بسم الله الرحمن الرحيم
L’esprit personnel, en soi, n’a strictement aucun pouvoir créateur : il est incapable de concevoir, imaginer, penser, élaborer quoi que ce soit ; il est juste doté des facultés intellectuelles, purement mécaniques, qui l’aident à appréhender et à organiser (dans la mesure de la puissance qu’ALLAH ﷻ leur confère) la science et l’inspiration qui viennent de L’Esprit Divin Auquel il est assujetti — que ce soit sous Sa Forme Originelle La Plus Pure (le Ruh au sens strict), ou que ce soit sous sa forme altérée, dégradée, corrompue pour avoir servi les besoins de la matière (Nafs).
Ainsi, selon qu’il sera orienté vers, et rapproché de Ruh ou de Nafs, l’esprit personnel « produira » soit du Beau, du Bien, du Vrai, soit du laid, du mal, du faux (inutile d’évoquer ici des créations et œuvres d’art d’essence perverse, tout le monde en connaît) — et ça se fera par impulsion (Lamma) soit angélique (Ruh enverra à l’esprit personnel, via les anges qui l’achemineront par le flux descendant de l’esprit muhammadien, une impulsion lumineuse qui sera donc traitée par l’intellect et produira du Beau, du Bien, du Vrai), soit diabolique (Nafs enverra à l’esprit personnel, via le Qarîn qui l’acheminera par le sang, une impulsion ténébreuse qui sera traitée par l’intellect et produira du laid, du mal, du faux) ; et quand on parle de « produire », il ne s’agit bien évidemment pas de créer, mais de traiter les impulsions reçues de Ruh ou Nafs de manière à les transformer en quelque chose de fini (ladite transformation pouvant être un échec vu que l’intellect humain est faillible).
À savoir que l’esprit personnel, dont le siège est dans le cœur (on l’appelle aussi « le cœur du cœur » vu qu’il a vocation à osciller entre Ruh et Nafs et qu’il occupe donc nécessairement une position centrale entre les deux), est directement connecté au cerveau qui est son ordinateur (rassemblant à la fois processeur, disque dur et RAM).
Certaines œuvres inspirées par Nafs peuvent sembler belles dans la forme et l’apparence, mais ça n’est que faux semblant vu que le Beau est uniquement caractérisé par l’intention de rappeler ALLAH ﷻ (qui n’est certainement pas celle de Nafs et du Shaytan qui l’influence) : on parlera alors d’œuvres esthétiques — car il y a une esthétique du mal.
On précise également, en vertu du tiraillement permanent de l’esprit personnel entre Ruh et Nafs, qu’il peut tout à la fois être orienté vers Ruh et subir des impulsions de Nafs — et vice versa : en réalité, sauf pour les cœurs purifiés de Nafs dont l’esprit personnel est remonté à Ruh et s’Y est éteint, le tiraillement est permanent (il y a toujours un combat dans la mesure où l’esprit refuse un tant soit peu de céder à Nafs et s’efforce de s’accrocher à Ruh — sauf s’il décide en conscience de tourner le dos à ALLAH ﷻ, que ce soit par déni ou par refus délibéré, et de s’abandonner totalement à Nafs).
Quant-au diable, outre de véhiculer par le sang l’impulsion maléfique de Nafs à l’esprit (ce qui aura pour effet de rapprocher les deux, d’augmenter leur connexion, et de grossir Nafs), il a un rôle préalable d’incitation de Nafs : en d’autres termes, il propose l’idée dans un premier temps, puis il se charge de son exécution dans un second temps, une fois qu’elle est validée par le libre arbitre).
Quoiqu’il en soit, quand l’esprit personnel n’est pas éteint en Ruh (quand on n’en est qu’au stade de la conscience personnelle), il ne peut que recevoir passivement tout ce que crée et lui envoie Ruh (notamment tout ce qui relève du film de la vie matérielle, d’où ce nécessaire sentiment de subir cette vie) ; même si, pour les créations mineures (relevant de l’art ou de l’ingénierie) il a l’illusion de maîtriser totalement, et même d’être le créateur, vu qu’il traite la science et l’inspiration reçues avec son intellect (par Permission d’ALLAH ﷻ, et dans la mesure qu’Il permet, mais l’orgueil lui voile souvent cette réalité).