une source intérieure de savoir — et le premier est en fait censé nous servir de miroir pour nous révéler la seconde ; ainsi, avec Muhammad ﷺ, au-delà des consignes et manières directement exposées de régler certains problèmes, ALLAH ﷻ nous offre toute une voie pour trouver, par la foi, les solutions aux difficultés — et Il n’a pas été avare d’exemples de cas pratiques ainsi traités et résolus par Son Messager ﷺ.
Donc, pour tirer le meilleur parti du modèle muhammadien, il convient certes de l’imiter, en termes de réponses à apporter aux problématiques déjà traitées par lui (donc, d’appliquer stricto sensu les règles et solutions apportées aux cas de figure déjà traités lorsqu’ils se présentent à nouveau — et c’est là soumission et obéissance légitimes au Prophète ﷺ), mais aussi et surtout de s’inspirer de son esprit, de sa façon d’aborder les problèmes précédents pour résoudre ceux laissés vacants en termes de réponses : c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de se contenter du Muhammad ﷺ extérieur comme d’un simple pourvoyeur de solutions, de prendre simplement les règles qu’il nous données en s’arrêtant bêtement sur l’inconnu de celles qu’il ne nous a pas apportées, mais d’aller plus loin en cherchant en nous le Muhammad ﷺ intérieur, afin de résoudre, avec son esprit et sa science, les défis inédits ; car s’il nous a donné la solution à de nombreux problèmes, c’est avant tout pour nous montrer COMMENT chercher la solution en nous, pas pour nous l’apporter sèchement ; car non seulement il n’est plus là, dans sa dimension matérielle, pour nous apporter la solution à tous nos problèmes (à fortiori toutes les problématiques nouvelles apparaissant avec le progrès technologique et l’évolution de la société), mais encore il se trouve que de nombreuses problématiques déjà solutionnées par lui en son temps appellent aujourd’hui de nouvelles réponses — et c’est là l’esprit du Fiqh bien compris : savoir s’adapter aux contextes et aux circonstances selon ce qui plaît à ALLAH ﷻ, pas appliquer de façon rigide des règles qui peut-être étaient valables à un moment donné, dans des circonstances particulières, mais qui ne le sont plus aujourd’hui en d’autres circonstances (la vraie règle, c’est La Satisfaction d’ALLAH ﷻ, Qui implique une certaine intuition de Sa Volonté et donc de Le connaître un tant soit peu, pas de suivre aveuglément et passionnément une jurisprudence — même s’il existe une ligne de conduite globale et intangible qui tolère toutefois une certaine flexibilité, et c’est là sa caractéristique principale et sa subtilité).
Aussi, il faut faire l’effort de chercher et trouver en soi Le Messager ﷺ d’ALLAH ﷻ ; car, par cette trouvaille en soi de l’esprit muhammadien, s’établit pleinement la connexion avec ALLAH ﷻ — comprendre, entre autres : la connexion au flux de la connaissance, par quoi nous arrive la science et les réponses aux cas pratiques du quotidien ; il convient donc d’activer, de délivrer l’esprit muhammadien en soi — et la présence matérielle de Sayyidina Muhammad ﷺ n’a servi qu’à ça, pas à apporter toutes les réponses « tout chaud tout rôti » à toutes les questions et à tous les problèmes ; cela aurait été trop facile, car rien n’est gratuit, tout a un prix, et le prix est l’effort, le Jihad pour réduire l’âme instigatrice : Jihad qui tend à réorienter l’esprit personnel vers ALLAH ﷻ, et à rendre pleinement opérant, l’ouvrant, l’esprit muhammadien ; et à établir l’échange réel avec ALLAH ﷻ, puis le rapprochement jusqu’à la fusion.
Et comme ALLAH ﷻ est Généreux, il a pris soin de laisser, à chaque époque depuis le décès de Sayyidina Muhammad ﷺ, à chaque génération, des porteurs manifestes de son esprit jouant exactement le même rôle de miroir que lui — et ce sont les Awliya, qu’il faut déjà imiter pour leur conformité extérieure au modèle muhammadien, et à l’esprit desquels, surtout, il faut faire l’effort de se lier pour trouver l’esprit muhammadien en soi ; car leur esprit, une fois atteint dans le monde spirituel, une fois franchi le pont du corps et de la matière, nous renvoie directement à notre propre esprit muhammadien, réveille en nous nos attributs muhammadiens — tout comme le corps de Sayyidina Muhammad ﷺ, en son temps, permettait à ses compagnons (qu’ALLAH ﷻ soit Satisfait d’eux) d’approcher son esprit, et de leur révéler leur propre esprit muhammadien.
Non, ALLAH ﷻ ne nous a pas laissé avec des lacunes à la mort de Sayyidina Muhammad ﷺ : toutes ces choses inexpliquées par lui sont en nous, et il convient de faire l’effort d’aller les chercher, d’aller puiser cette connaissance en nous — et ça passe par la rencontre de ces miroirs de son esprit que sont les Awliya.
La seule perte est que Sayyidina Muhammad ﷺ était LA synthèse parfaite de l’esprit muhammadien : en son corps était concentré tout l’esprit muhammadien, toute la science, toute la connaissance, toute la lumière — et c’était son privilège ; alors que les Awliya en sont des porteurs partiels (même si quasi complets), et que nous-mêmes, malgré tous nos efforts, ne parviendrons jamais à atteindre l’exhaustivité de l’esprit muhammadien ; car il y a une hiérarchie établie, et Sayyidina Muhammad ﷺ est au sommet de cette hiérarchie ; et si Jésus (la Paix soit sur lui) est le messie sur terre, Sayyidina Muhammad ﷺ a préséance dans l’au-delà ; quoiqu’il en soit, nous avons largement en nous de quoi répondre, en termes d’esprit muhammadien, aux questions qui nous posent problème — qu’elles soient d’ordre pratique ou métaphysique.





