بسم الله الرحمن الرحيم
De tout temps, il y a eu du chaos sur terre — et il y en aura toujours : la Fitna est indissociable du Dunya — et c’est comme un chaudron en bouillonnement perpétuel ; mais comme nous n’avons pas de recul, comme nous n’avons pas de vision globale de l’Histoire, nous ne voyons que notre époque avec un effet de loupe, et nous avons l’impression que la terre est plus corrompue qu’elle ne l’a jamais été, et que c’est la fin des temps : nous avons une vision évolutive et progressive de l’Histoire, comme s’il s’agissait d’une de ces productions hollywoodiennes dont nous sommes abreuvés, avec un début, un milieu, et une fin — et naturellement nous nous situons à la fin ; or, il s’agit toujours de la même histoire qui se répète sans fin, de manière cyclique, et le chaos y est omniprésent.
Ainsi, il ne faut pas se torturer à chercher des remèdes à ce qui n’en a pas : le chaos est créé pour ÊTRE, pour ambiancer le monde, et il durera autant qu’ALLAH ﷻ voudra prêter vie à cette création ; ni moindre, ni pire qu’avant ou qu’après — constant ; et les diables d’aujourd’hui ne font que succéder aux diables d’hier, et les diables de demain attendent déjà leur tour.
Il est donc vain de s’entêter à vouloir lutter contre cela, d’autant que ça peut tourner à la passion empreinte de vanité : le croyant doit plutôt l’accepter, le prendre en compte comme faisant partie de la donne, et s’adapter ; et s’attacher à vivre sa foi du mieux qu’il peut dans ce contexte difficile — car c’est là-dessus qu’il est examiné.
Non, le Dunya n’est pas un havre de paix : il est bel et bien un lieu d’examen, avec des difficultés concrètes — et il ne serait pas le Dunya sans cette Fitna, comme le parcours du combattant ne serait pas un lieu de test sans ses obstacles.
Ainsi, vouloir lutter contre les diables, contre ces animateurs du mal, est vain, car ils agissent par Permission d’ALLAH ﷻ ; il convient plutôt de se mettre en retrait, de les laisser œuvrer, de les laisser faire ce qu’ils ont à faire et, en parallèle, de faire son propre travail : veiller à se réformer, à l’excellence de son comportement, à interdire le blâmable, et à ordonner le convenable ; sachant que, vouloir s’attaquer directement aux diables, c’est déjà tomber dans leur piège, car c’est leur prêter trop d’importance, et leur reconnaître un certain pouvoir ; et surtout, c’est détourner l’effort de soi-même — car il est plus facile de voir le mal hors de soi qu’en soi ; plus valorisant de prendre les armes contre un ennemi extérieur que de rabaisser son ego.
Donc, le diable, on le laisse faire son travail en restant neutre à son égard, car on ne voit en lui qu’Un Instrument à La Main d’ALLAH ﷻ ; et vouloir le vaincre revient donc à vouloir s’opposer à La Volonté d’ALLAH ﷻ, ainsi qu’à prétendre vider les océans avec une petite cuillère ; et on fait son propre travail en s’occupant de soi, en balayant devant sa porte — car c’est au final un seuil de porte bien propre qui empêche les diables de rentrer : ils se disent qu’ici c’est bien entretenu, que cette maison est occupée par Le Rappel d’ALLAH ﷻ, qu’ils n’y ont pas leur place — et il n’y a aucune chance qu’ils y mettent les pieds.
Car où est La Lumière d’ALLAH ﷻ ne peut pas être le diable — et sa présence a cet avantage de montrer où Elle ne Se trouve pas (et donc où elle Se trouve par opposition).
Toutefois, sans tomber dans la monomanie, il est fondamental d’étudier les moyens d’action des diables de son époque, leurs stratégies, leurs procédés toujours plus sophistiqués (donc de faire des causes en ce sens), car tout cela fait partie de la connaissance et de la clairvoyance que doit avoir le croyant pour évoluer en son temps, pour éviter de tomber dans les pièges des diables par méconnaissance, et pour alerter ses frères et sœurs moins éveillés de leurs ruses et supercheries.





