بسم الله الرحمن الرحيم
Toute parole (comme toute action) vient nécessairement du cœur où elle est écrite/inscrite ; ou, pour être plus précis, elle vient du Livre bien gardé (Al-Lawh Al-Mahfûz), qui est le point de départ (la matrice) du film (ou jeu) de la vie matérielle, qui est transmis depuis son emplacement dans la partie haute du cœur jusqu’à l’esprit personnel via le flux dédié (descendant) du canal muhammadien (le Livre, qui contient toute la Connaissance liée à la création et qui relève de la lumière muhammadienne, se situe en fait, dans le cœur, au point de contact de l’esprit muhammadien avec Ruh : ne relevant pas de L’Essence mais du créé, il ne se trouve pas dans Les Domaines Divins Qu’englobe Ruh, mais en périphérie) ; et il s’y trouve toutes les paroles susceptibles d’être prononcées par le serviteur au cours de sa vie, comme autant de choix — et certaines le seront quand d’autres ne le seront pas ; et il s’agit là de toutes les formes de paroles — pensées, orales, ou écrites (car même les pensées, dès lors qu’elles font l’objet d’une structuration syntaxique, entrent dans le champ des paroles, quand bien même elles ne s’adresseraient qu’à soi-même : elles restent parfaitement perceptibles par les anges, qui retiennent et inscrivent, sur la page des actes, les pensées choisies et émises par le serviteur).
Toute parole est donc préalablement inscrite sur le livre, qu’elle soit émise par le serviteur en pensée, à l’oral, ou par écrit — et c’est ce qui fait dire à ALLAH ﷻ, à l’intention de Sayyidina Muhammad ﷺ : « Iqra / Lis ! » : car ce Qur’an, qu’il va progressivement délivrer à l’oral auprès de ses compagnons رضي الله عنهم, Sayyidina Muhammad ﷺ le puise, via Sayyidina Jibril عليه السلام, dans le Livre — et c’est un peu comme si Sayyidina Jibril présentait le Livre sous les yeux de Sayyidina Muhammad ﷺ, d’autorité, et lui intimait [l’ordre] de le lire.
Ainsi, tout ce qu’on doit penser, ou dire, ou écrire au cours de sa vie, est préalablement écrit — même les choses les plus bénignes ou anecdotiques, comme les interjections, qui ne sont pas sans poids dans la balance en fonction de l’intention avec laquelle elles sont prononcées (et c’est bien la raison pour laquelle toute pensée ou parole doit être pesée, et que l’émission de pensée ou la prise de parole doit faire l’objet d’une vigilance de chaque instant — et la maîtrise [ultime], c’est précisément cette capacité à contrôler ses pensées et paroles, avant même que de savoir contrôler ses actes).
Et parmi les paroles émises à l’oral, il en est qui nécessitent une transcription, comme le Qur’an — et ça n’est jamais alors qu’un troisième état de la parole originelle telle qu’inscrite dans le Livre, une troisième déclinaison — quand bien même elle y resterait fidèle dans la forme comme le Qur’an (ainsi y a-t-il le Qur’an originel, que seuls les purifiés touchent/comprennent ; puis sa verbalisation par Sayyidina Muhammad ﷺ auprès de ses compagnons, dont la compréhension par ces derniers est déjà une altération — et on parle bien de la compréhension, pas du texte en soi qui est resté fidèle ; puis la retranscription en livre physique, appréhendable par les sens, dont la lecture/compréhension par une multitude d’individus constitue autant d’altérations ; et au fur et à mesure du cheminement spirituel, on fait le parcours inverse et on remonte d’un état du livre à l’autre, c’est-à-dire d’une compréhension à l’autre — car à chaque état correspond un degré de compréhension : ainsi passe-t-on de la compréhension la plus superficielle, qui correspond à la retranscription formalisée en vulgate, à la compréhension des compagnons, qui correspond à l’émission orale par Sayyidina Muhammad ﷺ ; puis de la compréhension des compagnons à la compréhension des purifiés, des réalisés, qui correspond à l’écriture originale dans le Livre bien gardé).
D’une manière générale, les paroles originales (et ça vaut pour les actions, et les sciences…), telles qu’inscrites dans le Livre, sont logiquement plus pures (puisque créées d’un état plus pur de la lumière muhammadienne) que leur émission ou retranscription par les serviteurs, telles que reportées sur leur livre personnel à titre de choix acté.