بسم الله الرحمن الرحيم
Ce qui fait qu’on en arrive à de tels manquements (oser demander des entretiens au Shaykh en se plaignant), c’est, une fois de plus, un problème d’organisation ; parce qu’on privilégie la quantité à la qualité : on prend à tour de bras de nouveaux « disciples » dans la Tariqa, sans prendre le temps de les éduquer, de les préparer à la relation avec un Shaykh, sans accompagnement individuel ; on se contente de les inscrire dans le groupe WhatsApp et de les matraquer de notifications, pour les convoquer à toutes sortes de manifestations et d’événements sur le mode de l’injonction ; froidement et sans explication personnalisée.
Et si on prend autant de nouveaux disciples, c’est la conséquence de cette politique marketing faite de communication et de publicité à tout prix – comme si on était en campagne électorale, comme si on vendait Shaykh, comme s’il y avait urgence à ameuter une foule autour de lui.
Comme si on voulait s’empresser de prendre tout le monde pour n’en pas laisser une miette aux autres.
Mais à quoi bon viser le volume, si c’est pour laisser des gens livrés à eux-mêmes, sans prendre le temps de s’en occuper ?
Ça produit des gens non éduqués, qui ne comprennent pas la finalité des assises avec Shaykh et qui, au-delà de leur manque de politesse (qu’on est volontiers enclin à leur pardonner), sont frustrés parce qu’ils ne savent pas vraiment ce qu’ils font là et ce qu’ils ont à en tirer – tout simplement parce que c’est leur ego qui les guide et conseille dans l’affaire, par défaut.
Tout nouvel arrivant devrait avoir un tuteur en la personne d’un « grand frère » (ou d’une « grande sœur ») expérimenté(e) et rodé(e) aux règles d’Adab ; un compagnon de cheminement formé à ça, pour ça, et autorisé à prendre en charge les nouveaux cheminants.
Quant-à Shaykh, quel intérêt pour lui de rassembler, autour de sa personne, autant d’individus aussi vite, si ces gens ne sont pas éduqués et préparés à sa compagnie ?
Ça ne fait qu’une masse déconnectée de sa spiritualité – voire potentiellement hostile, par frustration de ne pas pouvoir accéder à Shaykh (à tous les sens du terme).
Si ALLAH ﷻ destine un Walî à être suivi par une foule immense venue des quatre coins du monde (c’est arrivé à de grands maîtres par le passé), c’est à LUI Seul de guider cette foule vers Son Allié ; mais il ne faut pas forcer les choses par des effets d’annonces, et par des déplacements de Shaykh organisés comme des campagnes électorales ou des tournées de rock star ; on doit se contenter, à titre de causes, de relayer l’enseignement de Shaykh ; et laisser les gens venir à lui, en les orientant préalablement vers des éducateurs intermédiaires qui vont les prendre en main et les préparer à la rencontre et à la relation.
Shaykh s’occupe d’ALLAH ﷻ, et ALLAH ﷻ S’occupe du Daʿwa et de la popularité, de la notoriété de Shaykh ; mais en aucun cas, Shaykh ne doit se soucier d’avoir ou non, autour de lui, des frères et sœurs – et encore moins du nombre.
Ça, c’est L’Affaire d’ALLAH ﷻ.
Et les gens au service de Shaykh doivent également se conformer à ce principe.
Qu’ALLAH ﷻ destine un Walî à n’avoir qu’un seul disciple, ou à en avoir des milliers, c’est Son Problème.
Si tant est qu’Il ne décide de les réserver à Son Usage Personnel – car il est bien des Awliya qu’ALLAH ﷻ isole et Se garde jalousement pour LUI, sans les partager aux créatures : ceux-là ne sont destinés qu’à L’adorer en secret, sans prêcher ni enseigner.