بسم الله الرحمن الرحيم
Ce qui fait qu’on voit ALLAH ﷻ au ciel, au-dessus de nous, c’est tout simplement qu’on a une représentation mentale du cœur — qu’on se projette à l’intérieur : dans le cœur, l’esprit personnel qui nous représente en tant qu’individualité, en tant que créature, se situe bien (dans le cas de l’individu lambda non réalisé, non divinisé), en dessous de L’Esprit Divin — c’est-à-dire en dehors ; et pour peu qu’il ne soit pas orienté vers LUI mais vers Nafs, il est non seulement en dehors, mais encore il LUI tourne le dos, ce qui pose une double distanciation (la distance est à la fois spatiale et directionnelle — dans l’espace et par l’orientation).
Et ce qui fait que, bien qu’en dehors, on arrive malgré tout à Le voir au ciel, à avoir cette conscience qu’Il S’y trouve (et, partant de là, à LUI parler, à L’invoquer, à L’évoquer, à Le prier, à L’adorer), c’est la connexion muhammadienne : c’est le câble de l’esprit muhammadien qui, dans le cadre d’un Face à face, permet cette contemplation même à distance.
Mais si l’esprit personnel est tourné vers Nafs, ce câble, qui est relié à l’esprit personnel par la face (et non par le dos), est l’objet d’une torsion qui réduit mécaniquement le débit, le flux de lumière — voire le coupe : c’est ainsi que l’esprit personnel, qui n’est plus irrigué en lumière, oublie ALLAH ﷻ : non seulement la distance demeure (avec tout ce que ça implique en termes d’altération de la foi), mais encore l’orientation inverse fait qu’on ne Le « vise » plus, et donc qu’on n’Y pense plus.
Ceci vaut pour une représentation mentale du cœur, par laquelle on se projette à l’intérieur (on considère les choses depuis l’intérieur du cœur) ; mais on peut aussi avoir une vision de l’extérieur, par laquelle on se voit à l’extérieur du cœur, conformément à la réalité biologique : l’esprit personnel coiffe alors le cœur et tout ce qu’il renferme, et dans ce cas il ne voit plus ALLAH ﷻ en haut et au dehors, mais en dedans et au milieu — et dans ce cas il postule que la lumière doit jaillir du cœur, donc se manifester selon un mouvement sortant qui la projette vers le monde qu’elle illumine (si on voit les choses de l’intérieur, la lumière arrive du ciel vers soi, traversant d’abord le voile du monde matériel, puis nous gagnant jusqu’à nous envelopper totalement).
Sur Nafs : on précise ici qu’elle n’est pas le monde matériel, le monde matériel se jouant dans cette bulle qui enveloppe l’esprit personnel ; Nafs est ce pôle qui se trouve hors de la bulle, en-deçà (quand L’Esprit Divin est au-delà), et qui rassemble tous les attachements de l’esprit personnel au monde matériel, tout ce qu’il y aime à commencer par lui-même et son image, tout ce qui l’y passionne, tout ce qu’il y convoite : l’argent, le sexe, les voitures, la nourriture, les enfants, le pouvoir, le jeu… ; sachant que le monde matériel, neutre en soi, ne comporte pas que ces aspects, mais aussi une multitude de signes qui sont autant de versets (Ayatin) : l’alternance de la nuit et du jour, la création des cieux et de la terre… ; après, tout est question d’orientation : l’esprit personnel tourné vers L’Esprit Divin verra plus volontiers ces signes, quand l’esprit personnel tourné vers Nafs verra plus volontiers ses passions : car dans le premier cas, la lumière qui passe à travers le voile éclaire les signes et permet de ne pas voir les passions ; dans le second, bien évidemment, on ne voit que ces « embellissements » terrestres, ces leurres que sont les passions et tous les plaisirs matériels immédiats.