بسم الله الرحمن الرحيم
Il est plus difficile de « sortir » quelqu’un de la religion (de l’adoration de la religion, du culte de la religion) et de recentrer son intention sur ALLAH ﷻ, que d’orienter un cœur non religieux vers ALLAH ﷻ et de le voir embrasser ensuite la religion comme corollaire naturel de son attachement à ALLAH ﷻ (la religion, comme marque de soumission et d’allégeance à ALLAH ﷻ, LUI est nécessairement subordonnée).
C’est pourquoi il ne faut surtout pas chercher à convertir les gens d’emblée, juste pour leur faire embrasser la religion, sinon il sera plus compliqué ensuite de replacer leur Niya vu qu’on part d’office avec un décalage conséquent : il est préférable de faire d’abord les causes de l’attachement de leurs cœurs à ALLAH ﷻ, à la suite de quoi ils finiront par embrasser la religion de bonne grâce — si ce n’est spontanément — comme conséquence naturelle de leur soumission à ALLAH ﷻ.
Car les gens, mal orientés dans leur intention, mal préparés (et c’est là la responsabilité des appelants), se trompent très souvent dans l’objectif et confondent religion et ALLAH ﷻ, faisant de la première LA finalité et d’ALLAH ﷻ Un Prétexte (en d’autres termes, ils s’attachent vainement à un effet sans réellement en connaître La Cause, à la religion sans avoir la foi — un peu comme on se tatouerait une croix gammée sur le front parce qu’on trouve ça « stylé », mais sans avoir la moindre idée de ce que ça représente et implique en termes d’idéologie) : c’est ainsi que, convaincus d’être sur la bonne voie, ils ne sont pas disposés à se recentrer (au lieu de se concentrer sur Le Noyau, ils s’en tiennent à l’écorce et s’y cramponnent) — pour la bonne et simple raison qu’ils ont fait de la religion l’objet de leur besoin d’adoration (ce viscéral besoin d’adoration qui habite légitimement tout homme), et que pour rien au monde ils ne lâcheraient cet objet — cet os à ronger, cette passion ; et c’est notamment cet attachement déplacé à leur religion, plutôt qu’à ALLAH ﷻ, qui explique que les gens du livre aient refusé de suivre les messagers suivants : que les juifs aient refusé de suivre ʿĪsā عليه السلام, et que les chrétiens refusent de suivre Muhammad ﷺ ; car si leurs cœurs étaient vraiment attachés à ALLAH ﷻ, dans une foi sincère, plutôt qu’à leurs religions, ils auraient reconnu et suivi Ses Nouveaux Messagers sans rechigner ; mais ils ont préféré suivre leur passion et se sont rebellés ; toutefois, comme ALLAH ﷻ est Miséricordieux et connaît mieux que quiconque (et pour cause) la faiblesse de Ses Créatures, Il conçoit qu’elles puissent embrasser une religion sans avoir la foi, et l’accepte à la condition qu’elles obéissent à ALLAH ﷻ et à Son Messager ﷺ (Qur’an 49:14) ; et Il tolère qu’elles suivent leurs traditions respectives, pourvu qu’elles se conforment stricto sensu aux commandements de leurs messagers (que les juifs suivent Mûsâ عليه السلام, que les chrétiens suivent ʿĪsā عليه السلام…) — hélas elles ont interprété et déformé leurs enseignements, ce qui est inévitable quand on fait de sa religion une passion soumise à son âme : car on n’écoute plus dans ce cas Le Messager d’ALLAH ﷻ, mais son âme instigatrice qui détourne la religion au gré de ses caprices.
Il convient donc de veiller en permanence à ce que la religion ne devienne pas insidieusement l’intention et l’objectif, car il s’agirait assurément d’une intention faussée, détournée de son Objet Naturel — autrement dit : d’une (très) mauvaise intention.